Très relayé, l’article de Janine Digi, The Fall of France ,qui bashe notre pays révèle encore une fois une tendance réelle des français à l’auto-dénigrement. Quitte à, au lieu de se poser de bonnes questions, diffuser un papier faux, caricatural et qui compare l’assassinat, l’exil et le viol de millions de français à la situation actuelle
Dans le premier testament (l’ancien testament) il arrive régulièrement au peuple d’Israël de se couvrir de cendres pour se punir et se flageller.
C’est un peu l’impression que me donnent les réseaux sociaux en France à chaque article de la presse anglo-saxonne bashant la France: se couvrir la tête de cendres, quels que soient les propos tenus.
Certes, des articles peuvent contenir de la vérité (Félix Marquardt) mais on est ici surtout sur une tendance de la presse britannique et US à la moquerie des caractéristiques nationales d’un peu tout le monde, y compris des leurs. La collection Xenophobe’s Guide qui ironise avec drôlerie sur différents pays, de l’Estonie à la Nouvelle-Zélande en passant par les Gallois, se vend à millions au Royaume-Uni par exemple.
Ainsi chaque année, sûre de son succès, la journaliste Janine Di Giovanni, attaque la France. C’était le cas en 2013, c’est le cas en 2014.
A chaque fois nous avons des bijoux d’assez grande contrefaçon. Le dernier ne repose sur à peu prés rien, comme le souligne mon ami Guilhem.
On peut être amusé d’une journaliste censée disposer de compétences en économie qui affirme sans sourciller que la plupart des français payent 70% d’impôts. On peut s’agacer que cette dame, passée pour son habitation du très chic Notting Hill (loyer mensuel moyen pour une famille de la taille de Janine Du Giovanni environ 6500 euros) au non moins chic Jardin du Luxembourg condamne les aides familiales, qui permettent à de nombreux foyers d’élever leurs enfants. Cela lui attire à juste titre l’ironie d’une grande rédac chef de la presse française. Et de pas mal de monde qui se demande où donc elle arrive à trouver du lait à environ 4 euros le demi-litre comme c’est décrit dans l’article. On doit pas avoir les mêmes boutiques.
J’aime Londres, on le sait. Et même le cricket. Mais peut aussi interroger cette dame sur la présence plus grande de britanniques en France que de français en Grande-Bretagne, la plupart d’entre eux n’ayant d’ailleurs pas bougé dans un sens ou l’autre en raison d’une feuille d’impôt (rappelons d’ailleurs que l’impôt sur le revenu est bien plus fort en UK qu’en France).
On est enfin écœuré lorsque la taxe sur les 75%, qui touche quelques milliers de personnes, est comparée dans The Fall of France , à la révocation de l’Edit de Nantes.
La révocation de l’Edit de Nantes, c’est des millions de français interdits de pratiquer leur religion parce protestants dans un pays catholique. C’est des centaines de milliers de personnes réfugiées pour fuir le meurtre, le viol, le bûcher, la pendaison. C’est des villages entiers où les petites filles voyaient leur corps et leur esprit abîmés par les brutes du roi parce que pas de la bonne religion. C’était la torture. C’était la guerre. Comment oser, avec mesure, comparer la situation actuelle avec la France de l’époque ? Il faut lire ou relire les lignes de Julian Barnes, autre britannique qui connait, lui, la gravité de l’Histoire, sur cette horreur. Les rues des grandes villes du Royaume-Uni sont marquées de noms de ceux qui fuyaient outre-manche pour trouver un peu de sécurité, pour sauver leurs vies, eux et leurs familles.
Aucun lien donc, aucun rapport, si ce n’est qu’à chaque fois on pouvait y trouver des pamphlétaires indécents et des gens pour les approuver. La tête couverte de cendres.