Demain on vote et ça, je n’en doute pas, on a dû vous le dire plusieurs fois.
Certains d’entre vous ont déjà choisi d’aller voter et pour qui, d’autres qui savent qu’ils vont voter mais pas encore qui, d’autres enfin qui savent qu’ils ne vont pas voter.
Les crises de l’Europe c’est la faute de tout le monde et de personne
Cette campagne des européennes dans ce contexte de crise aura été des plus spéciales: jamais la haine de l’Europe ou les postures blasées de salon des souverainistes n’auront été plus chics, plus tendances. Jamais il n’aura aussi été branché d’être blasé, d’être fermé. Le climat aura été d’ailleurs largement relayé par une ambiance dans les médias dominants français franchement eurosceptique. Ils ne sont pas les seuls dans l’Union: hier alors la presse Britannique parlait de raz-de-marée des nationalistes de l’UKIP aux municipales britanniques, alors que ceux-ci n’ont remporté aucun conseil municipal dans tout le pays. A vous rappeler la bienveillance télévisuelle dont bénéficie le Front National.
Ce n’est pas un hasard si France Télévisions a boycotté le débat, pourtant passionnant, entre les candidats à la présidence de l’Union. Mais remarquez que comme le signalait je crois, le journaliste Stéphane Cayrol, les audiences des autres débats des Européennes diffusées ensuite par France 3 atteignaient des scores certes pas ridicules mais bien loin de la 17e rediffusion d’une émission culinaire quelconque. A croire que le téléspectateur pense qu’il est plus concerné par la retape d’un relais routier parsemé de faux clients dans Cauchemar en Cuisine que par des choses aussi futiles que les droits de l’Homme, le logement, l’énergie, le web, l’emploi ou le social. Bref…
Et puis comment en vouloir à ces mêmes téléspectateurs quand on voit que des anciens ministres, hauts fonctionnaires ayant vécu toute la vie de politique et logé dans un bâtiment à propriété publique comme monsieur Chevènement prônent l’abstention pour des raisons d’opportunité? Ou que des Emmanuel Todd décident d’arrêter de réfléchir par facilité et de ne pas choisir?
Ceci dit, si les pensées et crises d’égo des individus précités ne sont pas exemptes d’arrière-pensées, on peut parfois aussi comprendre certains réflexes d’abstention: manière de faire les listes aux Européennes opaques, têtes de listes se rappelant de l’existence de l’Europe au moment de se faire élire, députés européens rendant parfois la cause européenne aussi austère, bureaucratique et raide que leur propre comportement, nationalistes crachant leur bile sur l’Europe et relayant le discours souverainiste dominant tout en espérant avoir une place à Bruxelles pour y toucher un revenu…
Pareillement, comment leur en vouloir quand le discours actuel du monde médiatique (on y revient) est d’expliquer que l’Europe ne sert à rien? Mais en même temps comment en vouloir aux médias quand la commission sortante, où les conservateurs avaient la haute main, n’a pas réellement fait d’avancée institutionnelle, mené de destin, tenté d’éviter fraudes fiscales et injustices sociales ? On tourne en rond.
En fait c’est de la faute de personne et d’un peu tout le monde ce débat européen qui ne prend pas. Et pourtant.
Le moyen le plus simple de changer l’Europe et d’arrêter bien des crises
Parler de politique de la Commission Européenne et du Parlement Européen, c’est comme parler de la politique du Gouvernement Français ou du Parlement Français: celle-ci varie selon le gouvernement et ceux qui dirigent.
Ceux qui trouvent l’Europe trop conservatrice peuvent y envoyer des députés progressistes pour faire une autre majorité. Ceux qui la trouvent trop molle, incapable de faire face aux crises, peuvent envoyer des députés fédéralistes pour créer des institutions plus efficaces et démocratiques. Ceux par contre qui vont voter pour des conservateurs et des nationalistes de tous poils ne vont faire qu’une chose: garder l’Europe telle qu’elle est, un petit mix de différentes nationalités qui s’aident un peu, se tirer la bourre pas mal et n’avancent pas beaucoup dans ces crises. Il y a aussi d’autres postures: on peut vouloir, pour avancer, essayer de ménager la chèvre nationaliste et le chou Européen.
Ou on peut faire un vrai bond vers le fédéralisme, vers une Europe plus démocratique et plus unie. Et plus indépendante, loin des dominations américaines souhaitées par les conservateurs qui de plus présentent l’ancien dirigeant d’un paradis fiscal comme candidat. Et loin des diktats de Poutine soutenus par le FN et une partie du Front de Gauche.
Bref si vous en avez marre de cette Europe-là, vous devriez arrêter de dire que c’est la faute des autres, même si c’est aussi vrai que c’est un peu de la vôtre aussi. Et au moins aller voter. Pour des progressistes qui vous changeront cela avec une Europe plus solidaire et plus efficace. Et pour des fédéralistes qui vous feront avancer tout ça et arrêteront la mollesse auxquels nous amènent les égoïsmes nationaux.