Espagne, en cas de viol les femmes devront se battre sur au moins 3 fronts | Romain BlachierRomain Blachier

La droite espagnole revient sur trente ans d’acquis grâce aux socialistes pour les femmes à disposer de leur corps. Le résultat de manifestations à Madrid pendant des années contre ce droit. Le même genre de manifestation à laquelle ont participé à Lyon l’ensemble des têtes de liste aux municipales du FN lyonnais , quelques sympathisants de droite et divers groupes radicaux. Pendant ce temps les nationalistes de tout poil exultent. Et si Najat Vallaud-Belkacem trouve les mots justes pour condamner cette loi, Manuel Valls vient de rater par égo une grosse occasion de protester.

La droite au pouvoir en Espagne revient sur une trentaine d’années d’acquis de la liberté de son corps, acquis grâce aux gouvernements des socialistes ibériques. Il sera désormais très restreint d’avorter au pays de Tomas Luis de Victoria.

Bien sûr, il sera possible d’avorter en cas de viol. Il faudra pour cela porter plainte, répondre aux questions, prouver, combattre.

Il faudra être sur deux fronts, trois fronts à cause de cette droite espagnole qui trouve des sympathies dans une part, heureusement minoritaire, des droites lyonnaises et françaises Il faudra surmonter la violence sur son corps, la violence de la confrontation juridique et finir par l’avortement d’un être non désiré, être touché deux fois dans sa chair et au minimum trois fois dans son esprit.Tout cela parce qu’un homme a décidé de vous forcer un jour. Et que d’autres hommes (et aussi quelques femmes) dans un parlement ont décidé pour vous, à votre place. De vous ôter votre liberté.

Le résultat de manifestations à Madrid pendant des années contre le droit des femmes à disposer de leur corps. Le même genre de manifestation à laquelle ont participé à Lyon l’ensemble des têtes de liste aux municipales du FN lyonnais et plusieurs élus de droite.

Les nationalismes bruyants

Les nationalistes de tout poil se réjouissent: Ceux à l’extrême-droite et une fraction de la droite qui y voient une bonne mesure. Mais aussi chez certains autres souverainistes pourtant favorables à la liberté des dames: comment l’Europe n’est pas capable de faire respecter les droits des femmes sur les différents territoires européens? Ce sont les mêmes qui souhaitent que l’Europe aie le minimum de pouvoir sur les nations. Qui font en sorte que les chartes européennes des droits soient le moins contraignantes possibles. Et qui se retrouvent confrontés, comme en Hongrie, à des nations parfois irresponsables.

Mais ok les nationalistes de tous poils ne sont pas responsables de tout: d’autres oublient trop souvent l’Europe politique.

Les mots justes de Najat, l’occasion ratée de Manuel

Et si au gouvernement français, Najat Vallaud-Belkacem a su trouver les mots justes, Manuel Valls, a laissé, par égo peut-être, une belle occasion de protester. En ne refusant pas la décoration qui lui a été remise officiellement, par le gouvernement espagnol, en abordant pas le sujet de cette loi avec ses homologues, celui-ci a raté une occasion de marquer une opposition plus ferme face à la mesure programmée par le droite conservatrice ibérique. Celui qui lui a remis, Fernandez Dias, est lui aussi ministre de l’intérieur. Justement celui qui sera chargé de traquer les femmes ayant avorté et les médecins les ayant aidé.