Une manifestation nationale contre l’avortement s’est tenue à Paris ce jour, regonflée par l’interdiction prochaine du droit de choisir pour les espagnoles. En face la mobilisation des défenseurs de la liberté a été faible. Et tant les municipales que la situation en Espagne sont l’occasion pour une partie de la droite et du FN de Lyon de revenir sur ce droit pour les femmes.
Après tout cela pourrait ne pas être bien grave: cela fait tout de même au moins 8 ans qu’il y a cette manifestation réactionnaire contre le droit à l’avortement.
Après tout cela pourrait ne pas être bien grave: cela fait des siècles que les partisans du retour de la royauté en France célèbrent, notamment à Lyon, et c’est bien leur droit, des messes pour le roi sans que cela n’aie anéanti la République.
Après tout cela pourrait ne pas être bien grave, cela fait depuis la législation autorisant le recours à l’avortement en 1975 que certains à droite veulent revenir dessus.
Après tout, cela ne pourrait pas être bien grave, ces derniers temps cela n’est qu’une manif réactionnaire de plus pour réglementer la vie d’autrui, un truc glauque entre bonnets rouges et manif pour tous, avec les mêmes militants.
Et puis, après tout, le droit à l’avortement, c’est pas un peu acquis tiens? un vieux combat dépassé alors qu’il semble y avoir un consensus entre les grands partis sur le sujet ?
C’est d’ailleurs ce qu’on dû se dire certains chez les militants parisiens défenseurs du droit des femmes à choisir.
Alors qu’un rassemblement regroupant quelque 17 000 personnes venait contester la possibilité d’avoir la possibilité si on le souhaite avorter, les contre–manifestants n’étaient que 300.
Essentiellement issus du STRASS, le syndicat qui s’était opposé à la loi pénalisant le recours à la prostitution. Beaucoup d’autresétaient aux abonnés absents. A croire que mettre les prostitué(e)s en plus grand danger en pénalisant leurs clients soit prioritaire sur le droit à l’avortement?
A moins pour être moins taquin, que, après tout, face à un danger vécu comme incertain, la mobilisation ne baisse par rapport à d’autres causes. Il est vrai que le gouvernement, par la voix de Najat Vallaud-Belkacem , a réagi vivement (à voir dans Direct Matin à paraitre demain) en disant:« Il nous faut protéger le droit fondamental de l’IVG (…) Les femmes doivent pouvoir choisir de poursuivre ou non une grossesse sans avoir à se justifier. »
Pourtant l’interdiction de ce droit est devenu un sinistre espoir plus proche pour ses opposants depuis que la droite espagnole est en train de l’interdire. Cela a redonné de l’horizon à tous les réactionnaires d’Europe. En France une proposition de loi de parlementaires UMP a vu le jour pour suivre en partie l’exemple Espagnol et bloquer les femmes dans leurs décisions en remboursant plus l’IVG. Tiens les libéraux de droite, ils sont où dans ces situations, eux qui se présentent en partisans de la liberté quand il s’agit de défendre le droit à supprimer le salaire minimum ? Ah ils votent pour envoyer ces députés au parlement. Ok.
Et les municipales à venir seront l’occasion pour le parti de Copé et celui de Marine Le Pen d’attaquer ce droit. De Lyon, même si heureusement la chose n’a pas été massive ni encouragée officiellement , sont partis plusieurs militants proches de l’ancien gouvernement à la manifestation parisienne contre l’avortement, les candidats FN aux mairies d’arrondissement se sont engagés à tout faire pour bloquer ce droit au niveau municipal ( alors que les municipalités n’ont théoriquement pas de pouvoir en ce domaine).
En dehors des partis, ce qui est dingue, je m’en faisais la réflexion ce matin, c’est ce nombre de gens qui veulent interdire le droit à l’avortement, pour un certain nombre au nom du christianisme, mais qui par ailleurs pour beaucoup d’entre eux ne prient jamais.
C’est fou aussi, comme le disait Enid Brusceni: « La logique anti-IVG est grandiose : les meufs qui tombent enceintes sont stupides et irresponsables, elles doivent donc devenir parent. » Ces mêmes opposants aux droits des femmes qui criaient ce jour dans les rues de Paris ‘viva Espana’. Quoi qu’en croient les souverainistes, les droits des femmes à Lyon, à Paris et ailleurs passent aussi par Madrid et Barcelone.