Nous vivons dans le pays des diplômes. Oh bien sûr nous ne sommes pas les seuls, c’est aussi le cas dans un grand nombre de nations dans le monde. A 23 ou 25 ans nos destins sont tracés pour beaucoup : nous serons médecins, ingénieurs, fonctionnaires, avocats.
Certes avec la précarisation, avec le choix de sacrifier les populations actives au profit des retraités et des baby-boomers (qui commencent à peine à se confondre) nous sommes beaucoup à avoir eu plusieurs vies, plusieurs carrières, le plus souvent dans des cadres des plus précaires tant la litanie est de rassurer de moins en moins, de transformer le monde du travail en jungle. Certains s’en sortiront mieux que d’autres.
Mais ce que nous aurons fait entre 16 et 25 ans, dans cette décennie de tous les possibles, sera déterminant de façon forte sur la suite de nos vies.
Quand on sait que le milieu social dont on vient dépend fortement de ce qu’on réussira ou échouera, il y a de quoi travailler fortement sur l’ascenseur social. La majorité des médecins vient par exemple de milieux aisés. Un tiers des enfants d’ouvriers ont leur bac contre plus des trois quarts des enfants de cadres supérieurs. Au collège 58% des difficultés scolaires lourdes sont subies par les enfants du premier groupe cité contre 2% des élèves issus du second. ont des La méritocratie abstraite du milieu social, si elle connait des exemples marquants, reste une exception forte.
Il existe certes des entreprises où il est possible de connaître une belle progression dans le cadre du travail. Et la formation continue. Mais ces opportunités restent hélas trop limitées, et il faudrait davantage travailler dessus.
L’économie numérique, un outil d’égalité des chances à perfectionner
Une autre piste, qui ne doit pas faire oublier la question de la progression interne au sein des entreprises et la formation continue, est celle de l’économie numérique.
L’économie numérique est un grand égalisateur. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si des ONG comme Connexion Solidaires se sont créés. Il suffit parfois d’une bonne idée, de créer un site ou une appli et l’aventure commence. Les Jacques-Antoine Granjon, les Olivier Bernasson, les Patrick Robin, les Olivier Mathiot de demain débutent souvent comme cela. La barrière des diplômes ou du milieu social, pour peu que le projet soit porteur et les équipes motivées, devient ici bien plus relative.
Même si les investisseurs ne sont d’ailleurs pas à la fête en ce moment: l’application de la directive AIFM qui rend très difficile le travail des gestionnaires de fonds d’investissement alternatifs, importants dans les start-ups.
Tout n’est pas simple. Il faut, dans la multiplicité des grandes idées, arriver à se faire connaître. A investir en techniques et compétences pour développer son produit. Mais aussi à survivre les premiers mois en attendant que des investisseurs, des fonds d’amorçage, des business angels à différentes étapes du développement puissent entrer dans la danse et vous amener à progresser.
Et c’est dans cette toute première étape, celle du décollage, où il manque sans doute quelque chose. Il existe bien évidemment des structures très compétentes et dynamiques (pour prendre deux exemples dans mon agglomération Lyon Start Up et Boost In Lyon) qui aident en compétences et en contact ceux qui commencent un projet. Mais aucune entité ou presque n’est en mesure à ces étapes, d’aider les porteurs de projets à survivre en attendant de décoller. Il faut s’en remettre au love money, cet argent des proches ou de ces économies. Argent qui est bien sûr bien plus rare quand on est fils d’ouvrier que descendant d’avocat d’affaire à succès… nous y revoilà.