Le mépris antiouvriers de Nadine Morano et de ses soutiens | Romain BlachierRomain Blachier

L’omniprésence de Nadine Morano sur tous les écrans, de télévision comme sur les smartphones via twitter et sa ligne de défense, ne doit rien au hasard de la part de cette diplômée et ancienne cadre en métiers de la communication. Mais démontre aussi un véritable mépris des classes populaires.

Il s’agit d’abord de faire oublier, par cette omniprésence et cette virulence médiatique, que le pouvoir d’achat est en baisse,les inégalités en hausse, le président pris dans l’affaire Karachi, le chomage plus élevé que chez nos partenaires, nos importations plus hautes que nos exportations etc…Ah et il faut aussi faire oublier que François Hollande est toujours haut dans les sondages.

Il y a aussi comme objectif pour Morano, dans la perspective de l’équipe de campagne du candidat Nicolas Sarkozy, reussir à se placer à un poste important du dispositif, à l’heure où son image, très dégradée, pourrait la voir rester sur le banc de touche.

Certes au milieu, la ministre y laisse des plumes, se ridiculisant en se trompant lourdement sur d’importants dossiers hier sur RMC/BFMTV ou  surréagissant volontairement à une finalement fausse rumeur au sujet d’un propos du candidat socialiste. Ou balançant cela et la quelques énormités sur Twitter.

Mais n’est d’ailleurs pas un hasard si la Ministre  s’exprime de plus en plus souvent sur ce réseau social: Twitter favorise le clash, la simplification, le temps rapide. Et puis surtout ce média social a une image de lieu virtuel pour happy few branchés. Facile à ce moment la en cas de conflit de prétendre qu’on y est une incomprise face à une méchante » élite ». Même si on trouve un peu de tout sur le réseau à l’oiseau bleu, même si Twitter ou pas, gauche comme droite modérée sont souvent critiques vis à vis des méthodes de polémique permanente de la Ministre.

C’est d’ailleurs ce qui est précisément recherché par Morano un peu partout. C’est sa ligne de défense, développée par exemple ce jour dans Libération, celle de prétendre être une fille du peuple victime de snobisme par la méchante gauche qui serait composée uniquement de méchants-geeks-bobos-coupés-du-peuple.

C’est aussi, toute réaction entrainant une contre-réaction, la ligne prévisible de ses défenseurs, dont certains dérapent carrément en prônant les travaux forcés pour les contradicteurs de la ministre. Cette vague est même, tout n’étant pas le fruit du hasard,en bonne partie une phase concertée de plan de communication pour certains d’entre eux. Les critiques de Morano seraient le fait d’une bande d’affreux bobos gauchistes qui ne supporteraient pas ses manières popus et feraient montre de mépris de classe.

On s’amusera en regardant en regardant que nombre de ses défenseurs qui parlent ainsi au nom des milieux populaires en sont fort éloignés. On se désolera surtout du mépris pour les ouvriers dont ils font preuve de même que la ministre qu’ils défendent.

En premier lieu, même si ses parents l’étaient, Morano n’est pas ouvrière.Elle est titulaire d’un très classe moyenne/classe sup DESS d’information, communication et organisation des entreprises. Depuis elle a toujours été salariée de la politique, occupant des postes à responsabilité, par exemple comme directrice de la communication du Parc Naturel de Lorraine. Et depuis une grosse dizaine d’années elle est députée puis ministre, gagnant à chaque fois une dizaine de smics par mois. On est loin de l’image que cherche à se contruire Nadine Morano. Et on ne peut proner la méritocratie tout en cherchant à ne se résumer qu’à sa seule naissance…

Et puis quel est ce terrible mépris des ouvriers dont fony montre la Ministre et ses défenseurs, qui aiment les plus démunis surtout quand ils sont loin d’eux? Dans la tête de Nadine Morano, classe populaire voudrait dire vulgarité, excés, erreurs dans ses dossiers ? Ouvrier voudrait dire fanatique, agressif, haineux ?

On ne sache pas que Phillipe Séguin, Gérard Collomb, Henri Guaino,Aurélie Filippetti tous enfants de la classe ouvrière aient le même comportement que Nadine Morano. On ne sache pas non plus que les travailleurs manuels de ce pays, qui sont parmis les plus productifs au monde, se trompent aussi souvent que le fait la Ministre dans ses déclarations et actes.

Que l’on puisse considérer qu’être né d’un milieu peu aisé vous marque à vie, quelque soit vos études et votre parcours, d’un comportement vulgaire et d’une rare incompétence sur vos dossiers marque un scandaleuse vision élitiste, un mépris de classe et une tentative d’excuser ce qui est un comportement qui abaisse volontairement, par pure tactique, le niveau du débat politique. Un tel mépris de le part de Nadine Morano n’est pas sans rappeler la noblesse d’ancien régime qui prenait le peuple pour des gueux incultes.

Tribune reprise sur le site de l’hebdomadaire Marianne