Mon analyse du 1er tour des primaires | Romain BlachierRomain Blachier

Le lendemain de premier tour, le blogueur politique a souvent pour coutume de faire un bilan et perspective, mélangeant sentiment personnels et lecture d’informations extérieures. Comme toujours même si il s’agit bien évidemment d’une première du genre concernant un scrutin inédit.

La première leçon a tirer, c’est la participation (près de deux millions et demi de personnes pour un scrutin non d’élection mais de désignation de candidats). Un bel élan militants des électeurs de la gauche, et parfois au-delà. Sur le web et dans la vraie vie, j’ai vu les militants d’autres partis, forcément critiques sur un PS qui n’est pas le leur, ne pouvoir s’empêcher d’être admiratifs, parfois en poussant même leurs organisations à suivre l’exemple des socialistes. Certains d’entre eux, communistes, verts, MODEM, voire sympathisants de droite sont allés même parfois, de façon isolée, mettre un bulletin dans l’urne. Les socialistes et leurs propositions sont ces jours-ci au centre des débat face à un parti présidentiel qui tarde à adopter son programme ces jours-ci. comme l’avouait hier l’UMP du Rhône sur twitter.

La seconde est la portée nationale du scrutin. Dans la région de Jean-Jack Queyranne, président du conseil régional et soutien de Ségolène Royal, comme ailleurs, le résultat de la candidate a été mauvais. A Lyon, où le Maire soutien François Hollande, le résultat, a, comme dans beaucoup de très grandes villes, été plus favorable à Martine Aubry. C’est une erreur pour les grands élus de penser que les citoyens votent uniquement en fonction d’eux dans ce genre d’exercice et de trop le centrer ainsi. C’est pour la même raison une erreur, sauf pour des raisons de cuisine interne, de parler de désaveu pour tel ou tel élu local à la lecture d’un vote pour des raisons bien différentes.

Alors maintenant que va-t-il se passer ?

François Hollande est, comme prévu, arrivé en tête des scrutins, avec de 8 à 10% sur sa concurrente avec autour de 40%, mobilisant largement. Moins en tête que prévu, il a subi un fléchissement qui commençait à se sentir dans une campagne un peu longue pour lui. Parti vite. Il est moins en avance que ce que nombre de ses partisans lui promettaient, dans la fourchette basse des sondages. Mais il pourrait bénéficier, outre du report de Valls déjà annoncé, de nouveaux votes d’électeurs ne s’étant pas déplacés, persuadés que les jeux étaient faits et du report de nouvelles personnes. Lui reste à montrer de la pugnacité et à donner du rêve, ce qui lui a peut-être manqué un peu.

Martine Aubry: Avec un peu plus de 30%, celle-ci fait mieux que prévu. Grâce à une campagne visant d’abord les réseaux militants existant pour les faire se déplacer, elle a su aussi mobiliser les quartiers bobos (pas bourgeois, bobo), les encartés syndicaux et politiques et les jeunes. Avec une structure militante et efficace, certes parfois un peu flippante tant dans certains endroits on sent une lourde instrumentalisation de Hamon et de ses troupes derrière, elle a montré une force de caractère, d’intelligence et d’organisation rare. Reste, après quelques maladresses (langues régionales etc…) à rassurer, sur le plan interne et externe.

Manuel Valls: Même si il est devant Ségolène Royal sur Lyon et dans de nombreuses grandes villes, il a, avec un peu plus de 5%,  le potentiel pour faire une meilleur campagne. Il y a deux ans, j’écrivais que le député-maire d’Evry s’agitait en prenant la posture du réformiste social-démocrate sans avoir de contenu. La campagne aura été l’occasion pour lui de développer des propositions. Souvent mais pas toujours des miennes. Mais posant des débats, même si de façon parfois irréfléchie. Une démarche intéressante mais devant être affinée, réfléchie, mieux communiquée, plus travaillée, avec un fonctionnement plus dynamique et collectif. A ce moment la, Manuel disposerait de bien plus d’espace qu’il ne s’en est autorisé.

Arnaud Montebourg: A reussi, avec autour de 17%, a sortir des caricatures faites à son encontre. Ou en a peut-être bénéficié auprés d’un certain électorat qui sait? Je n’ai pas voté pour Arnaud mais ses propositions sur le capitalisme mutualiste sont pour la plupart les miennes. A acquis une vraie dimension hier en s’appuyant sur un cercle d’amis proches, des réseaux militants solides(même si quelques uns d’entre eux montrent un fanatisme inquiétant) et un goût pour les idées. Se prononcera ce soir mais à mon sens, contrairement à ce qui est dit, pourrait ne pas se prononcer ou rejoindre Hollande. Il a reservé ses meilleurs coups à Martine Aubry, ne lui pardonne pas son silence dans l’affaire Guérini et ses idées pourraient se trouver plus en avant chez Hollande que chez une Aubry où l’aile gauche est déjà largement représentée par Hamon et Emmanuelli. A voir.

Ségolène Royal: Les fameux électeurs des quartiers populaires invisibles aux sondages mais qui votent Royal n’existent pas. Ou peu. Les militants royalistes, qui nous bassinent depuis des années avec, se sont raconté des histoires, refusant de se remettre en cause. Reste que, engagés très fortement pour beaucoup, je comprends leur désarroi devant la confrontation avec la réalité. Et je salue Ségolène Royal, dont les larmes hier furent un vrai moment d’humanité dans le soir. Va-t-elle appeler à voter ? Je ne sais pas. Mais si elle devait le faire, il me surprendrait qu’elle choisisse Aubry, ses militants ayant en travers de la gorge le congrès de Reims.

Jean-Michel Baylet: Ok,il ne courrait pas après le score. Mais tout de même, on pourrait se dire que le poids du PRG au sein de la gauche est tout de même faible par rapport aux nombre d’élus qu’il a dans les villes et communes de France. Mais accordons-lui d’avoir eu un programme et une présentation plutôt sympathique.

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