En 2012, plus de 62% des électeurs participaient au second tour de scrutin dans la 3e circonscription de Lot et Garonne. Jérôme Cahuzac écrasait au second tour Jean-Louis Costes, son adversaire UMP avec plus de 70% des voix.
Un an plus tard, on revote dans les circonstances que l’on sait, après le scandale que l’on sait désormais, puisque, curiosité dans un pays qui a inventé la théorisation de la séparation des pouvoirs, la démission, oh combien justifiée en l’espèce, d’un Ministre, peut amener à la remise en cause d’un siège de député. La participation est en forte baisse, le nombre de bulletins nuls et blancs en explosion.
Le second tour sera celui que l’on sait: l’UMP sera opposée au FN et Costes, qui n’avait pas une chance il y a seulement quelques mois de rentrer au palais Bourbon, devrait rejoindre la cohorte des législateurs à moins d’une surprise.En effet le PS, contrairement à l’UMP, pratique le rassemblement contre l’extrémisme et son candidat, même si la chose peut interroger, a appelé à voter pour faire barrage au FN.
Quelques réflexions sur ce premier tour
1-Oui l’absence du PS à ce second tour est d’abord l’abstention de beaucoup d’électeurs socialistes.
Ceci dit tout le monde perd des voix: l’UMP environ 4000, le FN 1000. Simplement le PS chute bien plus.
Alors que l’on s’écharpait sur les raisons hier en essayant d’en faire porter le chapeau au seul gouvernement, dont l’impopularité a plutôt tendance a se relativiser au vu des derniers sondages, il ne faudrait pas non plus oublier tout d’abord que les électeurs de l’endroit ont sans doute plus que d’autres été impactés par les révélations sur Jérôme Cahuzac.
De plus, dans cette circonscription longtemps de droite, l’ancien ministre avait une vraie valeur ajoutée personnelle pendant les élections. Changement-évidemment à juste titre- de candidat local, contexte national, affaire Cahuzac etc… le candidat PS Bernard Barral était face à une dure équation.
2-Ni le Front de Gauche ni EELV, qui ont tenté de tirer leur épingle du jeu des difficultés rencontrées par le PS ne font un bon score. Feuillas le candidat d’Europe Ecologie, avec 2,78%, dont le parti est pourtant au gouvernement, arrive juste à atteindre un objectif : celui de priver la gauche d’un représentant au second tour. Peut-être est-ce le but? Montrer qu’il faut dime payer à chaque fois à EELV?
Le parti a en tous cas montré que, pas plus que le Front de Gauche, dont le résultat est aussi assez catastrophique, il n’est en position de dynamique. Certes la dispersion des voix à gauche n’est pas la seule raison de l’échec mais un rassemblement aurait sans doute évité un tel second tour.
Reste à savoir comment se sont passées les discussions d’union et les responsabilités des uns et des autres.
3-La présence du candidat FN Bousquet-Cassagne au second tour, illustre une nouvelle fois un certain paradoxe: alors que sondage après sondage est plébiscité, à juste titre il me semble pourtant, le travail de terrain et la proximité, c’est un candidat qui n’a pas vraiment fait campagne et qui n’habite pas sa circonscription qui est au second tour.
Pratiques qui visiblement ne posent aucun problème au FN et à ses électeurs.
Remarquez, on se souvient que les dernières législatives générales avaient vu un nombre invraisemblable de candidats fantômes (ce qui n’avait pas empêché certains d’entre eux de faire des scores élevés) telle cette dame de la Ferté sous Jouarre inconnue, qui ne figurait pas sur ses propres affiches de campagne, était impossible à contacter et n’avait pas fait campagne. Elle avait tout de même fini en tête de son premier tour.
4-Ce résultat n’est pas généralisable mais... Les circonstances très particulières de la partielle en question,sur laquelle on tenté d’ailleurs sans succès de surfer divers petits candidats habitant en général à l’autre bout de la France, pour obtenir une médiatisation, empêchent toute généralisation sur la France.
Et le résultat du premier tour n’est pas vraiment une surprise. Mais la gauche a perdu les huit partielles de députés (au Sénat elle s’est mieux débrouillée) depuis le début de la législature.
Ce chiffre de huit défaites est à nuancer: plusieurs concernaient des circonscriptions fortement de droite. On pourrait dire que d’autres à l’étranger concernaient finalement très peu d’électeurs.
Bref pas vraiment de test grandeur nature de partielle un peu classique. Reste tout de même une tendance, avec des effondrements à certains endroits comme dans la huitième circonscription des français de l’étranger, qui devraient nous interroger sur la nécessité de renforcer la lisibilité de l’action du gouvernement, d’éviter les valses hésitations qui nous amènent l’abstention à gauche.
Et puis d’interroger l’action du parti socialiste et de ses satellites comme nous l’avions fait il y a quelques temps avec quelques amis. Entre les campagnes en décalage du MJS sur le FN et surtout un PS peu efficace dans son rôle de principal parti de la majorité, il y a bien des choses à améliorer.