Je n’arrive pas à savoir quelle hystérie a saisi de vastes pans de ma famille politique, la gauche, depuis quelques jours sur l’affaire Leonarda.
Ceci jusqu’au décidément lamentable responsable de mon parti Harlem Désir.
Que le fait qu’une collégienne soit arrêtée en pleine sortie scolaire puisse choquer, c’est compréhensible. Je suis d’ailleurs, avec Marc Bonny, parrain républicain d’une petite fille de Guilherme, sans-papiers, pére qui avait été pourchassé devant l’école de ses enfants et dont les critères de régularisation avaient été arbitrairement refusés par le Préfet.
Pour ma part, concernant Léonarda, et celle de beaucoup mes amis, je suis en attente de voir si oui ou non le droit a été respecté et donc les conclusions de l’enquête. Enquête qui à juste titre demandée par le Premier Ministre.
Qu’on puisse, quand on est ministre, candidate à la Mairie de Paris ou député de la majorité demander un changement dans la législation cela peut se concevoir.
Mais quand en lieu et place de cela, avant même d’attendre le rapport d’examen de cette affaire pour savoir si oui ou non la loi a été respectée, les mêmes demandent le retour de Léonarda (ou à l’inverse, affirment sans savoir que la procédure est valable), quitte à faire une exception de droit par rapport aux situations vécues par des cas moins médiatisés, on marche sur la tête
Le pire survient alors qu’on est soi-même la majorité qui peut changer la législation et non seulement en être réduit à la combattre!La gauche n’est pas la seule dans ce cas: le député UMP et pourtant ancien magistrat Georges Fenech a lui aussi demandé (il avait la position inverse sous Sarkozy) à ce qu’on viole la loi.
Le reste de la droite parle d’application du droit, sans attendre et après avoir parlé de désobéissance civile pendant des mois sur le mariage pour tous…
Un débat qui prend une place incroyable depuis des années
Les amis de Sarkozy tiens et si on en parlait? Le paradoxe d’ailleurs c’est que ceux à gauche qui réagissent à l’instantané fonctionnent de la même façon que l’ancien Président à son époque: comme le dit Jegoun, on marche à l’émotion médiatique, au fait divers, au lieu de vouloir faire le job en profondeur. Ce matin, journaux de droite comme de gauche, titrent d’ailleurs encore sur Léonarda.
Quelle politique d’immigration voulons-nous, au-delà du traitement des seuls cas médiatiques? Parce qu’il faut bien une politique d’immigration quelle qu’elle soit. Même le Venezuela de Chavez et de son successeurs, adulé par certains ardents défenseurs de la gauche radicale, possède une politique d’immigration, qui est d’ailleurs plus restrictive que celle pratiquée à l’époque par Guéant et Sarkozy.
Ceux qui font mine de découvrir qu’il y des règles en la matière sous un gouvernement quel qu’il soit sont généralement de faux naïfs.
Si donc il faut faire évoluer les choses, ce n’est pas dans le traitement du fait divers mais dans le droit et ses conditions d’application. Par exemple peu de gens le savent mais la rétention de bébés se pratique encore ces temps-ci sous Valls alors que le Président avait promis de l’arrêter.
Pour ma part cela fait des années que j’en ai assez que du côté de la droite réactionnaire comme d’une partie de la gauche, cette question de l’immigration soit si centrale, si utilisée de manière politique.C’est même l’unique raison de combat politique de beaucoup de militants. Les lois dans ce domaine changent sans cesse, là où les politiques devraient être claires, précises et constantes. Nous devons pouvoir contrôler et déterminer qui peut rester, qui ne peut pas et que les décisions soient ensuite appliquées. Sans que cela dure des années. Pour enfin passer à autre chose. Je sais je pêche par naïveté.
Cette centralité va dans divers sens: A gauche Valls s’est construit en partie sur les questions migratoires et ses adversaires au gouvernement, qui lui tombent dessus sur Leonarda, non sans idées derrière la tête, également. Ce n’est pas comme si la gauche dans l’opposition n’avait pu en parler en dix ans…
Quant à la droite, elle n’a, ou presque, et certes avec des exceptions, depuis quelques années, que la problématique des étrangers à la bouche! Sarkozy n’a fait d’ailleurs campagne que sur les frontiéres et la discrimination, et c’est le cas également de nombreux députés et candidats aux municipales de son parti. Le FN, lui, obtient une rente sans rien proposer d’autre, sur le sujet depuis des années. C’est même sa raison d’être…