Après celle de Potiche, une nouvelle critique, un nouvel avis de film, cette fois sur « Le Nom des Gens » par mon copain Walter Graci.
Le nom des gens c’est la découverte du travail de Michel Leclerc, réalisateur.C’est un film sur une rencontre. Celle d’un homme, Arthur Martin (Jacques Gamblin, toujours parfait) et d’une femme Bahia Benmahmoud (Sara Forestier, exceptionnelle). Il pourrait être son père ou son très grand frère, elle deviendra son amante.Elle ose tout, dans le boulot et le sexe, lui entreprend peu jusqu’à préférer être un vétérinaire ornithologue spécialisée en épizootie (décidément rien à voir avec les cuisinières).
Nous sommes en pleine grippe aviaire et Bahia en a marre du principe de précaution et elle le lui fait savoir. Après tout dans la famille de Bahia, la précaution a laissé des marques. La « précaution » de la 4ème république qui a envoyé une armée d’appelés en Algérie. La « précaution » militante de sa mère qui s’engage dans toutes les causes gauchistes.
Mais surtout pour Bahia le principe de précaution c’est le terreau inéluctable du repli sur soi, de la peur de l’autre et donc de la droite. Le raccourci est rapide mais efficace dans le film. Pour Arthur le principe de précaution c’est avant tout le virus H5N1. Mais à y regarder de plus près, la précaution c’est le silence de sa famille dont le père aurait pu être, en âge, le père de son mère (tiens tiens, les schémas se perpétuent toujours avec le silence). Eh oui le petit Arthur a une mère née juive, sauvée par des français qui trouvent que Colin c’est mieux que Cohen surtout pour vivre à Paris dans les années 40. C’est l’histoire d’enfants d’exilés, d’apatrides, d’immigrés. Une histoire de français en somme.
Mais malgré les différences, une chose les unis. Ils sont de gauche. Lui c’est le socialisme léger, juste jospiniste. Elle c’est le socialisme intervenant, stratégique à la manière d’une Karin Viard dans la Nouvelle Eve qui couche avec l’ennemi pour mieux le convertir (pour un FN compter 10 jours de « conversion », un Modem c’est plié en une ½ journée). Elle pense que son cul est la meilleure arme possible mais elle n’en aura pas besoin pour faire appel au grand Lionel. Dans ce film la symétrie est importante mais sans jamais être un miroir parfait.
Ainsi des différences propres à chacun, il nait une autre histoire celle de ce couple qui va apprendre à s’aimer. Le nom des gens c’est le cri que je n’ose pousser tous les jours et qui pourtant me ronge à chaque fois que je regarde la télé, à l’instar de Bahia en sortant du bureau de vote qui s’aperçoit s’être trompée de bulletin. Ce même Bulletin que je n’ai pas inséré dans l’urne le dimanche 21 avril 2002. Tout bascula. Et en hommage à Bahia Benmahmoud, cette pub…très rose.