J’ai quelque peine à comprendre l’ostracisme que notre gouvernement manifeste à l’égard de l’Union sud-africaine. L’Union, de par la situation qu’elle occupe sur la route du pétrole, de par ses richesses minières, de par son opposition à la propagation de mouvement subversifs […] mériterait qu’on la traite avec plus de considération.
Jacques Chirac en 1984 (qui déclara 23 ans après cette citation son soutien à Mandela et l’avoir toujours soutenu)
Alors que les leaders du monde entier rendent un hommage appuyé et mérité à Nelson Mandela pendant ses derniers instants et avant que tout la planète ne fasse des requiems sur la vie d’un homme exceptionnel , il faut se souvenir, au soir de la vie de ce grand sud-africain et grand humain qu’il n’en fut pas toujours ainsi.
Par exemple à droite en Europe.
En France, des opposants fermes à Mandela et aux sanctions contre l’Apartheid au RPR et à l’UDF
Peu se souviennent mais en France si il y eu aussi à droite des opposants à l’injuste régime sud-africain, un nombre, assez surprenant si on en revient aujourd’hui, de députés RPR et UDF étaient plus qu’hostiles au principal combattant de la lutte contre l’apartheid.
Lutter contre ce systéme raciste était vu comme de l’idéologie inutile et nuisible et Nelson Mandela, homme de gauche, comme un dangereux extrémiste.
En 1987, sous la majorité de droite, un groupe de parlementaires RPR, UDF et FN (le PS ayant refusé de s’associer à cet opération ) effectue un voyage en Afrique du Sud sous l’Apartheid et alors que Mandela est emprisonné et déclarent que ce que l’on raconte sur le caractére raciste du régime n’a pas lieu d’être.
Plus tôt, l’ancien premier ministre Antoine Pinay prend la tête d’un lobby pro régime de Prétoria. Plus tard les premières élections libres en Afrique du Sud verront une hostilité de beaucoup de leaders de droite français à Mandela.
Et localement à Lyon 3, durant le régime Pretoria, la direction de droite fera venir dans son équipe des universitaires comme Monsieur Lugan, grand défenseur du régime de l’apartheid.
En 2013, les jeunesses du parti de droite britannique chantent encore parfois « Pendez Mandela »
Bien sûr, au vu des liens historiques, en Europe c’est plutôt en Grande-Bretagne qu’on verra les démonstrations les plus spectaculaires d’opposition des forces conservatrices à Nelson Mandela. Les plus spectaculaires étant ces t-shirts « pendez-le » arborés par certains jeunes conservateurs.
D’ailleurs encore aujourd’hui dans certains meetings, des membres du parti de David Cameron chantent « Pendez Mandela«
La plus célèbre opposante aux sanctions contre l’Apartheid fut bien sûr Margareth Thatcher. Celle-ci s’opposa avec virulence aux boycotts et campagne contre l’Afrique du Sud.
Le premier Ministre actuel, David Cameron, qui travailla dans ses très jeunes années dans des milieux pas vraiment hostiles à l’Apartheid, a déclaré par contre il y a quelques temps que son parti s’était trompé sur la question. Et je suis sûr qu’il est sincère. Tout comme à quelques regrettables (et isolées )exceptions l’ensemble de la droite française regrette les errements de nombreux de ses membres.
Et puis la droite ne fut pas seule: un grand esprit comme Jacques Ellul, qui ne vota jamais ou presque de sa vie, était plus qu’hostile à l’ANC et eu des mots durs contre Mandela. Mais la quasi totalité des adversaires de Mandela fut à droite. D’ailleurs Tugdual Derville, l’un des chefs des opposants français à l’égalité devant le mariage de tous les couples au printemps dernier, s’attaquait encore à l’ancien Président Sud-Africain sur les réseaux sociaux.
Mais, si nous parlons du passé, à l’heure des derniers temps du géant Mandela, il convient parfois de faire un peu d’histoire dans les chants des regrets à venir.