Ce matin je me suis levé inquiet. Pourtant j’avais de quoi être joyeux, avec un peu de temps à passer en famille, moments trop rares. Et puis avec un Biovision sur le thème de l’innovation qui s’annonce passionnant et le carnaval de Gerland cet après-midi.
Certes la veille au soir une sombre histoire d’avocats (pas ceux dont a besoin Sarkozy, je parle du légume-fruit) m’avait un peu agacé mais cela sera le sujet d’un autre billet, sans doute sur mon autre blog.
Des fusillades, des insultes et une adresse
Non ce qui m’inquiète c’est le congrès du parti de gauche. Quelques citations compilées par mon copain Erwan Lescop.
« Delapierre : « Dans ces 17 salopards, il y a un Français, il a un nom, il a une adresse, il s’appelle P. Moscovici » [notez bien : il a une adresse]. Mélenchon : Moscovici « se prend pour un petit intelligent de l’Ena. C’est un comportement de quelqu’un qui ne pense pas français, qui pense finance internationale ». M. Billard : « On ne veut pas laisser le FN être le seul à parler fort ». Un autre à la tribune, citant Djerzinski, ce poète : « Pour ceux qui ne sont pas de notre avis, quatre murs, c’est trois de trop. ».
Bref des insultes et une incitation plus ou moins cachée à se rendre au domicile d’un Ministre (pour y faire quoi ?) , un appel à la fusillade, une course à l’échalote avec le FN. Je ne sais plus à quel moment de l’histoire, l’espérance révolutionnaire est devenu la simple grise aigreur du dénigrement d’autrui. Le Parti de Gauche aura joué un rôle considérable en la matière, rendant raison pour une fois au moins sur un point à des publication comme Voie Lactée ou au NPA et à Lutte Ouvrière. Dire qu’il est demandé au PS d’être unitaire pour deux.
Et puis une déclaration de Mélenchon qui m’a mis l’angoisse. Bon ok personne ne peut sérieusement croire que Méluche est antisémite. Et Harlem Désir, si il a eu raison de condamner les propos du chef du Parti de Gauche, aurait mieux fait de bosser davantage notre convention sur l’environnement que de refaire une énième fois une comparaison avec les années 30. Des antisémites, des vrais il y en avait par contre hier à la télé, au moins en livre.
Reste un fait: Mélenchon s’arroge le droit de déterminer ce qui est un bon français, quelqu’un qui pense vraiment français ou pas. Et pas lituanien par exemple.Mais si vous vous souvenez cette déclaration fleurie en 2005:« eh bien, qu’ils aillent se faire foutre ! Lituaniens ? T’en connais, toi, des Lituaniens ? J’en ai jamais vu un moi ! »
Du coup je suis inquiet ce matin.
Jean-Luc Mélenchon, aide moi à penser français !
Es-ce que je pense vraiment français? A chaque moment? Et c’est quoi penser français.
Une sourde angoisse m’étreint. Dois-je effacer mes billets sur Londres? Sur Taiwan? Dois-je examiner mes pensées et celles de mon très cosmopolite quartier?
Que faire?
J’ai besoin d’aide !
Et puis qui décide de ce qui est une pensée française ou pas? Mélenchon tout seul? Arf j’angoisse devant un café commerce équitable d’horrible bobo social-démocrate écolo ce matin dans mon 7e arrondissement de Lyon. Zut, zut.
Si cela se trouve j’aurais de la chance et il aura transmis son pouvoir à ses militants. Il suffira d’aller purger mes pensées. Ou peut-être auront-ils fait une machine pour détecter les pensées comme les scientologues et les purifier moyennant finances. Un trou dans mon budget prix où se situe la baguette de pain cette année. Et puis j’ai une famille à nourrir. Mais tel est le prix pour bien penser français selon les canons établis par Mélenchon.
Tiens au fait qui gouvernait Chypre jusqu’à il y a quelques mois ?
Curieusement par contre le Parti de Gauche aura oublié quelque chose: ce sont ses amis politiques, l’équivalent local du Front de Gauche, autour de Demetris Christofias, qui gouvernaient Chypre jusqu’à il y a quelques semaines. Et en avaient fait un paradis fiscal avec les conséquences qu’on connait. Mais sans doute ce n’est pas français de dire cela.