– Celle d’une Union Européenne parfois trop enfermée dans des dogmes conservateurs. Ce qui est assez logique avec une majorité de pays et un Parlement Européen à droite. Cette Union Européenne marque depuis des années une forte préférence pour une certaine brutalité en matière d’austérité budgétaire, brutalité choquant même certains secteurs du FMI. Elle manque aussi pour le moins d’ambition politique, cette Union actuelle qui manque de vrais pro-européens : preuve en est que le FMI et la Banque Centrale Européenne vont continuer à soutenir la Grèce alors que les gouvernements ne le veulent plus…
Certes, ne pas vivre à crédit comme cela se faisait lors des trente glorieuses, où une France, d’ailleurs dirigée par la droite, s’endettait à tout va, procède de la plus élémentaire logique.
Mais lorsque l’on voit en Europe que la Grande-Bretagne, soumise depuis des années à une potion amère d’austérité violente, connait le plus gros déficit structurel de l’Union Européenne (en gros le rapport entre les dépenses et les recettes de l’Etat) cette année, il y a de quoi se poser des questions sérieuses.
Cette Union Européenne, face à l’un de ses membres dans le besoin, la Grèce, est sur une position de fermeté. Elle n’est prête à continuer à soutenir le pays de Alexis Tsipras qu’en échange de fortes concessions, notamment en matière sociale.
Certes, n’en déplaise aux partisans du 1er Ministre grec, il y a énormément à faire pour réformer le pays. Et pas uniquement dans le sens de la haine des plus démunis pratiquée par le gouvernement de droite précédant son arrivée. Les amis espagnols de Syriza du Parti PODEMOS ont beau dénoncer une caste, le gouvernement grec ne fait toujours pas payer de taxes aux armateurs et à la riche église Orthodoxe. Et puis il y est difficile pour certains pays européens (même s’ils se situent généralement hors de la zone euro) d’accepter de voir des aides affluer vers Athènes alors que le pouvoir d’achat de leurs propres habitants est bien plus bas et qu’il leur est demandé de faire des efforts. Qu’on demande aux Roumains, aux Slovaques, au Tchéques… ou aux Bulgares dont le salaire minimum est trois fois plus bas qu’en Grèce. Et ce n’est pas qu’une question de niveaux de prix local : on vit moins bien à Bucarest qu’à Athènes. L’objectif pour un esprit raisonnable est bien sûr que tout le monde soit tiré vers le haut plutôt que vers le bas. Il n’empêche que les demandes grecques paraissent déplacées dans nombre de pays de l’Union et pas seulement chez la dogmatique Merkel.
– Et puis de l’autre côté il y a Alexis Tsipras et son gouvernement. Celui-ci hérite d’un pays dans un état dramatique. Une nation où la pauvreté a explosé. La droite grecque a falsifié les comptes au moment de rentrer dans l’Euro et les conséquences s’en font durement sentir sur la population.
Mais rendre les conservateurs grecs responsables serait un peu court : en dehors des zones les plus touristiques, il est presque impossible de payer en carte bleue en Grèce. Un peu comme si les chauffeurs de taxis français avaient pris le pouvoir ! Et la fraude fiscale, cela a été dit, répété et constaté, reste un sport national.
Il a fallu attendre le dernier gouvernement Papandréou pour qu’un peu, un tout petit peu, de vertu et de contrôle dans le jeu soit introduits. La droite a ensuite joué les vendeurs de patrie en bradant les grands ports du pays au lieu de s’attaquer aux fraudeurs. Et puis, au-delà du non respect du paiement des contributions, la Grèce doit payer les retraites d’un nombre absolument colossal de retraités… sans compter nombre de dépenses publiques beaucoup plus lourdes en proportion que la plupart des pays européens.
Dans sa campagne, Tsipras a beaucoup promis. Est-ce qu’il suffit de promettre pour réaliser ? Surtout quand on s’est toujours positionné sans avoir à exercer des responsabilités ? Est-ce que les institutions européennes doivent subitement dire « ah ok vous avez voté Tsipras ? Alors nous abandonnons nos demandes ! » Évidemment non.
D’un autre côté, est-il possible de dire aux grecs « ah mais vous avez voté ? Mais cela ne sert à rien, c’est le même menu ! » Alors face aux demandes de l’Union Européenne, Tsipras le pro-européen (orientation fort différente au passage de celle du Front de Gauche) se résout à demander l’avis de son peuple par référendum sur les mesures demandées par l’Union Européenne. Des mesures qui sont bien loin du programme qui lui a permis de remporter les élections.
Quand Tsipras ne voulait pas d’un référendum parce que c’était un socialiste qui le proposait
Curieusement, le même Tsipras se moquait beaucoup des socialistes grecs quand, dans des circonstances similaires, ils avaient voulu eux aussi par un scrutin populaire en 2011 consulter la population sur un sujet similaire .
Autres temps, autres mœurs. Et que va tirer Tsipras de ce référendaire ? Si, comme il le demande, les Grecs votent contre aux demandes de l’Union Européenne et du FMI, il n’aura pas plus de ressources. S’ils votent pour les mesures demandées par les créanciers, il devra soit démissionner et ruiner à jamais la gauche radicale grecque comme alternative politique, soit appliquer une politique qu’il rejette officiellement.
Et si on essayait DSK ?
Il y a un social-démocrate très intelligent, quoi qu’on pense de l’homme, qui est sorti de son silence dans ces heures : Dominique Strauss-Kahn. Il demande à ce que la Grèce puisse arrêter temporairement de payer ses créances. Et que celles-ci soient diminuées.
En échange, ni l’UE ni le FMI ne devraient fournir de crédits au pays. Un pays d’ailleurs dont l’excédent structurel (vous vous rappelez le rapport entre les dépenses et les recettes de l’Etat) est le meilleur de l’Union Européenne.
A Athènes alors de prendre ses responsabilités et à Tsipras d’essayer de montrer que ses solutions sont les bonnes. A l’Union Européenne et au FMI de ne pas servir d’épouvantail pour tout justifier de la part du gouvernement grec. Et si on essayait DSK ?
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