Bien évidemment qu’il convient de mettre des moyens conséquents contre le terrorisme. Si celui-ci cause bien moins de morts et de blessés que le tabac ou les accidents de voiture, il est bien sûr absolument inacceptable dans notre démocratie. Jamais la violence armée, celle qui prend dans les serres de sa haine des enfants, des femmes et des hommes sans défense, ne doit être acceptée.
Dans ce combat, j’aime à penser que nos démocraties plurielles et multiconfessionnelles ont une supériorité morale sur leurs adversaires. Quand on fait face à des organisations qui rétablissent l’esclavage, utilisent des enfants voire des bébés comme instruments d’entrainement et comme bombes humaines, quand on affronte des gens qui tirent sur des journaux, oppriment les femmes et massacrent les homos, on ne peut rester les bras ballants. Et on se dit qu’on est dans le vrai face à ces gens.
Mais justement notre supériorité morale, nous ne l’avons que si nous restons qui nous sommes. Libres, permettant à tout un chacun de vivre son existence, ses choix, son travail sa foi, sa vie dans une égale dignité au sein de notre Patrie et de notre République. C’est là que réside notre supériorité morale face à l’horreur.
C’est la réalité de cette pluralité et de ce modèle inclusif que tentent de remettre en cause les recruteurs du djihadisme armé : démontrer les failles de notre système, les discriminations. Celles que nous sommes beaucoup à dénoncer. Bien sûr, seule une faible minorité des personnes subissant des vexations deviennent terroristes.Bien évidemment il n’y a pas non plus, loin de là, besoin d’être mis à l’écart ou stigmatisé pour devenir un tueur armé: la haine pure, le désir d’échapper à une vie ordinaire suffit parfois. Enfin nous n’avons bien sûr pas à calquer nos lois sur ce que refusent les extrémistes. Ou alors nous ne sommes plus dans une démocratie respectueuse de ses valeurs. Et même plus dans une démocratie du tout.
Bien sûr qu’on peut craindre davantage d’un barbu avec un t-shirt Al Qaeda qu’une mamie de 80 ans avec une canne. Mais la police est formée à identifier les comportements à risque. Et ça ne se résume pas à une origine à discriminer. D’ailleurs si on devait faire des contrôles au faciès, le terroriste Anders Breivik, propre sur lui et caucasien, serait passé à travers les mailles du filet. Et l’un des héros américains du Thalys, barbu à la peau sombre habillé de manière décontractée aurait été considéré comme suspect.
Non seulement on est injuste mais on est donc inefficace en fonctionnant ainsi.
Alors quand un Ministre explique, dans une nation diverse comme la notre, qu’il faut qu’une partie de nos concitoyens soie discriminés sur faciès, qu’il dit, c’est scandaleux, que certains sont moins des citoyens que d’autres, qu’ils ont moins de droits, Il rend aussi un fier service aux djihadistes. C’est même tout ce qu’ils souhaitent les terroristes : qu’il aie des tensions au sein des pays occidentaux. Afin qu’un plus grand nombre de jeunes et de moins jeunes les rejoignent. Afin de nous déstabiliser. Afin, à terme, de tenter de prendre le contrôle des musulmans sur la planète. Qui, au grand désarroi des terroristes, rejettent pour l’instant et pour toujours en immense majorité leur vision du monde.
En expliquant à certains français qu’il est normal de les discriminer, le Ministre Alain Vidalies a tenu un propos honteux, insultant pour notre Patrie et notre République. Et il a rendu un fier service à l’Etat Islamique. En lui fournissant un superbe argument pour recruter. Et faire de nouveaux attentats.
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