Il y a beaucoup de monde dans le landernau politique local qui rêve d’être Maire de Lyon. Et pourtant il n’était que peu de monde pour envier Gérard Collomb ces derniers jours d’avoir à prendre une décision difficile : celle de maintenir ou pas la Fête des Lumières après les attentats survenus à Paris. Celle de décider du sort d’un événement majeur, historique, identitaire pour la Ville et qui attire loin des lisières de notre cité. Avec un enjeu culturel mais aussi économique à la clef.
Disons-le, il était impossible de maintenir telle quelle la Fête des Lumières. Déjà nombreux auraient été ceux qui ne seraient pas venus, qui auraient fait les choses la peur au ventre. La cible était tentante puisque la Fête se déroule sur un périmètre large.
Après avoir échangé avec les Ministres concernés (Premier Ministre et Intérieur) , qui lui confirmé que les risques de menaces restaient élevés, le Maire de Lyon a décidé que la Fête des Lumières ne pouvait être maintenue telle quelle. Elle sera transformée en moment d’hommage aux victimes des attentats de Paris. Une oeuvre sur les rives de Saône sera en particulier dédiée à ce souvenir. 200 000 lumignons seront également distribués aux écoliers et vendus aux Lyonnais. Les fonds seront récoltés au profit de l’Association des Victimes du Terrorisme et de l’association Rêve d’enfants. Quand aux illuminations traditionnelles de fin d’année, elle débuteront dès le 9 décembre jusqu’à début janvier.
Outre les risques de terrorisme, c’est surtout les mouvements de panique éventuels qui auraient mis des vies en danger. Quand on voit ce que quelques pétards ont amené comme terreur les jours suivant les attentats à Paris, on n’ose imaginer les conséquences sur une place bondée comme les Terreaux. Le Maire de Lyon aurait été tenu premier responsable si des blessés et des morts survenaient pendant la Fête, que ce soit suite à un attentat ou de la panique. C’est d’ailleurs pour cela que le Préfet du Rhône lui a laissé toute latitude pour prendre sa décision.
La programmation prévue initialement, qui s’annonçait excellente, sera réutilisée lors de l’édition 2016, même si bien évidemment les artistes et la Ville se seraient bien passés de cette situation. Mais ne pas faire courir de risques aux lyonnais est essentiel.
Cette modification en profondeur de la programmation, vers un temps, quelque part plus traditionnel, plus dans le recueillement, le partage, la solidarité avec les victimes de la capitale, ne remplacera pas la magnificence des Fêtes des Lumières passées. Mais elle permettra de faire l’essentiel: être ensemble. Et de repenser plus tard un peu la Fête des Lumières ?
Gérard Collomb a pris une sage décision. De façon responsable, intelligente et sage. Ce n’était pas facile. Mais c’est cela d’avoir la charge, la lourde charge du service des lyonnais.