Guy Birenbaum: sa dépression et la mienne

Guy Birenbaum m’a envoyé son livre avec gentillesse. Mais celui-ci n’est pas jamais arrivé. 

J’ai donc pianoté sur Chez Mon Libraire pour le commander chez les amis de la Voie aux Chapitres pour soutenir l’un de mes libraires de quartier et contribuer au succès de son ouvrage.

J’ai déjà conversé à de nombreuses reprises avec Guy. Au téléphone. Par tweets publics, privés. En commentaires d’un billet de l’un ou plus souvent de l’autre ou sur les blogs d’autrui. Sur nos murs Facebook et dans la messagerie du réseau social.

Il y a juste un seul endroit où je n’ai jamais parlé à Guy Birenbaum: dans le monde AFK.

Ce qui m’a troublé dans le livre de Guy, c’est que nous avons eu une dépression dans des périodes comparables, pas loin mais tout de même pas complètement au mois près. Si tant est qu’on puisse mesurer tout cela, une dépression, réellement dans sa durée. Avec des bornes de début et de fin.

Vers la fin de l’année 2013 une série de revers politiques, professionnels et de tensions diverses dans l’existence m’avaient fait plonger moi aussi. Dans les insomnies. Dans un sentiment d’inutilité puissant. 

Avoir l’impression de ne savoir rien faire. Rien du tout. De ne servir à rien. A rien du tout. Se ronger. Mais devoir se bouger parce qu’il y a pourtant à faire, tant à faire.
Il y a ces moments qui tournent dans la tête où l’on se demande si on a tout raté. Ou au moins à quel moment ça a raté. Si on mérite ou pas tel sort, tel comportement, telle trahison.

Ou si au contraire on est pas en train de faire sa pleurnicheuse. D’être un fragile névrosé post-moderne.

Le tout avec une campagne électorale à faire, à gagner. Un boulot à assurer. La famille. Et donc les cachets pour dormir et surtout tenir. Et ceux, d’autres mélanges chimiques des laboratoires, pour avoir un brin de joie médicamentée. La fatigue et les nerfs usés. Puis l’arrêt, pas très longtemps après Guy, mais plus brutalement, des potions magiques une fois des temps perçus comme plus sereins venus. Parce que j’avais pas non plus envie de passer ma vie chez le dealer de la pharmacie légale.

Dans le livre et surtout dans la critique du livre, il est beaucoup question du rapport aux réseaux sociaux. A leur brutalité, leur immédiateté, au rôle que cela peut jouer quand on traine trop sur les ailes de l’oiseau bleu ou qu’on a trop liké sur le réseau de Mark. Que les lignes se sont accumulées sur les wordpress. Je suis sûr que trop d’engagements et de boues subies, avec parfois des adversaires qui veulent vous faire plonger (l’ump me comparant par exemple à un chien, Guy se prenant des volées de haine antisémite) s’accumulent sans qu’on s’en rende compte. 

Même si, comme le dit Guy, on encaisse. De ses ennemis apparents et de ses amis de facade. Mais, quand on y met trop de temps et d’esprit, les coups anodins fatiguent et dépriment à la longue.

Le livre de Guy raconte aussi ses racines. Il y a les pages superbes comme le courage et l’amour, sombres comme du blé noir dans la tempête sur ce qu’ont vécu ses parents pendant la guerre parce que juifs. Il y a des légèretés de plage. Il y a la course. Il y a aussi que l’homme Guy est plein de choses et pleins de gens. Un éditeur, un citoyen engagé, un papa, un mari, un éditorialiste (non, non, non Guy n’est pas journaliste il le dit !) et une plume. 

C’est aussi un homme entouré d’amis. Souvent connus. Ce qui quand il évoque, Emery, David et les autres, pourrait chez d’autres au, passer pour du name-dropping. Là quand on connait un peu les protagonistes, on sait les liens sincères et le show-off ne pas être de saison.
Il y a décrit dans le livre une enviable équipe qui soutient le trébucheur de l’existence. Une existence racontée ici certes dans les temps de gruau saumâtre. Mais une vie aussi retracée au cordeau du passé, du présent post-dépressif. Et du futur à construire. Parce que derrière l’histoire des individus, c’est aussi d’un pays qui déprime en se déchirant à l’intérieur que nous décrit Guy. Qui à ses différentes facettes rajoute alors celui de reporter d’une guerre mentale voulue par beaucoup en France.

Vous m’avez manqué , Histoire d’une dépression française Guy Birenbaum Edition Les Arènes

Guy Birenbaum: sa dépression et la mienne

Guy Birenbaum m’a envoyé son livre avec gentillesse. Mais celui-ci n’est pas jamais arrivé. 

J’ai donc pianoté sur Chez Mon Libraire pour le commander chez les amis de la Voie aux Chapitres pour soutenir l’un de mes libraires de quartier et contribuer au succès de son ouvrage.

J’ai déjà conversé à de nombreuses reprises avec Guy. Au téléphone. Par tweets publics, privés. En commentaires d’un billet de l’un ou plus souvent de l’autre ou sur les blogs d’autrui. Sur nos murs Facebook et dans la messagerie du réseau social.

Il y a juste un seul endroit où je n’ai jamais parlé à Guy Birenbaum: dans le monde AFK.

Ce qui m’a troublé dans le livre de Guy, c’est que nous avons eu une dépression dans des périodes comparables, pas loin mais tout de même pas complètement au mois près. Si tant est qu’on puisse mesurer tout cela, une dépression, réellement dans sa durée. Avec des bornes de début et de fin.

Vers la fin de l’année 2013 une série de revers politiques, professionnels et de tensions diverses dans l’existence m’avaient fait plonger moi aussi. Dans les insomnies. Dans un sentiment d’inutilité puissant. 

Avoir l’impression de ne savoir rien faire. Rien du tout. De ne servir à rien. A rien du tout. Se ronger. Mais devoir se bouger parce qu’il y a pourtant à faire, tant à faire.
Il y a ces moments qui tournent dans la tête où l’on se demande si on a tout raté. Ou au moins à quel moment ça a raté. Si on mérite ou pas tel sort, tel comportement, telle trahison.

Ou si au contraire on est pas en train de faire sa pleurnicheuse. D’être un fragile névrosé post-moderne.

Le tout avec une campagne électorale à faire, à gagner. Un boulot à assurer. La famille. Et donc les cachets pour dormir et surtout tenir. Et ceux, d’autres mélanges chimiques des laboratoires, pour avoir un brin de joie médicamentée. La fatigue et les nerfs usés. Puis l’arrêt, pas très longtemps après Guy, mais plus brutalement, des potions magiques une fois des temps perçus comme plus sereins venus. Parce que j’avais pas non plus envie de passer ma vie chez le dealer de la pharmacie légale.

Dans le livre et surtout dans la critique du livre, il est beaucoup question du rapport aux réseaux sociaux. A leur brutalité, leur immédiateté, au rôle que cela peut jouer quand on traine trop sur les ailes de l’oiseau bleu ou qu’on a trop liké sur le réseau de Mark. Que les lignes se sont accumulées sur les wordpress. Je suis sûr que trop d’engagements et de boues subies, avec parfois des adversaires qui veulent vous faire plonger (l’ump me comparant par exemple à un chien, Guy se prenant des volées de haine antisémite) s’accumulent sans qu’on s’en rende compte. 

Même si, comme le dit Guy, on encaisse. De ses ennemis apparents et de ses amis de facade. Mais, quand on y met trop de temps et d’esprit, les coups anodins fatiguent et dépriment à la longue.

Le livre de Guy raconte aussi ses racines. Il y a les pages superbes comme le courage et l’amour, sombres comme du blé noir dans la tempête sur ce qu’ont vécu ses parents pendant la guerre parce que juifs. Il y a des légèretés de plage. Il y a la course. Il y a aussi que l’homme Guy est plein de choses et pleins de gens. Un éditeur, un citoyen engagé, un papa, un mari, un éditorialiste (non, non, non Guy n’est pas journaliste il le dit !) et une plume. 

C’est aussi un homme entouré d’amis. Souvent connus. Ce qui quand il évoque, Emery, David et les autres, pourrait chez d’autres au, passer pour du name-dropping. Là quand on connait un peu les protagonistes, on sait les liens sincères et le show-off ne pas être de saison.
Il y a décrit dans le livre une enviable équipe qui soutient le trébucheur de l’existence. Une existence racontée ici certes dans les temps de gruau saumâtre. Mais une vie aussi retracée au cordeau du passé, du présent post-dépressif. Et du futur à construire. Parce que derrière l’histoire des individus, c’est aussi d’un pays qui déprime en se déchirant à l’intérieur que nous décrit Guy. Qui à ses différentes facettes rajoute alors celui de reporter d’une guerre mentale voulue par beaucoup en France.

Vous m’avez manqué , Histoire d’une dépression française Guy Birenbaum Edition Les Arènes