Les événements survenus à Cologne et dans d’autres villes européennes ont scandalisé à juste titre. Que la chose aie été coordonnée ville par ville ou non, voir des centaines d’hommes agresser, violer, poursuivre des femmes le soir du nouvel an est une image forte et un scandale absolu.
Les droits des femmes et les droits des réfugiés dans le ring progressiste
L’événement a aussi marqué une gêne chez beaucoup de gens à gauche, se retrouvant pris dans le ring entre deux causes du progressisme : la première, c’est celle de la liberté, de l’émancipation et de la femme. Et dans l’autre coin celui du droit des humains à fuir loin de la barbarie, de la guerre, de la haine. De se réfugier en cas d’oppression et de risque et de trouver asile.
Et le souci c’est que nous nous trouvons en présence d’une agression massive de femmes par un groupe composé largement de réfugiés.
Bien évidemment en temps habituel ces deux causes, les droits des femmes et la cause des réfugiés, sont des plus compatibles. Et forment une partie de l’adn du logiciel sociétal de la gauche. Même si, et tant mieux, nombreux sont les gens de droite à partager ces valeurs. Enfin en Allemagne plus qu’en France.
Seulement voilà, dans cette histoire de migrants agressant des femmes, on a senti nombre de gens de gauche un peu gênés. Tout ont bien évidemment trouvé la chose horrible. Mais j’ai eu le sentiment d’en voir certains relativiser. Expliquer par exemple que les réfugiés n’étaient pas les seuls à violer en Allemagne. Ce qui est exact mais n’est pas la question.
Alors que, à l’inverse, l’extrême-droite a trouvé encore un moyen de faire ses affaires sur le dos des violences. Ces gens qui ont tendance à ne parler que des victimes d’immigrés ou de réfugiés. Faisant fort opportunément silence sur les autres viols et agressions sexuelles commises chaque jour.
Les réfugiés sont des gens comme les autres, avec leurs braves mecs et leurs sales ordures
Il me semble que c’est en fait le problème est l’opposition en dualité. Penser les choses en gros blocs monolithiques. Les guerres chassent des tas de gens de leur pays. Des gens biens. Comme des mauvais. Sur les centaines de milliers de réfugiés, il n’y a pas que de braves personnes. C’est logique.
Mais vouloir réduire les réfugiés à un danger comme le font l’extrême-droite européenne et la droite française, c’est complètement abusif également. Beaucoup sont de braves gens dont certains ont eux même été victimes de violences sexuelles. A l’inverse il est complètement possible d’y croiser des êtres chargés de bas instincts. Et quand on vient d’endroits où la violence se manifeste de façon brutale, où la vision du monde de beaucoup de belligérants est teintée de conservatisme social et religieux, il n’est pas surprenant de croiser aussi (mais pas seulement) des gens ayant une image de la femme des plus rétrogrades.
Ce n’est d’ailleurs pas que de la violence sexuelle qui a motivé les agresseurs, ni même du simple vol d’argent ou de portable. C’est parfois le simple fait d’humilier leur victime par des attouchements. Ou le vol d’un parapluie. Ou un comportement menaçant. De dire aux femmes que le pouvoir n’est pas à eux.
Contrairement à ce que veut nous faite croire l’extrême-droite toutes ces violences ne datent pas de l’arrivée de réfugiés en Europe. Regardez par exemple l’excellent blog du projet crocodile , les complications à faire référencer convenablement un site objectif sur l’IVG ou penser que dans cette affaire, il a été difficile pour des femmes allemandes de faire enregistrer leurs plaintes par une police bien allemande elle aussi. Mais il est indéniable que certains migrants vont devoir faire des efforts sérieux avec une culture de la femme fort différente. Un peu comme si un réactionnaire homophobe du sud des USA se trouvait à se promener dans le quartier du Marais à Paris ou dans la rue des Feuillants à Lyon.
Ne pas dénoncer uniquement en fonction de qui sont les coupables
En fait ce qui me met mal à l’aise dans cette histoire est que trop de monde répond oui à ces deux questions : Faut-il traiter les coupables et les victimes selon qui elles sont ? Faut-il accuser un peu moins fortement, dénoncer un peu moins vivement, des violences quand elles sont faites par certains et pas d’autres?
On peut douter que l’extrême-droite aie parlé et manifesté contre ces agressions si elles avaient été commises par des groupes d’allemands ou de finlandais « de souche ». Mais on peut imaginer aussi que certains progressistes auraient sans doute été plus offensifs dans leurs dénonciations. Défendre les valeurs progressistes, c’est concilier dénonciation des agressions sexistes, condamnation pénale de ces actes et droit des personnes persécutées à se réfugier.
Alors que, d’où que vienne le souci, une violence reste une violence. Contre des personnes qui n’avaient pour tort que de passer vers le gare de Cologne le mauvais soir.