Les 3 footballs de Madrid : le Real, l’Atlético, le Rayo

Tout le monde connait le célèbre Real de Madrid, l’une des plus prestigieuses équipes du mondes avec ses 9 titres européens, son plateau de stars, sa puissance économique assise sur un endettement colossal, son immense Bernabeu, sa riche histoire.

Les lyonnais savent aussi que désormais, Karim Benzema, l’enfant du pays est parti sous les cieux de l’équipe au maillot blanc. Quelques autres, genre lecteurs de so foot ou des cahiers du footbal férus d’histoire politique du ballon rond, connaissent un aspect moins reluisant du club. En effet le premier supporter du club fut un certain…Franco, qui a l’occasion savait parfois aider le club, notamment face au un peu moins politisé voisin de l’Atlético de Madrid ou surtout face aux autonomistes catalans du Fc Barcelone. Si le club n’est plus marqué politiquement comme il le fut hier, ses supporters des ultra sur constituent le plus gros groupe d’extrême-droite de Madrid…Aujourd’hui la marque Real est un symbole d’excellence footballistique dans le monde qui n’a de cesse depuis les années 50 (où il a remporté 5 coupes européennes de suite dont un homérique 7 à 3 contre Francfort) de semer la terreur sur les terrains d’Europe et d’incarner une forme de foot premium dans le monde.

L’Atlético Madrid

Moins prestigieux malgré une coupe intercontinentale en 1974, une coupe des coupes et plusieurs titres de champion d’Espagne qui en font tout de même un des grands de la péninsule, l’Atlético Madrid vit dans l’ombre de son gigantesque voisin. Niveau culture politique, si le club fut moins pro-franquiste que le Real, pour avoir connu quelques-uns, ses ultras du Frente Atleti n’ont pas grand-chose à envier en matière d’extrême-droite à ceux du Real. De plus, l’un de ses plus célèbres président, Jésus Gil y Gil, fut longtemps une figure très controversée de la droite de la droite espagnole. Equipe au maillot rayé de blanc et de rouge et reprenant pour partie dans son blason le blason de la ville, le second club madriléne se veut celui des vrais habitants, des fidèles face aux paillettes. Il faut en effet du courage pour s’accrocher au club dont le stade Vincente Calderon est peu accessible et doté d’une équipe qui a une capacité à avoir la poisse hors du commun. …au point que les quelques fois où je suis passé visiter le club, les supporters rencontrés ou le personnel du club ne revenaient pas de voir un non-madrilène s’intéresser un peu à leur club…qui est pourtant, avec le FC Barcelone ou le Rayo Vallecano l’un de mes préférés en Espagne. Du coup le club joue sur une communication décalée afin à la fois d’attirer le chaland par l’humour mais aussi de valoriser la différenciation (un peu à la façon de Pepsi ou d’Apple). Il s’agit aussi de renforcer la fidélité au club, jugée parfois absurde alors qu’il existe dans la même ville un club de prestige autrement plus fort…j’adore en particulier cette pub où un fils vient expliquer à son père que c’est devenu trop difficile de continuer à soutenir l’Atletico avant de se faire corriger…

Le Rayo Vallecano

Encore plus décalé dans la cité du Real Madrid de Kaka,de Christiano, de Benzema, des millions d’euros et des fans disséminés dans le monde entier, il existe un troisième club pro dans la capitale espagnole. Le Rayo Vallecano Madrid est loin du lustre des neufs coupes d’Europe des coéquipiers de Kaka. Il est également à mille lieux du pourtant (un peu)  moins imposant Atletico. Le club oscille entre le haut de la deuxième division (où il évolue actuellement) et le bas de la première. Là où le Real aligné une  quinzaine de titres européens et plus d’une trentaine de championnats d’Espagne remportés, le voisin des quartiers sud se contente d’avoir gagné deux fois le titre de seconde division…Là où l’Atlético et le Real attirent d’excellents joueurs, les grands noms du Rayo sont des joueurs comme Eric Roy ou Tony Polster. Un français complètement inconnu y joue d’ailleurs conne défenseur gauche: Samuel Camille, aussi connu dans le monde du foot international qu’un élu UMP de Craponne dans les rues du 7e arrondissement de Lyon. Le stade ne comprend qu’un seul virage…

Mais pourtant le club compte presque 10 000 abonnés, un chiffre qui ferait le bonheur de certains clubs de ligue 1 française, pour une enceinte d’une capacité d’un peu plus de 15 000 personnes.Il existe par ailleurs une demi-douzaine de groupes de supporters du club à l’étranger. La raison ? Incarnation du sport populaire, doté d’un importante section de foot féminin, le club est à pas mal de point de vue assez alternatif. C’est le seul club de foot pro dirigé par une femme, Teresa Rivero. Ensuite,situé dans un quartier populaire du sud-est de la ville, le club est très investi dans la solidarité puisque des assistantes sociales sont financées par le Rayo Vallecano. Une forte tradition participative existe également puisque les supporters votent sur un certain nombre de choses. Cette image plus populaire et sociale, plus « à gauche » que celle de ses voisins (même si bien entendu le club a surement des supporters de droite également et que, comme tous les Madrilénes, les gens de gauche soutiennent sont plus nombreux à soutenir les deux grands clubs) , se reflète dans les ultras du club. Autogérés, participant à un certain nombre d’actions sociales et politiques, les Bukaneros sont proches de la gauche alternative. D’ailleurs l’un des plus célèbres groupes d’Espagne, issu de cette mouvance politique, Ska-P, a consacré un hymne jubilatoire au Rayo Vallecano, dont ils sont supporters.