Il y a quelques années j’ai arrêté de manger du veau.
A cause de la pollution. Pas seulement en fait : A cause de la pollution et à cause de la cruauté animale plus précisément.
Oui il y avait une vraie incohérence dans ma prise de conscience : A part une brève période végétarienne je suis un trop gros consommateur de viande.
Et en plus j’étais dans un vol Easyjet qui rentrait de Londres quand j’ai pris cette décision. En lisant le livre d’un journaliste français connu qui racontait comment il était devenu végétarien et faisait un récit de ferme sur la question des veaux et des vache.
J’ai dit que la décision était également écologique. A ne pas conduire de voiture et à manger le plus possible local, je ne suis pas le français le plus polluant. Mais en effet prendre un avion, comme je le faisait ce jour-là, est un geste pas vraiment bon pour la nature. Et puis tant que j’aimerais le Saint-Marcellin, eh bien il faudra du lait. Et donc des vaches. Des vaches qui ont aussi des enfants mâles. Dont il faut bien faire quelque chose des enfants mâles. Rien qu’en me disant « il faut faire quelque chose » des enfants mâles j’ai un frisson d’horreur.
A moins que la technologie ne permette un contrôle du sexe des animaux en question ? A quel risque ? A moins que nous devenions tous vegans…
Le veau est sans doute la viande la plus polluante
La surconsommation de viande en général, j’en avais parlé ici, impacte fortement l’environnement. : un kilo de bœuf c’est 27 kgs d’équivalent carbone. Contre 5,1 kgs pour son équivalent en porc, 3,7 kgs pour le poulet. Et au global la viande bovine est loin devant : elle est à l’origine de 41 % des émissions dues à l’élevage de bétail ( et même 74 % avec la production de lait), alors qu’elle ne représente que 22 % de la consommation totale de viande. Et puis il en faut de l’eau pour produire cela : là où un kilo de pommes consomme 700 litres, un kilo de boeuf c’est entre 15000 et 16000.
Au milieu de tout cela veau est infiniment plus polluant que n’importe quelle viande, plus que le boeuf ou l’agneau : si un kilo de bœuf émet 27 kgs d’équivalent carbone, si un kilo d’agneau c’est 37 kgs, un kilo de veau c’est l’équivalent d’un grand trajet en voiture, environ 81 kgs. Le triple du boeuf et plus du double de l’agneau, autre viande polluante et que j’évite de manger. De quoi réfléchir. Et consommer autre chose. Même si certains légumes, comme les asperges, ne sont pas non plus anodins en matière d’impact environnemental.
Le veau : un élevage cruel
Les veaux sont arrachés à leur mère peu après leur naissance. Les jeunes mamans s’en rendent compte et pleurent leurs enfants enlevés. J’avoue d’ailleurs que le fait d’attendre un heureux événement à l’époque avait aussi joué dans ma décision quand j’ai lu cette anecdote. Les veaux passent ensuite les huit premières semaines de leur vie seuls dans des cases individuelles. Celles-ci sont, grâce à l’Union Européenne, un peu plus larges qu’avant. Mais tout de même, l’espace n’est pas grand. Ils sont parfois sans litière. On les enferme et on fait en sorte qu’ils soient volontairement anémiés. Afin que leur chair soit claire et goûteuse. Pour compenser la perte de leur mère on leur fait consommer du lait en poudre reconstitué.
Il est à noter qu’il existe, notamment en Grande-Bretagne, des élevages de veaux plus équitables. Plus de place, moins de cruauté. La France est en retard alors que nous sommes les premiers producteurs de veau en Europe. Un temps, I Love Bidoche, du célèbre boucher Le Bourdonnec, qui prône, à juste titre, une consommation de viande éthique et raisonnable, évoquait la possibilité de faire la même chose dans notre patrie. On verra. Mais ça ne résoudra surement pas l’ensemble de mes objections.
Toujours est-il que depuis que j’ai atterri à Lyon, j’ai essayé de m’y tenir. Et y ai réussi. A côté des grands gestes il en faut des petits. Qu’ils soient ou non très cohérents.