J’étais une partie de la journée à Genève hier. Et je me suis retrouvé embringué par une amie dans une manifestation au sujet de la Cop 21 organisée par différentes organisations de la gauche radicale locale.
Manif que j’ai quitté très rapidement : outre la tendance des manifestants à mélanger tout et n’importe quoi, il me semblait pour le moins bizarre de manifester contre les conclusions d’un accord qui n’était pas encore connu. Surtout quand à la fin celles-ci étaient fort différentes de celles annoncées par les militants troskystes et écologiques genevois prenant la parole. Ces derniers ne se sont d’ailleurs même pas donnés la peine de regarder ce qui avait été réellement ou pas décidé. Ainsi en est-il du climat : un enjeu très sérieux. Mais un enjeu pris de manière en réalité trop légère tant par les multinationales que par certains militants. Pourtant la mobilisation de la société civile est dans l’adn des combats pour l’environnement et est plus que jamais nécessaire.
Un accord n’est jamais absolument parfait. Mais il peut être excellent et historique
On trouvera toujours à redire dans l’accord de Paris. Je trouve par exemple à titre personnel que la question des énergies est très peu abordée. Que les mécanismes sont encore souvent à préciser et que la mise en oeuvre ne commence qu’en 2020. On trouvera toujours des défauts à un texte adopté par près de 200 pays aussi différents que la Bolivie, le Vanuatu, les USA, la Chine, la Mongolie, la Bosnie, le Qatar, le Liban, le Mali et bien sûr la France. Sur l’énergie, il est par exemple difficile de demander à certaines nations, notamment celles ayant un niveau de vie occidental, à la fois la diminution du nucléaire et celle du pétrole. D’autres que moi pourraient aussi trouver à redire sur le marché du carbone.
Reste que par rapport aux objectifs de départ, on est, comme le soulignent de nombreux acteurs du monde, un miracle, un accord largement au-dessus de ce qui était espéré : le texte existe, il est signé par chaque pays participant SANS EXCEPTION (et Dieu sait que ce n’est pas choses facile), les pays riches s’engagent à réduire leurs émissions ET à faire plus d’efforts que les pays en développement, les objectifs sont fixés entre 1,5 °C et 2°C ce qui est inespéré (alors que mes troskystes du matin en oiseaux de malheur nous prédisaient 3°C), l’accord devrait être contraignant (même si il existe quelques imprécisions sur le sujet, qui devront être fixées ultérieurement et lequel il faudra être vigilants), il y a un partage des technologies vertes. Et un fond mobilisant 100 milliards de dollars par an d’ici 2020 pour aider les pays en développement à faire face au dérèglement climatique est mis en place (à ne pas confondre avec le fond vert) .
Bref Fabius avait raison d’être ému hier et le Président de la République, avec les nations du monde, de se réjouir. C’est un beau pas, un pas historique sur le chemin qui commence. Il y aura d’autres étapes : l’application du texte de l’accord. Et peut-être des instances internationales sur le climat, avec par exemple un pouvoir judiciaire. Mais c’était hier un bien beau jour pour la planète.