La une de Libé est splendide ce matin avec en affichage trois ministres de la République pas encore quadragénaires et dans des postes de premier plan.
Ce rajeunissement est une vraie nouvelle donne dans un pays où, en entreprise comme dans le public, règne la règle de la gérontocratie. Certes on voit cela et là en politique par exemple, quelques jeunes gens dans des instances locales.Mais ils sont généralement choisis pour donner une petite touche jeune, de préférence féminine et de diversité pour laisser tranquille aux responsabilités beaucoup de vieux mâles blancs tout en écartant en réalité l’essentiel des trentenaires et quadragénaires.Les députés trentas et quadras qui ont pu émerger (en dehors d’arrangements nationaux de courants) ont dû lutter.
Là c’est aux premiers postes qu’on retrouve ces trois jeunes sociaux-démocrates comme les qualifie Libération. J’y rajouterais d’autres: ma copine Axelle Lemaire, la nouvelle venue Myriam El Khomri ou Thomas Thevenoud.
Point commun frappant, alors que le titre choisi par Libération, la jeune garde, évoque une chanson des jeunes de gauche, aucune de ces personnalité n’a passé (ou perdu) de temps au Mouvement des Jeunes Socialistes, organisation qui regroupe des militants de 15 à 28 ans. Au passage une mauvaise langue élue de la banlieue lyonnaise de mes amis me dit que Emmanuel Macron n’a pas perdu de temps en socialisme tout simplement..
Benoit Hamon seul ministre quadragénaire a en avoir fait partie et qui garde la main sur cette organisation vient d’être expulsé avec fracas de l’organisation. C’est peut-être pour des générations de militants la leçon: l’engagement au MJS, ses congrès disputés, son fonctionnement fermé ne pèse pas lourd dans le curriculum socialiste.Au vu de ces nominations vaut faire de bonnes écoles.
Faut-il s’en réjouir? Non et oui.
Non parce qu’il est difficile de demander à des militants de s’investir pour ensuite que cette engagement ne soit pas reconnu ni valorisé.Même si, contrairement à une idée reçue, à quelques ambitieux près, on ne rentre pas en politique pour devenir ministre. Et qu’il est bien évident qu’une carte dans un parti ne donne pas droit à un porte-feuille ou à une responsabilité même modeste. Mais il peut être pénible pour certains engagés de longues dates, ayant parfois sacrifié leurs études pour le combat politique (combien de dissertations ratées en période de campagne?) de voir des venus plus tard leur passer devant. Et puis n’y a-t-il pas un poids parfois excessif des diplômes dans notre pays?
Mais oui surtout.Oui parce que le MJS n’est pas la seule forme d’engagement.Il y a bien sûr le PS, qui évite les bocaux générationnels et où le sectarisme est parfois moins fort.Mais aussi les associations. L’engagement ailleurs. Le travail en dehors des appareils. L’ouverture, qui est, c’est le cas de Fleur Pellerin, venue de la société civile synonyme de talents.Même si beaucoup d’ouvertures, au niveau local et nationales ne se passent pas toujours aussi bien et remplacent parfois de vraies qualités issues du militantisme. Il y a le talent construit, quel que soit le cadre. Et pour le coup il est bien que nos ministres aient passé autrement ce temps qu’en chamailleries inutiles entre courants obscurs et groupusculaires dans leur jeunesse, engagement auquel se résume trop souvent l’organisation de jeunesse socialiste.
Ceci dit. il y a bel et bien un membre du gouvernement issu du MJS.Et pas des moindres.Il se nomme Manuel Valls.
Reste que nombreux militants de cette organisation de jeunesse, entre chamailleries et conflits inutiles, se disent certainement qu’ils ont perdu là beaucoup de temps.