Etre en politique et souhaiter les fêtes religieuses: le faux souci


Ce début week-end c’était l’Aid El Kebir et Yom Kippour. Un temps de fête pour les musulmans et les juifs de notre pays. Côté chrétiens, jeudi à Lyon un grand banquet était organisé en faveur des chrétiens d’Irak persécutés. En ces temps comme dans d’autres, à Noël par exemple, il arrive que des politiques souhaitent aux croyants de passer un bon moment de spiritualité. Et de rendent aux événements organisés.

La chose entraine parfois la polémique. Ainsi en est-il par exemple hier et avant hier de ceux qui souhaitaient un bon Aid ou un bon Yom Kippour à tous, se prenant sur les réseaux sociaux des accusations diverses mais que l’on peut regrouper dans trois domaines.

Celui de la part des laicards les plus durs, qu’il n’est pas possible à un politique de parler de religieux. Comme si le religieux n’existait pas, comme si le religieux était forcément incompatible avec la laïcité, comme si il y avait des secteurs interdits de l’existence, des failles religio-temporaires dans l’espace public. Comme si parler des croyants c’était refuser de parler aux non croyants. Les membres de ce groupe, sous couvert de laïcité, expliquent que celle-ci n’est réservée qu’aux areligieux et éventuellement aux agnostiques. La religion d’Etat de la République ce serait l’athéisme obligatoire.

Celle des racistes et antisémites de tous poils et de toutes nuances: souhaiter que des compatriotes de confession juive ou des musulmans passent un heureux temps spirituel est mauvais en soi, serait être prisonnier, captif de on ne sait quel lobby, quel groupe, quel communautarisme. Ce groupe considère souvent que la laïcité c’est s’intéresser à leur religion mais pas aux autres. Ainsi en va-t-il d’une partie de la droite ou l »extrême-droite qui a tous les rejets de l’Islam au nom du laïc: dissimulant mal sa haine des musulmans, qui  mais toutes les indulgences pour les interventions du catholicisme sur la voie publique. Existe aussi une variante inverse de ce groupe, celle d’une fraction de la gauche radicale qui a tous les aveuglements sur des dérives islamistes en arguant qu’elles représentent les musulmans (ce qui est tout de même avoir une image au final peu sympathique pour l’Islam) et toutes les préventions contre le christianisme et le judaïsme…

Celui , souvent mais pas toujours lié au précédent des poinçonneurs de relativisme qui répond ‘ok vous souhaitez l’Aid aux musulmans mais fêtez vous Noël pour les chrétiens? ». Je me rappelle m’être pris souvent ce genre de réflexion, moi qui écrit assez souvent sur le christianisme et qui suis un protestant pratiquant quand j’ai écrit par exemple cette tribune pour expliquer le sens du Ramadan.. Ou quand Nadine Morano  essaie de polémiquer sur le fait que le Président dise ou pas joyeux Noël. Quand la proposition est inverse ‘ok vous souhaitez un joyeux Noël mais souhaitez vous une bonne Aid El-Kébir ?  » c’est que c’est bien souvent un membre du premier groupe qui a parlé/ Ou la variante du second.

Souhaiter les fêtes religieuses en politique, un faux problème

Il ne me semble pas problématique de souhaiter ou de ne pas souhaiter pour un politique une fête ou l’autre tant qu’un certain équilibre existe. Certains ont certes tendance à ne pas les respecter, que ce soit à Lyon où un laicisme à géométrie variable existe chez certains élus se réclamant pourtant de la laïcité ou à Béziers où le Maire apparenté FN organise des messes tout en s’en prenant aux musulmans. Entrainant d’ailleurs de ce fait des réserves de catholiques eux-mêmes. Mais à part ces exemples de dérive, je ne vois aucun souci tant qu’aucune préférence ne s’en dégage dans l’action menée. Il me semble aussi que chaque être humain, croyant ou pas, devrait être content quand d’autres se réunissent et célèbrent en paix un temps de spiritualité à l’heure où au nom de religion, certains instrumentalisent des causes mortelles.

Pour ma part j’ai tendance, au-delà de ma pratique personnelle et déclarée, à souhaiter les fêtes quand j’y pense. Il n’y a pas de raison de faire mine d’ignorer des temps importants pour certains de nos concitoyens. En quoi serait-il possible de souhaiter un bon goûter associatif et d’interdire de souhaiter un joyeux Noël, moment autrement important pour de nombreuses personnes ?.

Comme c’est le cas chez beaucoup d’élus à Lyon, ville qui compte notamment le vœu des Echevins à sa tradition, je viens dans les temps de fêtes religieuses des groupes, synagogues, mosquées et églises quand elles m’invitent, tant que celles-ci n’ont rien de répréhensible du point de vue de la République. Et à être profondément convaincu que la laïcité dans l’action publique comme dans le reste est une belle chose pour faire le ciment de la maison de la République.

photo de couverture de une le progres voeux des échevins