David Cameron, le Premier Ministre Britannique, est membre de la plus imposante organisation eurosceptique de l’Union Européenne: le parti conservateur de Grande-Bretagne. Nul part dans l’Union, même en Pologne, l’un des principaux partis de gouvernement n’est à ce point opposé à la construction européenne. Il est vrai que l’opinion britannique, surtout en Angleterre, si elle ne se résume pas aux clichés souverainistes n’est pas à au fédéralisme: la moitié des sujets de sa majesté voudraient quitter l’Union. En promettant un référundum sur l’appartenance ou pas du Royaume-Uni à l’UE pour, dit-il, réaffirmer l’engagement de son pays dans la voie européenne, Cameron fait tout simplement la première promesse de campagne pour sa réelection.
David Cameron, une position classique sur l’Europe au sein de la droite britannique
Parmi les conservateurs, David Cameron, qui a basé une partie de sa tactique de victoire sur un dépoussiérage et cherchant à communiquer sur une image de modération, a longtemps été soupçonné d’être un mou (wet) dans un parti où, l’aile pro-européenne, autrefois majoritaire, a presque complétement disparue. Cameron a du, à plusieurs reprises donner des gages, notamment vis à vis de durs comme Liam Fox.
Mais, de fait, Cameron a globalement tenu la même position que ses prédécesseurs, Thatcher incluse: défendre le grisbi UK au sein de l’Union Européenne, tirer les marrons du feu et puis c’est tout. Comme l’a dit tout à l’heure Peter Mandelson, ancien des cabinets de Tony Blair, Cameron traite ses partenaires européens comme une cafétéria dans laquelle il vient piocher ce qu’il veut pour son déjeuner. Une attitude d’ailleurs partagée, malgré un discours différent dans l’apparence, par nombre de partis de droite dans l’Union: qu’on songe seulement à l’attitude de l’UMP sur la politique agricole commune…
David Cameron, un référendum comme première promesse de la campagne pour sa réelection
Beaucoup pour des raisons de politiques intérieures: les derniers sondages donnent le parti travailliste (auquel j’appartiens à côté bien sûr du PS français) 9 points devant les conservateurs. Les libéraux démocrates, pour l’instant alliés du gouvernement et europhiles sont à 10% et les eurosceptiques de l’UKIP, qui grignotent leurs voix presque uniquement aux conservateurs sont aussi à 10 points.
En lançant un référendum et en recommandant de voter oui, on pourrait penser que le Premier Ministre joue avec le feu. Sauf que le référendum en question, souhaité par plus des deux tiers de l’électorat, est simplement la première promesse de campagne du candidat Cameron à sa réelection! Il ne se tiendra que si le Premier Ministre est réélu.
Dès lors:
-Les électeurs de l’UKIP, tentés de voter utile pour obtenir un référundum qui leur permettrait de sortir de l’Union seraient fortement tenté de “voter utile”
-Les libéraux-démocrates, europhiles, pourraient à l’inverse, devant un Cameron devenu celui qui veut remettre la question européenne au centre des débats, vouloir tenter de jouer le coup de la réaffirmation de l’ancrage européen de la Grande-Bretagne…c”est aussi le pari de Cameron…sauf que beaucoup d’autres pourraient tenir rigueur au premier ministre de jouer avec le feu
-Le Labour, si il est plus européen que le parti conservateur, n’a pas toujours de doctrine des plus claires sur la question mais sa direction actuelle est clairement européene et moins atlantiste qu’à une époque, avec autour de Ed Miliband, des personnalités fortement europhiles comme mon ami Jérémy Cliffe. Le référundum portera-t-il une division interne comme pourrait le souhaiter Cameron? Pour l’instant la ligne plutôt européenne tient.
-Le monde des affaires UK, comme l’a souligné avec malice Laurent Fabius en proposant aux entreprises britanniques de venir en France, est un peu circonspect devant cette initiative. Sans doute cela sera-t-il un moyen pour Cameron, souvent accusé de collusion avec le big business, de sembler prendre ses distances…
-Il renforce sa position dans son parti par une décision audacieuse et qui satisfait nombre d’eurosceptiques, coupant ainsi l’herbe sous le pied de son rival, Boris Johnson…