Le rapport de la Cour des comptes sur la filière des énergies renouvelables est salutaire: il pointe les réussites et les dysfonctionnements qu’il y a dans ce secteur, qui pèse d’après le rapport annuel de RTE, un peu plus de 21% de la production énergétique nationale.
Principal dysfonctionnement relevé: le coût très élevé de l’aide au photovoltaïque pour un développement finalement peu concluant, issu des mesures prises par Jean-Louis Borloo et amendées ensuite mais qui restent coûteuses pour la collectivité.De même la mauvaise fixation du tarif d’achat dans le solaire photovoltaïque, a conduit à une bulle en 2009 et 2010,« coûteuse pour le consommateur et dommageable pour la balance commerciale », et dont ultérieurement « le traitement tardif et vigoureux a désorganisé la filière et détruit des emplois ».
Il est à noter que le photovoltaique, qui est l’une des énergies renouvelables possédant le plus haut potentiel de progression, ne pèse pour l’instant que moins de 0,5% de la production nationale. Qu’il soit recommandé un soutien plus raisonné à la filière et une réorientation vers des sources de production vertes moins coûteuses est justifiée. Il est d’ailleurs à noter que l’éolien et l’hydroélectrique (NLDR: secteur où je travaille comme vous le savez) sont jugés favorablement dans le rapport.Le photovoltaique n’est d’ailleurs pas la seule source d’énergie verte, elle est même ultra-minoritaire.
Là où par contre cela devient problématique, c’est quand le rapport est mal lu et repris de travers par une partie de la presse. Pour Les Echos, c’est TOUTES les énergies vertes qui sont condamnées par ce rapport, visiblement lu à la va vite. Pour le Figaro il faut arrêter le vert. Mélangeant donc 0,5% de la production avec l’ensemble des énergies renouvelable…bravo la rigueur.
C’est oublier que le secteur est source à la fois d’exportations, d’emplois et surtout de richesses pour le pays, ainsi que de rentrées fiscales. Pour donner une idée de la densité du secteur le Syndicat des Energies renouvelables, qui regroupe les entreprises principales du secteur pèse 10 milliards d’euros de chiffre d’affaires et 80 000 emplois et exporte sa production et ses avoirs-faire à l’étranger.
La grande majorité de la production d’énergie verte française (plus de 85%) est d’ailleurs nullement subventionnée puisque rentable. A signaler que contrairement aux énergies fissiles que sont le nucléaire, ou fossiles comme par exemple le pétrole, les énergies renouvelables ne nécessitent aucun import.
Avec une fourchette de coût de production d’environ 15 à 25 euros du megawatt/heure produit, il est loin derrière un nucléaire de plus en plus coûteux, situé dans une fourchette entre 35 et 130 euros du mégawattheure. A noter que la biomasse aussi commence à devenir très compétitive avec l’atome…
Qu’il faille corriger les erreurs de Borloo, qu’il faille réorienter certaines aides c’est clair. Mais qu’on se dise que l’énergie renouvelable est la grande majorité du temps non subventionnée et rentable.
N’oublions pas d’ailleurs que au niveau de l’énergie, le nucléaire est, de loin, la plus largement subventionné directement ou non,par l’Etat et dont le coût induit est très élevé les charges d’exploitation du parc nucléaire français ont couté 8,9 milliards d’euros à EDF en 2010. Il y a d’ailleurs, alors que l’aide à certaines énergies renouvelables est remise en cause, tout un mouvement actuellement de demande d’aide aux centrales nucléaires à l’Europe par plusieurs états membres…