Voici ma tribune parue ce jour dans le Huffington Post sur un sujet qui pourrait porter à plaisanterie. Le propos est pourtant extrêmement sérieux qui pourrait changer la vie et sauver l’existence de nombreuses personnes dans le monde.
La journée mondiale des toilettes vient d’être décrétée par les Nations-Unies. Elle se déroulera le 19 novembre 2013.
Non il ne s’agit pas d’un exercice rhétorique façon Corax de Syracuse mais il me paraît important de revenir sur une initiative de l’Onu prise sur demande de Singapour et qui existe depuis 2001 dans ce pays: la journée mondiale des toilettes.
Certes le sujet pourrait faire rire et amener un nombre de blagues scatologiques des plus diverses. Pourtant le sujet est sérieux. On peut gloser aussi sur les tentatives de retour aux manières “naturelles” de satisfaire ses besoins par les bobos new-yorkais. Telles qu’évoquées rapidement par A.J. Jacobs dans son dernier ouvrage Drop Dead Healthy où il court à tout prix derrière la santé et acquiert à un moment un équipement pour aller aux toilettes comme nos ancêtres homos erectus.
Ou s’agacer que l’Onu, ce méchant machin mondial, soit encore en train de créer une journée de plus, une journée pour rien, sous la houlette d’un régime hygiéniste, Singapour donc.
Pourtant la vision méprisante de cette initiative colportée dans de nombreux sites, blogs et journaux, est un petit caprice de pays riches. Certes, il peut être de bon ton de mettre la chose dans la rubrique “insolite” des sites d’infos. De s’en gausser sur fond d’anti-internationalisme auprès de la machine à café inéquitable “tiens, tu connais la dernière connerie de l’Onu? Il veulent créer une journée des toilettes! Quand je te disais que la mondialisation c’est de la merde! ahahaha tu as vu le jeu de mots hein?”
Pourtant près de 2,5 milliards de personnes à travers le monde n’ont pas accès à des installations sanitaires correctes. Parmi elles, 1,1 milliard de personnes font leurs besoins dans la nature. Fournir des toilettes pourrait permettre de sauver la vie de plus de 200.000 enfants chaque année. Des organisations comme la World Toilet Organisation, dont le nom pourrait prêter à sourire, estime que chaque année plus d’un million et demi d’enfants et de bébés de moins de 5 ans meurent à cause de diarrhées et autres maladies venant de mauvaises conditions d’hygiène, à commencer par les sanitaires.
Des fondations importantes comme celle de Bill Gates ont pris d’ailleurs conscience du problème et soutiennent l’Onu et diverses organisations pour agir en aidant à la construction d’équipements. L’université de Hambourg essaye de nouveaux processus technologiques afin de fournir des sanitaires faciles à installer. La cause est importante.
À une vitesse de lecture normale, il y en a une trentaine de personnes qui sont décédés depuis que vous avez commencé à lire ce billet.
Encore une blague scato à la machine à café?