Au-delà du personnel, de nos conflits avec les autres, de nos soucis dans notre travail et dans le reste, de nos regrets et de nos échecs, par-delà ces tensions qui font partie de nos vies tous comme nos joies et nos réussites, il semble que le monde cette année aie quand même salement tourné.
Attentats, haines, victoire et montée de l’extrémisme à droite dans le monde, gauche en morceaux en France, montée de l’identitaire religieux au détriment du spirituel partout, concentration extrême des richesses pendant que des centaines de millions de personnes vivent des taudis, mangent mal ou pas assez, la liste est bien longue. On meurt à Alep, on s’affronte à Caracas, on est réprimé à Asmara, on emprisonne à Istanbul, on s’entretue à Djouba.
Et on manque de moyens sociaux pour les plus démunis jusque dans les plus riches des nations occidentales. Pendant que des géants du numérique, des services et du pétrole refusent de contribuer à la répartition des richesses en stockant nombre de leurs avoirs dans les paradis fiscaux alors que les TPE, elles, paient plein pot. Et la situation des plus pauvres dans notre pays risque de ne pas s’arranger, avec la guerre de classe que leur promettent François Fillon et Marion Maréchal-Le Pen.
Face à cela on aurait de quoi être pessimiste. Pourtant le monde n’a jamais aussi bien tourné. Les conflits armés, s’ils ont des conséquences dramatiques comme le montre l’horreur syrienne, sont bien moins nombreux qu’il y a quelques années, C’est aussi le cas avec les meurtres, qui au passage concernent aujourd’hui 5 à 10 fois plus de victimes que les guerres sur notre planète : parmi les 88 pays possédant des statistiques fiables, 67 ont connu un déclin ces quinze dernières années dans les chiffres de morts violentes.
Et en 30 ans, alors qu’on vous bassine avec le “c’était mieux avant” à grand coup de Zemmour et de BFMTV, la pauvreté extrême dans le monde a été divisée par 4 (42 % en 1980, autour de 11% de nos jours) selon les relevés annuels de la Banque Mondiale. Les choses se sont mêmes accélérées récemment : entre 2005 et 2011 c’est la moitié de cette misère extrême qui a disparu. Tout comme l’analphabétisme, en baisse lui aussi, passé de 45% à 15% au cours de ces dernières décennies.
Certes, il reste beaucoup à faire, la financiarisation extrême de l’économie, les inégalités (très diverses en occident puisqu’elles augmentent aux USA et au UK mais ont une (petite) tendance à stagner ou à baisser en Espagne et en France), les discriminations, les divisions, le terrorisme, la justice sociale, sont des combats à mener.
C’est pourquoi il faudra affronter 2017 avec optimisme. Laissant derrière nous cette sale année 2016.
paru originellement dans Lyon Mag