C’est quand même fou que la disparition de V.S Naipaul n’aie pas fait plus de bruit en France. Il s’agissait tout de même d’un des plus grands écrivains vivants (avant son décès bien évidemment).
Certes V.S était sans doute bien plus connu dans le Commonwealth que dans nos contrées. Il est vrai qu’il incarnait à merveille l’Empire Britannique, cet écrivain né à Trinidad et Tobago tout en étant issu de la minorité indienne de l’ile et en finissant sa vie avec un passeport UK. Il incarnait tellement l’Empire qu’il voulait que celui-ci fut éternel. Sa vie personnelle, mélange de postures morales et de décadence aurait tout à fait trouvé sa place dans un ouvrage de Tom Sharpe.
Ses prises de positions aussi conservatrices que ses romans étaient excellents lui valurent l’inimité mêlée d’admiration de beaucoup. L’écrivain en allait jusqu’à considérer Tony Blair comme un dangereux révolutionnaire gauchiste. Oui Tony Blair !
Pourtant le pessimisme de V.S Naipaul concernant certains lendemains de décolonisation fut souvent, hélas, fort juste et prémonitoire, que ce soit dans des tribunes ou dans des romans comme les hommes de paille ou Guerillas ( Guerilleros en VF).
J’ai passé beaucoup de temps dans les pages de ses livres. Qui bien évidemment se déroulent quasiment constamment dans les différents endroits du monde où règnent ou ont régné le drapeau Britannique et l’amour du cricket et qu’il a parcourus. Et avant d’ouvrir ses livres, en me trompant les premières fois: alors que je croyais lire V.S, je dévorais les livres de Shiva, son frère plus jeune et à mon sens souvent aussi talentueux disparu plus tôt, après une vie à être comparé à son plus auguste ainé.
Un grand monsieur qui a dit beaucoup de bêtises (mais pas seulement) mais a surtout écrit des choses de talent est décédé. Ca fait bien moins de bruits ici que d’autres morts. Mais ça ne me rend pas moins triste.