Les taxis de Lyon sont la plus grande association écologique de la région, bien loin devant les branches locales de Greenpeace, du WWF ou d’Europe Ecologie. Celui qui essayé d’en prendre un lors d’un jour de fol espoir regarde subitement lutte contre l’empreinte carbone, le co-voiturage et la promotion des transports en commun d’un oeil bien plus favorable ! Vive la noble corporation des loueurs de temps de conduite locaux. Ils nous rendent écoloresponsables !
Tout d’abord le taximan lyonnais est aussi rare qu’un sourire de policier après un excès de vitesse en centre-ville. Tenter d’en avoir un est un exploit comparable à certains exploits relatés dans les chroniques hélléniques. Trouver l’hippopotame à girophare dans son marigot dédié, la station de taxi est en effet rarissime. La bestiole daigne toutefois poser son museau dans l’espace qui lui est dédié uniquement aux alentours de la presqu’ile et à l’aéroport où la course est surtaxée au point de presque faire croire qu’un billet de Rhonexpress est un objet à prix discount niveau boite de miettes de thon à l’huile de chez Dia.
Si d’aventure vous êtiez atteint d’une phobie des taxis, si les sapins parfumés, les compteurs qui tournent si vite vous agaçaient, si un taximan était parti avec votre épouse, en gros si vous souhaitiez pour une raison qui vous est propre ne CROISER ABSOLUMENT aucun exemplaire de l’espèce, les lieux les plus variés , les contrées les plus exotiques de notre ville vous tendent les bras à travers les AUTRES STATIONS de taxis (liste de vos eldorados personnels ici ) . Vous, quoi qu’il en soit, avez l’assurance de n’en voir jamais aucun sur les places de stationnement désertes des emplacements réservées à la corporation alors qu’elles occupent un espace aussi gros qu’un score de Nicolas Sarkozy à St-Tropez. Pour faire bonne mesure, l’appareil d’appel est cassé. Toujours. Maigre compensation: vous avez trouvé un lieu pour faire un pique-nique urbain si le coeur vous en dit. Vous ne serez à coup sûr pas dérangé.
Epuisé, découragé par votre recherche et ne pouvant ou ne voulant pas aller quérir le Saint-Graal en presqu’ile, vous voila à user de votre dépassement de forfait pour quérir le coché convointé. La quête n’est pas fini preu chevalier! Vous voila à tenter d’avoir quelqu’un en ligne pour vous trouver ENFIN CE TAXI dont vous avez besoin.
Il y a à ce niveau deux choses à savoir alors que vous entrez dans la caverne, jeune héros en quête de gloire: 1-Il existe une chose plus rare que les taxis à Lyon: Les standardistes. Les plus grosses mégacorporations du compteur à brûler vos euros durement gagnés n’en emploient que deux. Le marché du travail de receuilleur d’appels est ici éminement réduit. 2-Autre mauvaise nouvelle, la profession est sans doute gangrénée par des anciens des services résiliation des opérateurs de téléphonie mobile. Aussi insaissable qu’une anguille bung-jangeo, l’opératrice de taxi est une espèce difficile à obtenir au téléphone. Patience, abnégation et rejet de tout orgueil sont les maitres-mots pour surmonter l’épreuve avant l’autre vie. Les standardistes de taxi lyonnaises ont plus fait pour le bouddhisme que le Dalai-Lama ou Richard Gere.
Une fois l’épreuve surmontée, un délai indicatif vous sera donné avant l’obtention du sésame sur roues. Le délai donné est une riante spécialité locale, au même titre que la quenelle. De même que le gouleyant plat de nos bouchon, il enfle démesurément une fois enclenché. Un taxi arrivant dans 5 minutes deviendra aussi un fort grassouillet quart d’heure. Si il accepte de venir…
Une fois embarqué, assurez-vous d’un ou deux détails: Possédez-vous une connaissance absolument PARFAITE de Lyon ? Savez-vous où se trouve la rue de Toulon ? Et celle du Vieil Renversé ? Et l’impasse Catelin ? Dans tout autre agglomération, celui qui veut faire profession de taxi connait généralement la ville sur le bout des doigts, à Lyon l’idée même d’avoir une perception un peu minimum des divers lieux de notre cité est absurde. Toute tentative de compenser cette lacune par un objet, aussi inutile quand on fait profession de conduire, qu’un GPS, est une absurdité sans nom.
Autre condition pour mériter le taxi: Avoir une liasse de billets sur soi. Oui une liasse, pas deux petits 5 euros grisatres au fond de votre poche. N’essayez pas de tricher et de tendre un bout de plastique, qu’il soit bleu,or ou platine selon vos pensions et revenus, le taxi n’accepte pas les moyens de paiements électroniques. Pas plus les chéques. Liquide seulement messieurs-dames, en toutes saisons, été comme hiver, si on ne solde pas les tarifs, on fait dans le vintage niveau moyens de paiement, refus de la technologie. Quand on sait qu’un trajet de onze minutes de jour revient une quinzaine d’euros (à Lyon, une course est payée comme un allez-retour) on imagine qu’un Villeurbannais voulant aller faire un petit tour chez son cousin d’Ecully doive de préférence avoir pour occupation principale le poker ou l’organisation clandestine de combats de chiens ou tout autre activité imposant d’avoir de grosses sommes en liquide sur soi. Ca y est, vous voilà rendu. Faut-il revenir vous chercher tout à l’heure ou rentrerez vous en transports en commun ?