Surprenant pays. Surprenant pays dans lequel un débat important sur l’avenir de la démocratie locale, sur le maintien ou non des départements, sur le fait que le budget des collectivités locales soit décidé à Paris est noyé par une histoire de foot et de main de Thierry Henry.
On se demande quelque part si le gouvernement n’a pas été briefé pour faire oublier ça en parlant à tort et à travers de cette histoire manuelle. Il n’est pas jusqu’à Christine Lagarde, qui confond surement en temps normal football et topinambour, qui n’aille pas de son petit commentaire. Le gargamel moderne Frédéric Lefebvre écrit à Platini et Woerth médite. Bref, il faut faire oublier les saloperies qu’on est en train de faire aux français ayant un peu envie de garder un peu de démocratie dans leur vie locale. La main d’Henry est une divine surprise, elle permet de trouver un divertissement.
Remarquez sur le foot, il y aurait pu avoir matière à dire sur un autre plan: mercredi dernier, cela ne vous a pas échappé, il y avait certes France-Irlande mais aussi Algérie-Egypte. Avant même la fameuse main d’Henry et la fin de la confrontation franco-irlandaise, une marée rouge, blanche et verte s’est répandue dans les rues de Lyon. L’Algérie venait de se qualifier. Au-delà de la joie légitime et que j’ai partagé dans mon coeur avec les supporters du pays de Yasmina Khadra puis bien sûr encore davantage avec la victoire des bleus, se pose tout de même des questions.
En premier lieu on peut être surpris que les supporters algériens, dont nombreux sont français, soient si indifférents au sort de l’équipe tricolore dont ils partagent la nationalité. On pourra être énervé des dégradations commises par certains cons ou s’énerver d’une poignée d’épanchements racistes anti-français, heureusement très minoritaires. Mais pour être passé longuement sur le Pont de la Guillotière, la fête était là où j’étais, lumineuse et belle.
En second lieu on se dira que s’enthousiasmer pour une équipe nationale (je parle ici de la bleue) dont les supporters ne sont pas foutus de leur côté de descendre avec un malheureux drapeau tricolore et un maillot, fut-il un modéle rapiécé datant de 98 du français d’origine algérienne Zinedine Zidane, fêter la victoire de l’Equipe de France de handball de football, un pays dans lequel même les jeux n’enthousiasment plus l’unité nationale, bof. Il n’y avait en effet pas un supporter des bleus dans les rues. Vous pensez qu’il vaut le coup qu’on réfréner sa joie à voir si on doit attendre de fêter sa qualification en plus de l’équipe nationale du pays de ses parents ou grands-parents ? Et plus largement la France en tant que collectivité a-t-elle encore vraiment un sens ? Ca donne en tout cas encore moins envie de voir sa ville contrôlée uniquement par ce peu enthousiasmant Etat dans cette peu enthousiasmée nation à l’heure où on veut pourtant nous faire parler identité sans que la discussion démarre vraiment. Curieux pays vraiment.