Au Royaume-Uni, pays somptueux, la véritable utilité de la monarchie est de faire rêver et de symboliser l’unité de la nation. Faire rêver dans un univers pas toujours des plus facile, où derrière les lumières de Londres on trouve l’obscurité de Hull et sa misère. Faire rêver avec sa magnificence. Faire rêver avec ses contes de fées et ses carrosses.
Et puis il y a le rassemblement de la nation. Le Royaume-Uni est une nation multiple, anglaise, galloise, écossaise, irlandaise. Comme toute démocratie il est composé d’un paysage politique contrasté, composé de multiples chapelles, de nombreuses divisions. De même en matière religieuse, on le sait à Belfast et dans une moindre mesure à Glasgow. Et puis, on l’oublie, la Reine ne règne pas uniquement sur le Royaume-Uni mais aussi sur l’Australie, la Nouvelle-Zélande, le Canada…et bien d’autres contrées.
En refusant d’inviter tout ancien ou actuel Premier Ministre qui ne serait pas membre du parti conservateur, pas plus que le chef de l’opposition Ed Milliband (correctif une commentatrice me signale qu’il a été invité) le Prince William rompt avec cette tradition d’unité. Certes en tant que second dans la succession, il n’est pas le premier des régnants potentiels (j’ai corrigé la formule précédente « pas normalement appelé à régner » un peu trop définitive et éloignée du propos que je voulais tenir) . Certes il a beau jeu de s’abriter derrière le fait que les deux anciens premiers Ministres de gauche, Brown et Blair, n’ont pas été anoblis. Certes, Blair et Brown ne vont pas en mourir. Mais tout de même, là se perd l’une des rares tentatives de justifications de la monarchie britannique. Cela n’empêche pas à l’inverse, l’invitation de quelques dictateurs.
Ce devait être un moment d’unité pour les britanniques, un temps d’échapper à la grisaille face à un gouvernement conservateur et libéral qui les envoie dans le mur. Certes, les travaillistes sont bien moins favorables à la monarchie que les tories. Certes madame Blair est comme un nombre grandissant de britanniques, une républicaine affirmée. Mais c’est un peu de l’unité du royaume que les politiciens William et Kate Middleton ont fissuré. Cela amènera surement d’ailleurs de plus en plus de sujets de sa majesté à réfléchir à l’utilité de la famille royale.
Et puis le prince et la Reine (ajout ultérieur elle a contribué à l’établissment de la liste au niveau politique) auraient-il oublié ce petit matin, où Tony Blair dégagea une ‘émotion sans pareille en parlant de Diana, proche des travaillistes, comme de la princesse du peuple ? Diana, vous savez, la mère de William…