Il y a décidément un parfum de souvenir décennal ces temps-ci. Bien sûr, on parle du 11 septembre 2001, de ce que l’on faisait en ces temps, de ce qu’on a fait après, avant les iphones, avant la chute de Babylone, après celle des tours . On commémore aussi. Bien sûr les théoriciens du complot profitent aussi de l’anniversaire pour remettre une pincée de poivre dans leur soupe douteuse. Sans compter les manifestations islamistes à Londres pour approuver les terroristes.
Mais, outre, ce tragique jour, survenu de plus dans un triste moment de ma vie, c’est à d’autres souvenirs de dix que m’appelle la période médiatique présente: celui de la Françafrique.
Oui il y a cette visites du président rwandais Kagamé sous fond d’un souvenir d’un génocide au Rwanda largement aidé par la France de 1994, notamment (mais pas seulement hélas, à droite comme à gauche ) selon de nombreuses accusations par un Alain Juppé que l’on a bien pris soin d’envoyer en voyage diplomatique pendant la visite du leader africain.
Et puis il y a ces valises d’argent entre leaders de la droite chiraquienne, frontiste, les révélations selon monsieur Bourgi. D’autre parlent également de Nicolas Sarkozy.
Il y a dix ans je me rappelle justement d’un ouvrage, Noir Chirac, qui avait fait peu de bruit, sur les liens du Président de l’époque, avec divers régimes dictatoriaux, et des flux d’argents, d’un travail que je tentais de mener pour la mobilisation sur ce sujet auprès d’une partie de la communauté africaine de Lyon et des politiques.
Je me souviens aussi, il y a pas dix ans mais plutôt une vingtaine d’année, dans le Cameroun où j’habitais, d’une visite de Charles Pasqua au président Biya, dont une partie de la presse disait qu’il n’était pas reparti en France les mains vides…
Il y a dix ans je me souviens de ma découverte, via des travaux divers , des liens de la France avec le gouvernement rwandais, membre de ‘internationale démocrate-chrétienne, qui avait planifié et exécuté un génocide qui fera 800 000 morts en une poignée de mois atroces de 1994.
Il y a dix ans nous organisions avec l’UNEF Lyon 3, dont j’étais adhérent, des conférences sur la françafrique et le génocide au Rwanda avec l’association Survie, dont j’étais membre également d’ailleurs. Nous le faisions dans une fac où certains professeurs de droite et d’extrême-droite niaient, en plus parfois des chambres à gaz, la réalité des événements du Rwanda ou tentant de l’atténuer par divers moyens (la thèse des deux génocides). Et puis les textes écrits, dans une certaine indifférence du siége national, pour le Mouvement des Jeunes Socialistes du Rhône.
Plus tard, je passerais avec quelques camarades, au poste en garde à vue pour avoir collé quelques affiches contre une de remise de décoration par la même université à un potentat africain, dont l’héroïsme et l’utilité célébrée par la direction de l’époque consistaient notamment à avoir pris le pouvoir en massacrant un bon paquet de ses concitoyens.
Le tout se faisait dans une indifférence des plus incroyables du monde médiatique et politique. Une indifférence des plus disproportionnées au vu de l’énormité des scandales. Si il serait injuste toutefois, comme le voyait de façon trop systématique l’association Survie, de reprocher à la France le moindre scandale, la moindre dérive survenue sur le continent noir (raison pour laquelle j’ai cessé d’y cotiser), les responsabilités des uns et des autres il y a dix ans étaient largement méconnues du grand public.
Aujourd’hui la françafrique vient enfin sur le devant de la scène de l’info. Tant mieux.