De la peur, un peu, un peu beaucoup, dans le ventre, dans les tripes.Il n’est pas facile d’être européen en ces jours de grêve générale, de « ville morte » comme l’appelle l’opposition au (encore actuellement) président camerounais Paul Biya en ce début des années 90.
Je suis un jeune de la communauté française du Cameroun et nous vivons semi-cloitrés dans nos immeubles par peur des exactions.C’est un pays qui s’éveille, un continent, là où quelques temps plus tôt le président Mitterrand de la si lointaine mais si importante pour nous République Française, a plaidé à juste titre devant les dirigeants des pays d’Afrique de la zone d’influence française pour une démocratisation quelques temps plus tôt.
Pas de nuances face aux ressortissants de France, nous voilà, femmes, hommes, enfants, soumis au même soupçon xénophobe de nombre de manifestants; « vous les blancs vous empêchez la démocratie chez nous ».C’est comme ça au Cameroun. C’était pareil au même dans presque toute l’Afrique francophone.
Nous n’y sommes bien entendu en tant qu’individus, généralement pour rien.Arborer la nationalité de Voltaire, d’Aimé Césaire, d’Alexandre Dumas, celle tant désirée par Sébastien Gryphe ne fait pas de nous des coupables, surtout dans mes 13 ou 14 ans du moment. Mais pour la population, ici comme ailleurs emprunte aux pulsions.Nous portons les stigmates du néo-colonisateur qui manipulerait le système africain.Derrière sa généralisation hâtive, derrière les bagarres à faire au sein d’un pays que je reconnais aussi comme le mien, pointe hélas une certaine réalité glauque.
Il faut dire qu’à ces moments, qu’encore aujourd’hui même, il y a parfois quelques questions qui se posent sur le rôle que quelques-uns de nos compatriotes, au service de certains réseaux des diverses obédiences politiques de divers bords de la scène politique française, ont assuré et continuent à assumer à tout prix, y compris en cachant un génocide Rwandais (qui m’a été justifiée par un membre du MODEM du Rhône, j’espère peu représentatif de son mouvement,au nom de la France), y compris en assurant des complicités honteuses lors de la sanglante guerre civile au Congo.
Au bout de cela, une logique, celle de la Françafrique,thème inventé par un chrétien de gauche lyonnais François-Xavier Verschave, loin de résumer l’action et l’amour de nombre de français pour l’Afrique , mais qui reflétait une réalité sordide de gouvernance où intérêts français et étatiques africains n’allaient pas souvent de pair avec le bien-être des populations .Certes les américains, qui au même moment dénonçent ce genre de pratiques, ne sont pas des anges non plus.La guerre civile en Angola par exemple ou un certain soutien un temps au régime d’Apartheid en Afrique du Sud sont là aussi pour témoigner que notre République n’a pas le monopole du pire.
Certes aussi il y avait là aussi de l’excès parfois dans la paranoïa sur le rôle de la France dans le maintien d’un certain nombre de problèmes en Afrique, et Survie, ONG qui a par certains aspects, une certaine sympathie de ma part, était parfois pathétique à chercher la main de la France derrière chaque hoquet du continent noir.Il n’en reste pas moins que des représentants français et plus particulièrement d’un part de la droite lyonnaise prêtèrent parfois main forte à des élections aussi contestables que celle du dirigeant réac, sexiste et antisémite Ahmadinejad en Iran.
Que ce soit Christian Philip, lorsqu’il était député UMP de la 4e circonscription du Rhône vis à vis du « vote » des Togolais ou l’ex parlementaire (également UMP) Georges Fenech concernant la transparence des élections au Gabon, un frange de la droite lyonnaise a participé a cautionner des élections fort peu transparentes et équitables qui ne font pas honneur à leur statut de représentant de la République.Je me souviens en avoir longuement parlé avec le président de Survie lors du contre-G8 d’Evian, où j’étais enchainé avec lui pour symboliser les liens maintenant la dette des pays du sud.
A l’heure où Omar Bongo, fugure de la politique africaine, est enterré et avec lui tout un pan de l’histoire récente, brillante comme obscure, du continent, je me rappelle ainsi quelques effluves de ce que c’était d’être en ces temps-là un petit lyonnais amoureux d’Afrique, un français du contient originel qui si aujourd’hui encore, préfére le lion rouge sur fleuve et le drapeau bleu aux étoiles jaunes au tricolore. Je portait, que je le veuille ou non, mais pas sans une fierté naive mais que je ne renie pas,même si certains en détruisaient honteusement et oh combien tragiquement le sens, le bleu-blanc-rouge sur mon front de teenager, à l’heure où pour le meilleur et pour le pire, ça ne faisait ni chaud ni froid à ceux de son âge vivant dans l’hexagone.