L'Anneau des sciences de Lyon et Louis Pradel (Lyonnitude(s) )


Louis Pradel, ancien Maire de Lyon,  n’était pas surnommé Zizi pour rien.

L’homme était un obsédé total, absolu, irrécupérable. Oh, non, je ne parle pas des choses de la chair, le Maire de Lyon divers droite de l’époque interdisait, en ami des ligues puritaines, l’affichage des revues pornographiques. Non pas par féminisme, Pradel était plutôt un fervent partisan des femmes au foyer, mais par pudibonderie.

Non, ce qui obsédait notre ami, c’était depuis un passage chez Peugeot en 1937, la voiture. La bagnole. L’automobile.Pradel en mettra partout à Lyon, construisant un monstrueux échangeur à Perrache, qui larde encore de sa cicatrice notre ville, tentant après un voyage à Los Angeles de faire passer une autoroute dans le Vieux Lyon, installant durablement la prégnance de la voiture en ville à travers de vaste espaces. Il serait certes injuste d’oublier que Pradel fut aussi l’homme qui rendit la Presqu’île en partie piétonne. Mais il fallu, des années après, les efforts conjugués de Raymond Barre puis de Gérard Collomb pour que des alternatives solides en matière de transports pour que la voiture ne soit plus le moyen dominant de transport dans notre agglomération, pour que notre ville soit moins engorgée aux heures de pointes, moins toussante de gaz d’échappements.Mais, les automobilistes et les usages de transports en commun, le savent, il reste encore beaucoup à faire. Il n’y a que quatre portes d’entrée au centre de l’agglomération depuis l’Ouest lyonnais. Ce sont aujourd’hui le tunnel de Fourvière et l’axe A6/A7 qui bouclent le boulevard périphérique, avec une fréquentation qui attire bien plus de 100 000 véhicules par jour.Du coup l’autoroute A6/A7, saturée la plupart du temps, passe le long de quartiers denses et constitue une barrière infranchissable, coupant notamment le quartier Confluence et l’accès au fleuve. Dans l’ouest lyonnais, le trafic automobile d’échanges avec les autres secteurs de l’agglomération empêche le développement de voies de transports en commun supplémentaires, même si le retard en la matière provient parfois de quelques maires conservateurs peu désireux de voir des lignes régulières de transport amener des populations qu’ils craignent à tort.  En la densité les embouteillages engendrent une pollution atmosphérique et des nuisances qui dégradent la qualité de vie des habitants.

Le projet d’Anneau des sciences, tel qu’il va être lancé, est un moyen de résoudre le souci en désengorgeant le centre et l’occident de notre agglomération par un ring, comparable par certains aspects à celui de Londres ou Bruxelles mais tourné vers la mixité des moyens de transport. Il s’agit de relayer de manière plus rationnelle et sans passer par le centre de l’agglomération, l’est et l’ouest de notre agglomération.

Il s’agira aussi de rendre plus accessible le vallon des hôpitaux, de lier davantage les différents modes de transports (il ne faut surtout pas que le projet se résume à une simple opération automobile) et de mieux lier les différentes zones de recherche et d’innovation que sont La Doua et Gerland.

L’immobilisme de l’Etat et une certaine méfiance de Michel Mercier ont un temps ralenti le projet. L’accord entre le Maire de Lyon, le gouvernement et le Président du Conseil Général a permis à l’Anneau des sciences de se relancer. Certes, certains commandités de Mercier, comme l’élu de droite lyonnais Christophe Geourjon, continuent à vouloir cliver sur le sujet (tout en le soutenant in fine) mais on sent que l’opposition à la question devient de pure forme, le soutien au projet de la classe politique étant aujourd’hui largement soutenu au-delà des clivages, par exemple par le Président du Groupe UMP au Grand Lyon, François-Noel Buffet. L’union de Gérard Collomb et de Michel Mercier semble porter ses fruits. Le top (non il n’y a pas de jeu de mot) départ des consultations sur le sujet se déroule ces temps-ci.

Une nouvelle étape pour nombre d’habitants de notre agglomération. Désolé Zizi.

Romain Blachier

Chronique parue dans Lyon Mag sous le titre « les carnets de Romain Blachier: l’Anneau des Sciences et Louis Pradel »