La Capitale de la Gastronomie prise dans le syndrome Ecole des Fans | romainblachier.fr

En explosant le projet de ville française capitale de la gastronomie, la commission en charge de choisir le projet a saboté une opportunité pour un territoire de notre pays et a refusé de donner la prime au projet le plus abouti sous prétexte d’aider les moins bon élèves. C’est à la place une dilution dans plusieurs villes françaises qui est acté. Un syndrome Ecole des Fans.

Beaucoup (beaucoup trop?) de lecteurs se souviennent de cette émission mythique émission dénommée l’école des fans.

Animée par le lyonnais d’origine et habitant de Neuilly, Jacques Martin, qui se fera piquer sa femme Cécilia par Nicolas Sarkozy, puis par Philippe Risoli, l’émission se déroulait autour d’un chanteur ou d’une chanteuse, qui me paraissait invariablement être Mireille Mathieu, et d’un groupe d’enfants, dimanche après dimanche.

Les enfants devaient interpréter des chansons de l’artiste (vous avez le droit de rajouter ou pas des guillemets à artiste) qui était l’invité principal. Leur prestation était notée et classée..

Pour ne vexer ni les personnalités des enfants en construction ni celle des parents, le moindre crissement sonore était notée 10 sur 10. Tout le monde ou presque était décrété vainqueur à la fin de chaque émission.

La cité de la gastronomie me fait penser un peu à cela dans ses conclusions de ce matin où tout le monde gagne: Pour faire vite et pour ceux qui n’auraient pas lu cet excellent billet sur Lyon Capitale de la Gastronomie, l’UNESCO avait accordé à une ville de France un label mondial pour devenir « capitale de la gastronomie française ».

Le gouvernement d’avant et celui d’aujourd’hui avaient demandé aux villes intéressées de porter candidature. Sans dire si oui ou non l’Etat mettrait et à quel montant à la poche. De quoi plomber sérieusement les finances municipales de beaucoup.

Niveau lyonnais,  l’opération n’attirait pas, c’est le moins qu’on puisse le dire, l’enthousiasme de nombre d’acteurs locaux de la restauration. Si tout le monde s’accordait à se déclarer favorable à Lyon Cité de la Gastronomie, personne ne voulait y mettre un euro et même si quelques collectifs dynamiques et méritoires cherchaient à entrainer la population, le projet, mal communiqué, était loin d’amasser les foules. Au point de décourager parfois le Maire de Lyon, qui avait pourtant fait le travail international nécessaire. En trouvant ensuite un accord avec le groupe Alliade, le Maire de Lyon donnait un projet ambitieux à la ville, un dossier des plus dominants.

Hélas, des discours récurrents étaient tenus par les interlocuteurs au jury final « vous êtes déjà patrimoine mondial de l’UNESCO en matière d’architecture, capitale française du bien manger, ville riche et industrieuse, laissez-en aux autres ».Un peu le même discours que celui tenu pour justifier, pour des raisons quasi-humanitaires, la désignation de Marseille comme capitale européenne de la culture. La prime au mauvais élève et le symbole « tout le monde gagne les enfants ».  Sauf que chacun gagne des clous et un micro Yoko…

Lorsque la décision est tombé ce jour, tout le monde avait gagné chez les finalistes: Tours, Paris-Rungis,Dijon (et donc un petit peu Beaune) et aussi un petit peu Lyon sont toutes gagnants sur un bout. Pour ne fâcher personne. Mais cela édulcore fortement l’impact du projet.

Bref, un projet qui devait donner lieu à un vrai dynamisme dans un lieu de France a été délayé et aura donc un impact quasi nul. En faisant ce choix, les gouvernants actuels et passés laissent passer une belle occasion de développement dans une région de notre pays. Et expliquent aux villes que rien ne sert de monter des projets ambitieux; l’Etat ne décide pas sur ces critères…