Dernière polémique stérile en date, un texte du PS sur la politique de Angela Merkel. Cet écrit, qui s’inscrit dans le cadre de la convention Europe (pilotée notamment par Cambadèlis) à venir du Parti Socialiste condamne la politique de la majorité de droite allemande.
Travailler sur l’Europe
Tout d’abord il me semble normal et sain que le PS continue à travailler sur la question européenne.
Mais je pense, sans trop de risques de de me tromper, qu’il en sortira peu de choses: tout d’abord la direction actuelle est un trop gros patchwork en la matière, entre les eurosceptiques de chez Hamon et des sensibilités à l’opposé clairement fédéralistes.
D’un autre côté, même si des collaborations existent ainsi qu’un groupe parlementaire au parlement de Strasbourg, le vrai manifeste européen devrait se faire surtout dans le rassemblement des partis socialistes européens.
C’est justement d’ailleurs ce second aspect qui nous aurait évité la polémique lancée par les uns et les autres sur un supposé caractère germanophobe du texte, polémique encore une fois mal gérée par les uns et les autres faute de liens sérieux entre le parti socialiste et le gouvernement. Faute aussi d’une gouvernance de qualité du parti.
Quand n’être pas d’accord avec un parti allemand devient de la germanophobie
Allons au fond: quelle germanophobie? Tout comme le SPD allemand, actuellement dans l’opposition, a soutenu le PS français dans sa campagne contre la spirale de dureté (qui de plus s’accompagnait d’un endettement considérable) imposée par Sarkozy, quoi de plus logique que le PS s’oppose, aux côtés de ses camarades allemands de gauche , au modèle que fait régner Merkel et que paye le reste de l’Europe par du chômage faute de possibilités de prendre des réponses politiques adaptées. D’ailleurs les partis socialistes européens ont lancé une campagne sur l’emploi des jeunes (si, si, mais Harlem Désir a du perdre le carton d’affiches). Et quels sont justement les catégories sacrifiées par Madame Merkel au détriment des retraités? Les jeunes salariés!
Autre aspect: loin d’être généralisable le modèle Merkel nuit au carnet de commande allemand en Europe. Il existe au prix d’une austérité continentale asséchant les clients des entreprises d’outre-Rhin.
Assainir les comptes publics mais avoir aussi une vision européenne
Certes Madame Merkel n’est pas le diable et tout comme Monsieur Hollande, elle a raison de parler de la nécessité d’assainir les comptes publics. Elle a aussi raison de vouloir aller vers le transnational.
Mais dire que ce document est germanophobe, c’est dire alors que le SPD, les verts, Die Linke, les abstentionnistes etc…tout ceux qui ne votent pas pour Madame Merkel, et partagent les critiques formulées par les gauches européennes en général et germaniques en particulier ne sont pas de vrais allemands…un peu inquiétant non?
Je rajouterais qu’en plus opposer le PS (mais l’UMP est encore pire, aussi de ce point, avec une vision uniquement nationale) et Merkel en tout serait faux: ni l’un ni l’autre n’ont vraiment de position européenne claire.
Le PS parle d’Europe de la croissance sans le décliner bien clairement ni proposer de vision institutionnelle à longue portée. Merkel parle d’assainir pour approfondir, ce qui serait une bonne idée si il y avait un peu de concret derrière. Ce qui ne semble hélas pas être le cas.
Heureusement que pour le coup, François Hollande a une idée claire sur le sujet, il travaille énormément sur la question européenne. Espérons qu’il arrive à trouver de vrais leviers d’actions.