Réduire le temps de travail hebdomadaire, baisser les charges, partir plus tard à la retraite si le type d’emploi le permet, penser productivité, les propos de Rocard hier, si ils méritent d’être nuancés sur quelques points, sont d’excellentes pistes.
Les déclarations de l’ancien Premier Ministre, éclipsées très vite par la manif en faveur du mariage pour tous tous et le Vendée Globe ne manquaient pas de chiffons rouges pour beaucoup de monde, de vues fort différentes:
-Il proposait de réduire le temps de travail par semaine d’une part (ce qui avait de quoi faire s’étrangler de rage les partisans du travailler plus et d’une vision uniquement quantitative du labeur, souvent à droite)
–D’autre part proposait de travailler jusqu’à 65 ans (ce qui était un chiffon rouge pour ceux qui à gauche comme à droite-eh oui- mettent des bornes uniques aux fins de temps de travail).
Alors travailler moins par semaine mais plus longtemps dans la vie ?
Je ne vais pas parler ici des temps de départ retraite ou alors un peu: Il me semble, je l’ai dit ici, qu’il faut un éventail d’âges de départ à la retraite différent selon la tâche, pour pouvoir garantir le financement de notre régime de retraites dans la justice. Cadre d’entreprise, il me parait normal de pouvoir choisir de partir un peu plus tard qu’un ouvrier maniant un marteau-piqueur. Sans compter que j’en vois trop qui s’ennuient à la retraite ou qui, comme cela est dit dans l’interview, meurent très vite dès qu’ils abandonnent leur travail…mais c’est une autre histoire. En tous cas à 65 ou 60 ans les âges uniques pour tous me posent question.
Pour en revenir au sujet du temps de travail hebdo, je trouve la réflexion intéressante. Je trouve, je l’ai déjà dit ici, que la question quantitative du travail est une vision qui ne marche que dans un nombre de moins en moins dense de secteurs de l’économie. Certes il est utopique de vouloir tous auto-organiser notre temps de travail, mais un plus grand nombre de postes de travail qu’avant s’y prêtent.
Il est vrai que notre pays a un rapport étrange au travail: nombreux sont ceux qui prétendant, surtout à droite, qu’on y travaille moins qu’ailleurs. Pourtant les chiffres sont crus:les salariés travaillent en moyenne 36,5 heures par semaine, contre moins de 33 heures en Allemagne et moins de 31 aux États-Unis. Deux chiffres qui sont véridiques par contre sont d’une part ceux de la productivité très élevé des français , d’autre part ceux du chômage, qui si il commence à se stabiliser, reste très élevé. Cela engendre des coûts humains et financiers très élevés.
Réduire le temps de travail, si la propagande conservatrice en a fait un diable est à ce moment un levier imposant pour relancer la machine, remettre du monde au travail, relancer un peu la consommation, désespérément en berne.
Cela demande une initiative de l’Etat mais aussi et surtout des discussions entre partenaires sociaux, entre patronat et syndicats de travailleurs, avec par exemple des incitations fortes sur les charges sociales. Cela ne nuirait d’ailleurs pas forcément à la sécu ces baisses: un chômeur redevenu salarié, un allocataire redevenu cotisant, un consommateur au pouvoir d’achat retrouvé par rapport à sa période d’inactivité, voila qui ne peut être que bénéficiaire à tous. Reste à fixer des niveaux pour ne pas tomber dans une société de l’emploi partiel subi. Chiche ? Ah et si en plus on permet d’étendre l’auto-organisation..