Auto organiser son temps de travail une utopie ? Retour sur le #collectifdutemps | romainblachier.fr

J’étais invité ce matin au collectif du temps, qui rassemble des entrepreneurs et des cadres d’entreprises; à l’initiative de Orange pour réfléchir, comme son nom l’indique, sur les questions de la temporalité.

Nous avons eu des  échanges intéressants.

J’ai animé pour ma part une table de réflexion sur l’organisation du temps de travail.

Avec les nouvelles technologies, avec les nouveaux rythmes, les temps de travail évoluent considérablement pour certaines tâches, très loin du traditionnel 8h-18h ou 9h-19h. Il serait, dans un secteur sensible (comme l’énergie, secteur où je travaille mais il y en a d’autres) impensable de ne pas réagir lorsqu’une information majeure tombe à 22 ou 23h.

De même chez certains tempéraments et cadres de travail, la rédaction de longues notes est parfois plus aisée du domicile que du bureau, l’important pour nombre d’entreprises, par delà les horaires de travail, étant surtout que le salarié remplisse au mieux les missions pour lesquelles on le rémunére.

Enfin la France a un rapport un peu étrange avec les horaires de départ, lorsqu’ils ne sont pas entièrement fixes  comme chez les cadres. Je me souviens d’une entreprise automobile où chacun surveillait scrupuleusement l’heure de départ de ses collègues afin de jouer à celui qui partirait le plus tard...Peu importe que ce temps de surveillance, très souvent passé sur le démineur ou quelque autre jeu n’ai aucun bénéfice pour la production de l’entreprise et que ce temps soit perdu pour les autres activités du salarié. En Allemagne ou en Angleterre, on a dépassé ce concours puéril du quantitatif pour le quantitatif.  Il en résulte sur ce point, plus de possibles dans l’existence du salarié, qu’il peut ensuite apporter à l’entreprise et moins de stress et de fatigue sur ce point.

Nous avons eu une discussion passionnante sur le sujet. Tout le monde bien sûr ne peut pas avoir une large part d’autonomie, parfois par tempérament, souvent par nécessité de service. Il y a d’ailleurs un clivage peu pensé entre les salariés postés et ceux qui disposent d’un peu ou de beaucoup d’autonomie. Entre un cadre à la mission et un caissier de Mac Donald, il y a une différence de statut et de salaire mais aussi de gestion de son temps. Il est vrai d’ailleurs que les emplois les plus subalternes et les moins bien payés sont souvents ceux qui ont les contraintes horaires les plus rigides au passageAinsi on ne prête pas attention au fait que la qualité d’un emploi se mesure au salaire, aux conditions de travail mais aussi au rapport temporel. Elle demande aussi des personnes autonomes et une forte confiance.

Bien sûr celui-ci ne peut jamais, dans le cadre d’une entreprise, être entièrement souple puisqu’une société compenant des salariés est nécessairement un élément qui fait collectif. Il y a des obligations temporelles à remplir, des réunions. Tout ne peut se faire à l’objectif. Mais si nous partions davantage sur la production que sur le volume horaire, entreprises et salariés pourraient y gagner. Si et seulement si le fonctionnement a l’objectif n’est pas un prétexte pour faire travailler en permanence ses salariés.