Bouddhisme et mouvement social | romainblachier.fr


Un sujet qui ne pouvais me laisser indifférent était le pourquoi du rôle des moines dans le mouvement de protestation Birman.

Pourquoi les moines de Birmanie (rebaptisé Myanmar par la junte militaire) sont-ils à la tête du mouvement de protestation contre le régime ? Pourquoi une telle importance, un tel rôle ? Et pourquoi auparavant une telle passivité ?

La réponse est trés liée à la spiritualité des Birmans.

Quelques mots sur celle-ci:

La Birmanie, comme au Laos ou au Sri Lanka, pratique une branche minoritaire du Bouddhisme, considérée comme la plus fidèle aux

origines, le Theravada ou « Bouddhisme petit véhicule ».Il est souvent appelé péjorativement Hînayâna ce qui signifie « la mauvaise voie ».

Contrairement à la pratique de l’autre grande sensibilité, le bouddhisme « Grand Véhicule » ou Mahayana pratiqué en Chine, ce courant considère, pour résumer, que Bouddha n’est pas un être supérieur et différent mais seulement un modèle car

il a atteint l’éveil

Ensuite le petit véhicule se préoccupe de son salut individuel,la perspective de plénitude dans le Theravadala est individuelle, c’est à chacun d’en faire son expérience en suivant la voie, alors qu’elle est basée

sur des principes plus collectifs dans le Mahâyâna.

Enfin la possibilité d’arriver à béatitude est plus fermée dans la forme de bouddhisme pratiquée en Birmanie que la branche majoritaire.Elle est impossible à réaliser en restant dans le monde séculaire tant l’effort à fournir est grand.

C’est cette raison notamment qui explique le nombre élevé de moines en Birmanie (400 000).

La passivité des Birmans jusqu’ici, qui avaient certes été échaudés par la brutalité de la répression de 1988 , s’explique par la question du salut.La population considère que la junte militaire au pouvoir, par ses actes, fait du mal au peuple mais d’abord à elle-même, dans sa vie présente et future.La croyance populaire liée à la réincarnation a tendance a penser que les dirigeants du pays auront des vies ultérieures plutôt peu reluisantes !

Cela amène dans certaines campagnes à considérer que l’attitude des leaders du Myanmar est « suicidaire » spirituellement parlant et donc à diminuer le sentiment de colère puisque les comportements de la junte militaire sont considérés comme étant sanctionnés par conséquent.

Ensuite cette préoccupation du soi individuel dans la voie de la plénitude est peu propice à l’intérêt pour la chose

publique pas plus qu’à l’action collective…

On  peut aussi noter que cette branche du bouddhisme reconnait peu d’écrits reconnus dans le Mahayana comme valables.

La question de la non divinité du Bouddha mais aussi de l’exemplarité de sa vie et du peu de textes reconnus par le petit véhicule amène quotidiennement des habitants du Myanmar à consulter les moines pour leurs affaire spirituelles mais aussi les soucis de tous les jours, créant un lien fort entre population et bonzes.Cela permet également

aux religieux de vivre grâce aux dons des fidèles.

Bref au Myanmar, tout était parfait pour la dictature en place:Des richesses naturelles, une population et des moines portés à la recherche du salut individuel qu’à l’action collective, une opposition

bâillonnée…

L’étincelle qui a changé la donne, est, comme l’ont relaté les médias, l’augmentation des prix, qui ont affecté le montant des dons des fidèles.Affectés dans leurs moyens d’existence matérielle, les moines, qui ne peuvent bien évidemment uniquement être nourris que

d’esprit, sont descendus dans les rues pour protester contre la vie chère.

Voyant les guides de leur spiritualités et les conseillers de leur quotidien protester pour une cause qui les concerne directement, nombre de Birmans ont alors pris fait et cause pour les bonzes.L’opposition, en mauvaise santé, a vu dans le mouvement, qui a d’ailleurs pris soin d’aller saluer sa leader, un grand espoir.Et comme tous les habitants du Myanmar, les militaires au pouvoir respectent profondément les bonzes. Cette déférence sera-t-elle

suffisante pout éviter une virulente répression ?

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Un sujet qui ne pouvais me laisser indifférent était le pourquoi du rôle des moines dans le mouvement de protestation Birman.

Pourquoi les moines de Birmanie (rebaptisé Myanmar par la junte militaire) sont-ils à la tête du mouvement de protestation contre le régime ? Pourquoi une telle importance, un tel rôle ? Et pourquoi auparavant une telle passivité ?

La réponse est trés liée à la spiritualité des Birmans.

Quelques mots sur celle-ci:

La Birmanie, comme au Laos ou au Sri Lanka, pratique une branche minoritaire du Bouddhisme, considérée comme la plus fidèle aux

origines, le Theravada ou « Bouddhisme petit véhicule ».Il est souvent appelé péjorativement Hînayâna ce qui signifie « la mauvaise voie ».

Contrairement à la pratique de l’autre grande sensibilité, le bouddhisme « Grand Véhicule » ou Mahayana pratiqué en Chine, ce courant considère, pour résumer, que Bouddha n’est pas un être supérieur et différent mais seulement un modèle car

il a atteint l’éveil

Ensuite le petit véhicule se préoccupe de son salut individuel,la perspective de plénitude dans le Theravadala est individuelle, c’est à chacun d’en faire son expérience en suivant la voie, alors qu’elle est basée

sur des principes plus collectifs dans le Mahâyâna.

Enfin la possibilité d’arriver à béatitude est plus fermée dans la forme de bouddhisme pratiquée en Birmanie que la branche majoritaire.Elle est impossible à réaliser en restant dans le monde séculaire tant l’effort à fournir est grand.

C’est cette raison notamment qui explique le nombre élevé de moines en Birmanie (400 000).

La passivité des Birmans jusqu’ici, qui avaient certes été échaudés par la brutalité de la répression de 1988 , s’explique par la question du salut.La population considère que la junte militaire au pouvoir, par ses actes, fait du mal au peuple mais d’abord à elle-même, dans sa vie présente et future.La croyance populaire liée à la réincarnation a tendance a penser que les dirigeants du pays auront des vies ultérieures plutôt peu reluisantes !

Cela amène dans certaines campagnes à considérer que l’attitude des leaders du Myanmar est « suicidaire » spirituellement parlant et donc à diminuer le sentiment de colère puisque les comportements de la junte militaire sont considérés comme étant sanctionnés par conséquent.

Ensuite cette préoccupation du soi individuel dans la voie de la plénitude est peu propice à l’intérêt pour la chose

publique pas plus qu’à l’action collective…

On  peut aussi noter que cette branche du bouddhisme reconnait peu d’écrits reconnus dans le Mahayana comme valables.

La question de la non divinité du Bouddha mais aussi de l’exemplarité de sa vie et du peu de textes reconnus par le petit véhicule amène quotidiennement des habitants du Myanmar à consulter les moines pour leurs affaire spirituelles mais aussi les soucis de tous les jours, créant un lien fort entre population et bonzes.Cela permet également

aux religieux de vivre grâce aux dons des fidèles.

Bref au Myanmar, tout était parfait pour la dictature en place:Des richesses naturelles, une population et des moines portés à la recherche du salut individuel qu’à l’action collective, une opposition

bâillonnée…

L’étincelle qui a changé la donne, est, comme l’ont relaté les médias, l’augmentation des prix, qui ont affecté le montant des dons des fidèles.Affectés dans leurs moyens d’existence matérielle, les moines, qui ne peuvent bien évidemment uniquement être nourris que

d’esprit, sont descendus dans les rues pour protester contre la vie chère.

Voyant les guides de leur spiritualités et les conseillers de leur quotidien protester pour une cause qui les concerne directement, nombre de Birmans ont alors pris fait et cause pour les bonzes.L’opposition, en mauvaise santé, a vu dans le mouvement, qui a d’ailleurs pris soin d’aller saluer sa leader, un grand espoir.Et comme tous les habitants du Myanmar, les militaires au pouvoir respectent profondément les bonzes. Cette déférence sera-t-elle

suffisante pout éviter une virulente répression ?

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