Les 5 dimensions de Thomas Rudigoz | Romain BlachierRomain Blachier

10h ce matin,le funiculaire s’arrête au terminus, la rue est penchée et animée et les étudiantes du BTS voisin ont l’œil humide, mateur et mutin.

Bienvenue à Lyon en altitude, bienvenue à Saint-Just, évangélisateur de la Northumbrie en Angleterre mais surtout quartier de Lyon 5e, bienvenue dans le quartier où j’ai rendez-vous ce matin avec Thomas Rudigoz, adhérent du MODEM représentant la majorité municipale, soutenu par le PS et les verts et qui est sera, on l’espère, ou non conseiller général du 5e dimanche prochain face à la candidate sarkozyste.

Nous avons rendez-vous au Café des Amis, dans un de ces lieux qu’affectionnait particulièrement Annie-Marie Comparini, dont Thomas est un proche.La députée du Rhône y avait sa permanence à un jet de pierre de là.Avant d’aller visiter ensemble le club bouliste de Saint-Jus lors d’un repas sympathique, j’ai enclenché le magnéto autour d’un expresso.

Thomas, qui est-tu en fait?

Je nomme Thomas Rudigoz, je suis marié, j’ai deux filles, ma famille est une vraie passion pour moi.
 Je suis adhérent à l’UDF-MODEM.Je suis soutenu dans ma démarche par la majorité municipale de rassemblement de la gauche, du centre et de la société civile et le Maire de Lyon.Actuellement secrétaire général du groupe UDF-MODEM, j’ai travaillé pour Raymond Barre à la ville de Lyon puis pour Anne-Marie Comparini à la région Rhône-Alpes.Auparavant j’ai été journaliste,notamment à RCF et étudiant en histoire.Entre les deux j’ai fait mon service à Montélimar puis à Lyon.C’était assez festif.

Montélimar, festif?Tu es allé au Patio, la boite de nuit (NDLR:trés tuning-bimbos-106) du coin?

Non, c’était 1994,la ville était peu animée

Ca s’est un peu réveillé depuis, moi j’aime bien, j’y vais parfois

Oui y’a eu du travail de fait mais à l’époque c’était mort.Je me suis plus amusé en revenant faire mon service à Général Frére.On était trois à arriver à ce moment deux mecs du sud et moi.On a sans doute préféré mon léger accent lyonnais aux sonorités méridionales de mes collègues.

Oui c’est vrai tu es comme moi un lyonnais de naissance.

Oui et même un gône du 5e, j’en suis passionné comme toi tu l’es du 7e.J’y ai passé mon enfance, j’y ai fait ma scolarité, j’y habite, j’y ai fait mes premiers pas à l’église et j’ai intégré une expérience unique dans laquelle j’ai rencontré des amis pour la vie:Les Scouts de France.

Justement, parlons un peu de ça.Tous deux fervents défenseurs de la laicité à une époque où celle-ci subi des attaques, nous sommes des chrétiens pratiquants (un peu) qui faisont de la politique.Ca se traduit comment dans tes valeurs?

Je pense que ma foi m’amène une éthique de respect de l’individu, une liberté, un sens de la solidarité…

Et une forte éthique de responsabilité

Tout à fait.La société a de toutes façon a besoin de tout cela, de solidarité, de libération d’individu et de responsabilité qui amène d’ailleurs aussi à l’attention aux autres.

Comment te retrouves-tu en politique?

En fait au départ comme je te l’ai dit je bossais un peu dans le journalisme.Ensite j’intégre les services de presse des adjoints de Barre.Là je fait une rencontre majeure dans ma vie politique, celle d’Anne-Marie Comparini que je suivrait à la région et qui, UDF, se fera élire avec les voix du centre et de la gauche face à l’alliance droite/extrême-droite de Charles Millon.

Oui c’est quelqu’un qui a de la personnalité et du courage.Je me rappelle qu’elle monte à la tribune une fois présidente de la région et que des élus de droite lui demandent de retourner faire la vaisselle, que le FN hurle et qu’elle bouge pas.J’ai fait deux campagnes face à elle et c’est quelqu’un de trés honorable, avec une vraie personnalité et une écoute des gens,une éthique et un vrai self-contrôle.Une leçon pour certains à gauche.Ca m’a fait d’autant plus plaisir que ses proches viennent travailler dans la majorité de Gérard Collomb…

Oui c’est une personne pour laquelle j’ai une vraie fidélité.Son parcours personnel,sa vie ont été semés d’embuches et elle tient.C’est quelqu’un d’exigeant avec les autres mais encore plus avec elle-même.C’est une qualité de vrai leader.

Et après sa défaite aux législatives, elle renonce à se présenter à Lyon pour les municipales, le début d’une longue histoire pour l’UDF-MODEM lyonnais…

Oui,elle se dit que ça va être compliqué, que tout le monde ne joue pas franc-jeu, que Mercier et certains vont vouloir garder les vieilles alliances, y compris avec les millonistes qui l’ont combattu et que les stratégies individuelles vont l’emporter sur le dessein commun.En plus elle a été présidente de région, elle veut pas se retrouver adjointe ou conseillère municipale et elle se dit qu’il y a pas que la politique dans la vie.Donc les municipales approchent et de nombreux candidats émergent.Lorsque tout ça se regroupe un peu pour moi le meilleur c’est Begag.

On te voit pas forcément sur le devant de la scène à ce moment

Je ne sais pas si l’aventure Begag est solide.Il fait l’erreur à mon sens de tomber dans des pièges, notamment tendus par certains proches de Mercier.Pourtant on avait là un candidat populaire, connu, ancien ministre et qui avait fait un score élevé aux législatives, même si on aurait pu faire encore plus sur cette circonscription…

Oui mais en face j’étais là avec Touraine, notamment sur la partie 7e qui est celle qui a le plus progressé pour la gauche entre deux législatives, rires…

Oui c’est vrai que la campagne très terrain de Touraine sur laquelle tu as joué un rôle plus qu’actif à joué et puis là il y a le soutien de Begag au deuxième tour qui a l’a aidé à gagner face à Dubernard.

Oui ils avaient discuté tous deux et s’étaient mis d’accord pour un désistement de celui arrivé en second des deux.Moi je suis allé voir Begag lors d’un café politique à Saxe pour le saluer de gône de la guille à gône de la guille et lui dire qu’on se retirait pour lui si il était seul face au député sortant UMP.Tu vois quand j’étais adolescent j’ai lu le gône du Chaaba dans ma chambre au Cameroun, pour moi Lyon c’était loin et ça devenait un peu abstrait, un peu le coin où je venais un peu me faire chier à certaines vacances et là c’était concret, c’était un rayon de ma ville de naissance sous le soleil d’Afrique.Je lui raconte sincèrement la chose devant les militants et sympathisants MODEM et j’ai de l’émotion en  disant  ça, sincèrement.Les mecs et les nanas ont du le sentir et ils ont applaudi.Ca m’a fait plaisir.

Oui,tu as raison, ça avait été un moment de la vie politique lyonnaise qui montrait que les choses avaient changées. Là on tient un mec qui a été dans un gouvernement de droite,qui n’est clairement pas socialiste mais qui sait aussi faire des choix de convergences de valeurs avec des gens de gauche à l’occasion, qui a une vraie notoriété.Mais il tient pas et s’en va.Là après on des gens qui coûte que coûte veulent faire un accord avec Perben qui s’est allié aux millonistes et au MPF qui nous ont combattu à la région.Là commence l’histoire d’afficher le fait de monter une liste tout en discutant avec l’UMP et les amis de Charles MIllon.Pour faire passer la pilule on prétend que Collomb ne veut pas de centristes ou pas certains d’entre eux alors que Gérard est demandeur.Lorsque le candidat qui doit monter normalement la liste me dit en décembre que de toutes façon il veut aller avec Perben et ses alliés moi je lui dit non.Je connais ces gens-là depuis la présidence de région, ils ont trainé Anne-Marie et l’UDF dans la boue,ils n’ont pas de vision pour notre ville,leur programme est trop déporté sur la droite, je ne veux pas…

Ca ne fait pas tout seul une adhésion à Collomb ça, qu’es-ce qui te fait alors adhérer à sa démarche et être candidat, avec d’autres MODEM sur les listes du maire des lyonnais ?

Déjà le premier truc, c’est 2002 et le congrès fondateur de l’UMP…

Ah oui le truc où il arrive et une partie de l’UDF a rejoint l’UMP et là il arrive et dit cette phrase: « Si nous pensons tous la même chose, nous ne pensons rien ».Il sait qu’il y a des milliers de personnes qui vont le huer et il vient.C’est la premiére fois que j’écrivais à un homme politique national hors PS pour le féliciter.C’était impressionnant de courage, même si il y avait une  part de calcul.Il est apparu comme un leader à ce moment-là.

C’est le moment où c’est un peu le basculement.Je suis à la région et c’est dur les deux dernières années avec l’UMP.On rame jusqu’à la défaite de Comparini 2004

Rire.La victoire!

Oui mais moi je suis de l’autre côté sur cette élection là, rires.
Et puis on se met à bien bosser avec certains au groupe socialiste, à voter des choses ensemble parfois, à s’opposer comme à construire en fonction des projets.Tout le monde n’est pas toujours d’accord au sein du groupe UDF-MODEM dont je suis secrétaire général mais la démarche est là.En 2007 je vote Royal contre Sarkozy au deuxième tour, là on est encore dans le vote de rejet.Sur les municipales c’est différent,c’est une adhésion à un homme et un projet. Collomb a une vision pour Lyon, se situe comme moi au centre-gauche, a monté de grands projets, c’est un modéré et il pratique une politique progressiste et pragmatique.Je suis fier d’être élu de sa majorité avec d’autres amis de l’UDF-MODEM.

Pourquoi faut-il voter pour toi dimanche ?

¨Parce que je connais mon terrain, les habitants pourront trouver quelqu’un d’accessible et à leur écoute, qu’il va falloir quelqu’un de solide pour défendre les questions de maison pour les personnes âgées, l’animation des associations, faire un vraie lien avec la ville, se battre pour une politique de solidarité et de responsabilité, assurer le suivi du dossier du TOP…Moi je suis fasciné, amoureux de ce 5e qui est en même temps canton et je veux qu’il soit représenté de façon dynamique au conseil général.

Merci à toi!