5 choses qui m'agacent sur Twitter | Romain BlachierRomain Blachier

Mais, diable, à quoi sert twitter ?

Une question que se pose le néophyte mais aussi parfois l’utilisateur confirmé, le baroudeur averti et blasé. Je vois d’ailleurs de plus en plus d’enthousiastes du début déserter petit à petit le terrain.

En cause ? Pas mal de choses. J’en vois au moins cinq.

Le passage excessif au second écran

Là où certains utopistes voyaient de nouveaux médias s’instaurer via les réseaux sociaux, ce sont plutôt ces réseaux sociaux qui deviennent un simple relais des médias traditionnels à grands coups de secret Story et de L’Amour est dans le pré.

 TF1 ne s’y trompe pas lorsqu’il signe divers deals avec twitter. Comment le lui reprocher? Les soirs d’émissions télévisés, en particulier de tv réalité, les timelines sont envahies de hastags d’émission.

Et comment le reprocher aux utilisateurs ? Il m’arrive de tweeter du rugby, des émissions d’actualités, etc…

La futilité

Les hastags les plus partagés sur le réseau le montrent, ce ne sont pas toujours les sujets qui font le plus sens qui opérent. Certes ce n’est pas grave puisque Twitter est aussi un espace de loisir. Je dirais qu’il est même d’abord un espace de loisir. Mais comment ne pas s’agacer d’y voir que la moindre danse provocatrice de Miley Cyrus y prend plus de place, beaucoup plus de place que la situation des réfugiés en Ouganda ou les inégalités à l’école en France. En cela on retombe sur le point précédent : twitter n’est souvent qu’un reflet de la télévision.

Second aspect de la futilité: comment aborder, mais c’est le format qui veut cela, un sujet très complexe en 140 caractères sans le caricaturer?

Banalisation de la twittosphére

Bien évidemment les cartes sont redistribuées quelque peu sur twitter en matière d’influence, certains y exerçant un magistère bien supérieur à ce qu’ils ont dans d’autres sphères. Bien sûr, certains journalistes débutants sont parfois bien plus influents que des pros confirmés, qu’il y a quelques petits élus plus suivis que des ministres, que des « personnalités et célébrités » se forment via twitter. Il y a toujours des Maitres Eolas, des Humour de Droite. Encore que le premier soit d’abord et avant tout un excellent blogueur.

Mais de plus en plus on est suivi et RT aussi parce que l’on est une célébrité par ailleurs. Une logique extérieure au réseau. De quoi sans doute désespérer Thierry Crouzet. Tiens sinon un One Direction vient de franchir les 16 000 0 00 0 00 Flowers…c’est l’info du soir où j’ai écrit ce billet.

Le trolling

140 caractères, du pseudo, de l’instantané, le trolling est facile et rapide sur twitter. D’autant que l’on ne croise pas mal de situations et de comportements un peu pénibles. J’en avais déjà parlé et il y en a d’autres, des plus bénins au plus gênants.

Quand vous tweetez, c’est comme si vous affirmiez quelque chose à des centaines ou des milliers de personnes en même temps. Du coup cela peut réagir. Et d’autant plus que avec les téléphones on est à même de réagir davantage à l’instantané.Samuel Laurent faisait une analogie: Dans la vraie vie, Twitter équivaudrait à se promener dans la rue en discutant et qu’on vienne régulièrement vous interrompre pour faire des remarques. De quoi vous faire ressentir comme une jolie fille dans un quartier mal famé. Sauf que vous avez choisi.

Le réseau lui-même met en exergue les débats et discussions avec le système de blue line. Logique enfin lorsque l’on sait, mais c’est une richesse du réseau, que le plus pro-palestinien des twittons, se trouve à un tweet du plus inconditionnel ami d’Israël, que le plus ardent adepte de l’égoïsme conçu en doctrine politique se trouve parfois dans les mêmes échanges que le plus solidaire des humains. Et puis il y a surtout beaucoup de ridicule: je le vois chaque année lors de la publication annuelle de mon classement des twittos lyonnais: nombre de ceux que j’oublie ou qui croient ne pas en être trollent parce qu’ils n’y sont point. Alors que l’enjeu y est moins que dérisoire.

Les exemples sont nombreux, parfois très glauques. Jusqu’au vraiment agaçant l’insulte gratuite, l’envie de provoquer des duels infantiles, de troller des moments importants de votre existence, etc. que de perte de temps et de stress parfois plus utilement employé, surtout quand on a fort peu de temps.

Le relativement faible impact en matière de visites

Pour les blogueurs et animateurs de sites, twitter est un excellent outil à première vue pour amener du trafic. Pourtant à regarder de près, ce n’est pas toujours le cas: Nicolas évoquait l’autre jour le faible nombre de gens provenant de ce réseau social parmi les lecteurs de ses blogues. Comme la montre différentes études, beaucoup d’internautes ne lisent pas les contenus qu’ils partagent. Je le vois d’ailleurs de mon côté: nombre de mes articles les plus diffusés sur les réseaux sociaux ne sont pas les plus consultés.  Pourtant la presse a compris qu’un bon titre cela pouvait tout de même permettre de faciliter la diffusion, quitte à ce que le contenu ne suive pas vraiment.

Et moi dans tout cela ?

J’y suis assez actif, il paraît. Mais un peu moins depuis un an. J’y ai par contre une utilisation mixte. Qui est globalement mais pas toujours, assez bien comprise? Qui est globalement compris? Je ne tweete pas que du sérieux, pas que du politique, pas que du pro (d’ailleurs mes activités d’entreprises sont soumises pour la plupart à un devoir logique de discrétion) pas que du sport, pas que du web, pas que du élu mais un peu tout cela en même temps. Je tweete souvent dans le bus ou dans une pause entre deux dossiers, deux rdv. Je rencontre au monde, je discute, même si mon outil de discussion préféré reste le blogue. Par contre, j’ai moins de goût et plus de temps pour les clashs. J’ai tendance à bloquer les vraiment pénibles. Ceux qui dérapent surtout.

Je n’ai pas le goût, pas l’envie, je ne vois pas l’intérêt.Après tout, être followé sur twitter n’est pas une obligation.Inutile de crier à la dictature ami troll quand j’unfollow, je ne te retire aucun droit et il y a d’autres canaux de discussions.

Et il y a tellement d’autres endroits pour parler non ? Reste que Twitter est l’un d’entre eux où j’aime le faire. Malgré tout.