7 solutions pour sortir de la crise de la dette | Romain BlachierRomain Blachier

L’une des conversations de bistrot virtuel (expression laissée par Didier sur le blog de Nicolas) ce sont les moyens de sortir de la crise de la dette.

J’en ai relevé un certain nombre ces derniers jours, sur le web comme ailleurs. Aucune n’est complétement une résolution du problème, certaines sont dangereuses mais toutes comprennent leur part de vérité à leur façon.

CC, Louis, Elmone et Seb Musset préconisent d’abord de faire payer les très riches, qui sont, ils vrai, moins généreux en France que certains des USA comme le fait à juste titre remarquer Juan. On pourra nuancer qu’ils sont il vrai, souvent également moins prospéres que dans le pays d’Obama, n’ayant ni créé Windows, Apple ou tout simplement Paypal. Mais il est vrai que ces dernières années ont été celles de toutes les facilités et de toutes les irresponsabilités pour les 1% de français les plus aisés et qu’il conviendrait qu’ils participent, comme tous les autres, à l’effort national. L’argument de la droite selon lequel une telle mesure ne serait nullement un élément de solution parce que tout ce monde partirait de France est inopérant: augmenter les impôts sur les hauts revenus n’a jamais fait baisser les recettes fiscales. Mais il ne constitue pas non plus l’alpha et l’oméga du problème, seulement une partie de sa résolution.

Melclalex et Nicolas, proposent eux de faire fonctionner la planche à billets. T’as plus d’argent ? Ben t’as qu’a en fabriquer. Cela peut se faire, l’Euro est encore trop fort du fait du gouvernement Allemand. Cela permet au pays de Luther d’afficher de continuer ses exportations fabuleuses tout en maintenant une inflation faible, démontrant d’ailleurs qu’il est possible de produire, y compris dans l’industrie, en Europe. Mais cela améne à payer nos dettes au prix fort, surtout quand en France les gouvernements UMP ont réussi l’exploit de creuser notre dette à un niveau jamais atteint, même avant la crise. Défaut du remède: cela susciterait de l’inflation. Il pourrait, comme je l’ai lu, être certes amusant de payer les marchés financiers à qui nous devons ces sommes, en billets qui ne valent rien. Mais une baisse généralisée du pouvoir d’achat des ménages via une augmentation des prix n’est pas non plus la solution. Par ailleurs la banque centrale est indépendante en Europe, ce qui est devenu discutable après avoir été indispensable pour faire l’Euro dans un premier temps. Encore une demande causée par les exportations allemandes et une histoire de marks dans des brouettes qui a amené Hitler au pouvoir. Mais laisser filer un peu l’inflation et la demande, diminuer un peu de la valeur de notre dette lorsqu’elle est libellée en euros, c’est à coup sûr un autre élément de solution. D’autant que la lutte contre l’inflation, qui devait nous apporter des finances saines, est bien loin d’avoir rempli son contrat.

Diminuer l’action de l’Etat, réduire la dépense publique. Cela fait des années que l’on diminue les moyens d’action des puissances publiques, le nombre de ceux qui agissent en son nom et ses missions. Si un peu de rationalisation est sans nul doute à faire dans certains secteurs pour éviter les dépenses inutiles, si des marges existent, force est de constater l’échec de cette politique: la dette continue de filer. Les inégalités aussi.

Taxer les banques et les marchés financiers: Il y a déjà un certain nombre de taxes et de charges sur les produits financiers. Reste que les échanges, le trading sont fort peu pénalisés quand on connait les conséquences qui se jouent autour de la corbeille. Le tabac, l’alcool, sont taxés car ils sont susceptibles d’abimer la vie de ceux qui les consomment et d’avoir un coût pour la collectivité. Quand on pense aux dégâts sociaux, économiques et environnementaux de la bourse, on se dit qu’on est certes dans une activité qui doit rester légale (les entreprises ont besoins d’investisseurs) mais qui a sacrément besoin d’être taxée pour réparer ses dégâts sur nos vies.

Réformer les agences de notation. Je lisais sur la toile qu’il fallait fermer les agences de notation. Il est vrai que celles-ci sont gonflées d’imbéciles incompétents qui trouvaient que ENRON était une super boite dans laquelle investir quelques heures avant que cette pompe à finances de la droite US ne se casse la gueule. Des gens comme cela n’ont même pas le niveau pour faire stagiaires chez Quick, ce serait même insultant pour cette honorable entreprise. Mais les marchés ont besoin d’indicateurs pour se déterminer. Enlevez ces agences de notation et elles trouveront un moyen moins transparent de déterminer leurs risques. Ca pourrait être marrant remarquez dans l’absolu. Imaginez à la sortie de BNP-Paribas des types en imperméable « pssssit, eh mec, j’ai les chiffres du Zimbabwe stu veux. Sinon j’ai la solvabilité des Slovénes mais de la bonne, hein jte jure! « . Ou on pourrait faire une agence de notation publique. Certains préconisent cela. Je ne suis pas sûr que l’idée soit bonne: ou l’agence mettrait les mêmes notes que les autres et cela ne servirait à rien ou elle serait plus favorable à ses Etats commanditaires de façon artificielle et cela n’apporterait aucune crédibilité à ses travaux. A moins que, publiques ou privés, on fixe des critéres de notations internationaux aux organisme de notation. Lourde tâche mais pourquoi pas. On parlerait aussi en termes de durabilité des investissements, moins sur le court terme. Voici un autre bout du problème.

Relancer l’économie. Cela passerait à la fois par une politique ambitieuse concernant la recherche et les technologies (Apple est une société dont la trésorerie dépasse celle du gouvernement US) et un soutien à la création d’entreprise, pour créer de la richesse et de l’innovation. Il y a quelques éléments intéressant ces dernières années dans le second terme mais le gouvernement a réduit comme peau de chagrin notre recherche nationale, ne laissant aux chercheurs français que de quoi éventuellement ressortir un nouveau modéle de minitel.

Dernier truc tentant mais pas vraiment solutionnant: ne pas rembourser. Rien. Nada. Dire à ces marchés financiers qui nous ont mis dans la merde qu’on ne les paiera pas. Tentant mais pas très réaliste. A moins de trouver où recaser tous ces banquiers (mais vous avez peut-être une petite idée ? ) . Ah et surtout de ne plus avoir besoin d’emprunter plus tard…