Il est signe d’intelligence que les électeurs grecs se soient rendus compte que leurs difficultés de ces dernières années venaient de la question sociale plutôt que de fantasmes identitaires délirants, dans celle de la haine des autres salariés parce qu’ils gagnent plus ou moins que vous, parce qu’ils travaillent dans un secteur qui n’est pas le votre parce qu’ils appartiennent à un statut différent de soi tels que vendus par les différents BFMTV européens
Les grecs ont donc répondu à un problème social par une réponse sociale. Et tant mieux, certains de mes amis blogueurs ont bien raison de se réjouir. Cela peut être une expérience intéressante pour le peuple européen (oui contrairement à la gauche radicale française, j’ai tendance à dire LE peuple européen) que cette victoire de la gauche dite radicale. A commencer d’ailleurs par le Front de Gauche qui espère bien capitaliser sur la question. D’ailleurs attendez-vous à ce que la Grèce dans les discours dès l’arrivée au pouvoir de Syriza pourrait lui être bénéfique mais pas forcément uniquement là où il l’attend. Entre attachement à l’Europe et réformisme, Mélenchon pourrait apprendre beaucoup de Tsipras. Et pas seulement lui. Comme le disent à juste titre mes camarades de Cohérence Socialiste Alexis Bachelay et Nadège Abomangoli, les soutiens de Syriza n’ont pas forcément lu le programme du parti qu’ils appuient. Un parti qui, qu’il ait la majorité absolue ou doive passer par une alliance avec le petit parti de centre-gauche européen La Rivière, aura de quoi tenter d’appliquer ce qu’il a promis.
Syriza est un parti européen
Issu de différents courants de la gauche radicale, Syriza est composé de formations ayant pour beaucoup splitté du PC grec parce que trop nationaliste. Tout comme l’est souvent le PASOK, qui fut longtemps, comme certains politologues le rappelaient dans Libé, plus proche dans ses convictions des nationalistes socialisants du FLN dans son fond politique que des partis socialistes européens. Tout dans le programme de Syriza rappelle l’attachement du parti à l’Europe, d’une façon qui ferait à coup sûr tousser dans une partie importante de ses soutiens français.
De même sur le plan des institutions nationales, où Syriza prône une décentralisation qui ferait tousser le jacobinisme de certains de ses amis de l’hexagone…
Syriza se situe dans une perspective de réformes sociales dans le cadre de l’économie de marché
Loin du grand soir, Syriza entend réformer les aides sociales et l’accès à la santé pour environ 12 milliards. C’est urgent dans un pays où les niveaux de pauvreté ont atteint des seuils scandaleux. Mais il n’y a rien qu’un socialiste ou un social-démocrate ne puisse signer. L’une des réformes de Tsipras est d’augmenter le salaire minimum…aux alentours de 800 euros. Loin de Lénine tout ça n’en déplaise à la très alarmiste droite grecque.
Syriza sera-t-il un nouveau parti des travailleurs brésiliens ?
Le Parti des Travailleurs est le parti qui dirige le Brésil depuis de nombreuses années. Il est au départ classé à la gauche radicale du pays. Depuis son accession, il mène une politique sociale, sortant de la pauvreté des millions de Brésiliens, boostant l’économie et faisant du pays une voix écoutée dans le monde. Une politique sociale-démocrate, bien loin de certains élans révolutionnaires des débuts du parti à l’étoile rouge, idole des alters-mondialistes dans les années 90. Mais une politique de type sociale-démocrate qui fonctionne. N’en déplaise à Mélenchon et à ses amis qui ont toujours préféré Chavez dans les luttes d’influence sud-américaine. Un destin à la Parti des travailleurs du Brésil, un des chemins possibles et sans doute celui que je souhaite le plus à Syriza. Loin des marchands d’illusions comme des marchands de déception.
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