Non je ne suis pas un anti-vallsiste primaire. Même si je ne partage pas certains des choix fait par le Premier Ministre. Mais j’avais voté pour lui par défaut au premier tour des primaires socialistes , avant de pencher au second pour François Hollande. Et je m’étais aussi élevé contre le délit de sale gueule idéologique qui avait été fait à Manuel Valls lors de sa nomination comme chef du gouvernement.
Par la suite je n’ai donc pas toujours partagé ses choix, loin de là. Et avec nombre de mes amis nous nous avons souvent débattu de certaines mesures posées, plaidé parfois pour d’autres solutions, tout en soutenant en général le gouvernement.
Mais la séquence actuelle, entre déchéance de nationalité, lois sur le travail de El Khomri et désormais risque de suppression du principe pollueur-payeur, ne me parait pas anodine.
Ce sont à chaque fois des mesures déstabilisant l’électorat de gauche qui sont affichées, rendant floue la frontière entre les camps et ne permettant pas spécialement de résoudre les problèmes qu’elles sont censées résoudre.
Je ne vois par exemple pas comment> les lois El Khomri pourraient contribuer à créer de l’emploi. Bien pire, je pense qu’elle pourraient en détruire ou au moins empêcher la création de nouveaux postes de travail. Je ne vois pas non plus en quoi inscrire la déchéance (déjà existante dans la loi) dans la constitution peut faire reculer le terrorisme.
Et même pour les quelques partisans des réformes à gauche, le compte n’y est surement pas: on déstabilise durablement le camp babord de la République avec les lois El Khomri avant de différer le texte et peut-être d’en vider le contenu. Bien pire: on transforme ce qui était au départ une intention louable, rendre plus lisible le droit du travail, avec un texte déséquilibré. Du coup, comme le dit Attali, on ne réforme pas. Au contraire on donne l’impression que le réformisme est injuste.
Pourtant on a besoin de lutter contre le terrorisme. On a besoin de faciliter l’emploi dans notre pays. Mais ce n’est pas vraiment ce qui est effectué par les mesures prises et prévues. Qui par contre déstabilisent le coeur de l’électorat du Président et de la majorité gouvernementale.
Après la question de la République, du travail, c’est donc aux principes écologiques, autre préoccupation des électeurs de gauche, que veut s’attaquer le gouvernement. Je ne suis pas sûr que ce texte là ira jusqu’au bout. Mais je ne suis même pas sûr que le but soit qu’elle aille jusqu’à réalisation cette intention de supprimer le principe pollueur-payeur.
Ce n’est pas prendre la mesure qui intéresse forcément certains au gouvernement. Mais c’est plutôt d’afficher, de faire penser à l’électeur de gauche que le pouvoir actuel est capable de vouloir ce type de mesures.
L’idée portée par le chef du gouvernement est, on a de plus en plus l’impression, de démobiliser l’électorat de gauche. Qu’il ne se déplace pas, cet électorat, pour voter Hollande. Et suite à cet échec, que Valls récupère le corps meurtri du Parti Socialiste. Pour porter plus vite sa candidature sur les cendres de la gauche. Il doivent être beaucoup à jouer ce coup d’après. Un coup qui pourtant fait plonger et le Président et le Premier Ministre dans les sondages.
Cette sinistre explication serait paradoxalement rassurante. Elle montrerait qu’il y a quelque part une rationalité à ce qui est en train de se passer.
A moins qu’il ne s’agisse de déplacer la droite encore plus à droite. Jeu dangereux tant la droitisation des Républicains-UMP n’a pour l’instant pas empêché le parti de Sarkozy de remporter de nombreux territoires ces dernières années. En profitant de l’abstention de beaucoup d’électeurs de gauche.