J’étais ce matin, avant de partir en voyage pour me rendre au Reggae Sun Ska avec des amies, en train de prier. Un peu après avoir relu l’Epitre aux Ephèsiens.
Ca s’annonçait une belle journée, ça s’annonce d’ailleurs toujours une belle journée. Même si j’ai réussi à perdre mon Ipod en route.
Des burqinis de Marseille à la piscine sur les réseaux sociaux
Je priais d’une des façons, que nous, protestants, aimons souvent pratiquer. J’ai effectué une prière de reconnaissance. Pour le jour qui allait se passer. Pour l’existence. Parce que nous, et moi plus qu’un autre, oublions de dire merci, oui merci, mille mercis, pour ce que nous vivons. Et nous focalisons d’abord sur ce qui ne va pas. Ou ce que nous considérons qui ne va pas. Je prie comme ça, nous prions comme ça, en souhaitant aussi à ce que le bonheur et la liberté aillent chez les malheureux. Et en voulant, en demandant, d’avoir la force d’agir pour que le désespoir soit moins présent sur cette terre.
Après ma prière et, prenant mon bagage pour partir, j’ai regardé mon téléphone. Un copain, un homme raisonnable en temps normal, m’avait envoyé un texto » T’as vu cette histoire à Marseille avec les islamistes à la piscine ? c’est la fin de la France ! »
Les « islamistes à la piscine, la version flippante de Martine à la plage ? » j’ai eu envie de répondre. Oui j’étais, je suis, un peu sardonique. Mais en fait je n’ai pas blagué sur cela. Finalement. Cette histoire n’est pas amusante tellement elle se forme en révélations. De notre époque. De nos approximations.
Une obsession pour le burqini
Je l’avais vue cette question de la soirée organisée par Smile 13 au sein de la Métropole de Marseille, ce territoire qui, sous l’influence d’élus LR peu compétents, perd de la place qu’elle devrait avoir en France. Lue. Vue. Revue. Relue.
En fait depuis hier je ne vois passer que cela un peu partout sur les réseaux sociaux : une association (une structure de droit privé donc) a décidé de se louer un centre aquatique (privé aussi) le Speed Water Park dans la métropole marseillaise, afin d’organiser une soirée. Privée là encore. D’ailleurs la polémique a monté avant même que la réservation ait d’ailleurs réellement été effectuée auprès du centre nautique en question.
L’association, privée donc, demande un dress-code à sa soirée. Une soirée privée rappelons-le. Pour entrer. Pour entre dans sa soirée privée dans l’endroit privé qu’elle loue.
Je crois même que l’association recommande seulement la tenue. Mais recommander dans une soirée privée c’est toujours un peu commander de faire. Mais peu importe. Dans une soirée privée où on obliger personne à aller, c’est le choix de chacun de venir ou pas.
Certains l’ont traduit par l’obligation, mais ils se gardent encore une fois de rappeler qu’on peut aller à cette journée ou faire autre chose de ce jour. De faire de revêtir la burqini, cette burqa version lycra de plage. Parce que l’image frappe quand on parler de burquini. En fait, dans la demande, il s’agit de ne pas avoir le ventre nu. On peut donc venir avec un maillot une pièce. Comme dans certains concours de Miss qui le prohibent.
Moi je trouve ça absurde ce commandement. Mais peu importe en fait puisque c’est une soirée à laquelle je ne suis pas invité et à laquelle je n’ai pas prévu de me rendre. Une soirée privée, comme il s’en déroule des dizaines de milliers à laquelle vous n’êtes pas conviés. Ouij e trouve l’idée absurde l’idée de demander aux femmes de se couvrir pour des raisons religieuses. Dans toutes les confessions.
Je trouve ça absurde de voter pour Sarkozy ou Morano et je ne suis pas d’accord avec le fait que la terre serait plate. Mais faut-il interdire les réunions de l’opposition et des complotistes géographiques ?
Comme je trouve absurde de me mettre un collier de chien sur le cou dans d’autres soirées. Alors que d’autres événements exigent ou recommandent de porter cela. De porter un collier de chien pour entrer. Ou de se couvrir le visage. Oui. Par exemple avec une cagoule en cuir. Là, il y’a moins de bruit sur les réseaux sociaux. On en parle peu sur Facebook. On exhibe moins, bien moins, la dignité dans ces affaires. Pourtant tant que personne n’oblige personne à adopter son mode de vie, quel est le problème ? Pareil je trouve ça absurde de voter pour Nicolas Sarkozy ou Nadine Morano et je ne suis pas d’accord avec le fait que la terre serait plate. Mais faut-il interdire les réunions de l’opposition et des complotistes géographiques ?
En fait, cette histoire de soirée, d’après)midi en fait, dans une piscine de la région Marseillaise, c’est juste comme lorsque la plupart des gens organisent une soirée. Il y a des codes. Tenue correcte exigée, venir en blanc, en rouge, en jaune, en vert, venir nu, venir avec un partenaire sexuel, masqué venir déguisé en drag-queen, venir avec une tenue qui commence par la lettre R etc…
Faut-il interdire les soirées de première communion catholique, les baptêmes protestants, le shabbat juif et le reste parce que c’est privé, dans un cadre privé mais que ça va pas à tout le monde ?
Combien de fois par an, et cela varie selon nos moeurs et la sociabilité que nous avons les uns et les autres dans le cadre d’une soirée, d’un mariage, dans une boite ou une soirée à thème, sommes-nous sommés de respecter un certain dress-code ? D’avoir une certaine tenue ? Et, même, pour ceux qui en sont friands, de faire montre d’une certaine conduite stricte ou à l’inverse d’une certaine liberté sexuelle ? Une certaine préférence ou tendance dans nos vies ? Le temps de cette soirée ? Faut-il interdire les soirées de première communion catholique parce que c’est privé mais pas laïc ?
Ils en ont le droit heureusement ces gens qui veulent avoir une soirée à thème. Tant qu’ils n’imposent pas dans le reste de la vie et à celles qui ne veulent pas. C’est pour cela qu’on parle de soirée privée, d’après-midi privé. Là c’est différent parce que c’est privé. Libre. Et donc parce qu’en démocratie, en République, on a le droit de faire ce qu’on veut entre adultes consentants dans une soirée qui ne concerne que nous. Faire l’amour à plus de deux si on veut. Se faire fouetter en public. Ou, si cela correspond à ses convictions, porter ou ne pas porter telle ou telle tenue. Parce que, encore une fois, dans le privé on fait ce qu’on veut entre adultes consentants.
Contrairement au Front National, Smile 13 ne me fait pas payer sa soirée avec mes impôts
Je ne suis pas sado-masochiste mais j’aime être dans un pays où ceux qui le souhaitent, peuvent vivre cette pratique sexuelle dans le cadre de leur vie privée sans être ennuyés. Sous réserve, encore une fois, de consentement. Je ne suis pas d’accord ni théologiquement ni politiquement ni philosophiquement avec le fait de couvrir les femmes. Je suis un supporter de la loi contre la burqa en public. Et chaque fois que quelqu’un voudra interdire quelque chose à la République sous motif de religion, je serais là. Et j’étais là. Par exemple lorsque certains ont voulu interdire le mariage pour tous. Et ils n’étaient pas, loin de là, tous musulmans.
Et si une femme se sent mal à l’aise avec le fait d’être en bikini à la piscine, c’est son droit. Dans une soirée privée. Après tout, le FN, qui condamne l’événement, dépense l’argent de mes impôts dans des cultes religieux dans les villes qu’ils détiennent. Au moins l’association dont il est question ici, avec qui je n’ai autant de points communs que Chevènement avec le respect du bien public et des logements à destination des classes populaires, ne me demande pas un euro.
La laïcité est une notion publique
Je vois tant de statuts facebook, de tweets, de propos de comptoir, m’évoquer la laïcité qui serait ici affectée dans cette affaire. Quelle inculture ! Dieu sait que j’aime ma patrie ( comme quoi on a pas besoin d’être un réac pour parler de Dieu et de la patrie dans la même phrase) mais c’est bien mal connaitre la laïcité que de dire cela. Et cela m’inquiète quand je vois des gens très bien payés à soi-disant réfléchir agiter le concept.
Dans le cadre privé, la laïcité a toujours autorisé la liberté de culte. Dans ce cas de piscine marseillaise comme dans d’autres. Même si, encore une fois, leurs organisateurs ont autant ma sympathie qu’un supporter de l’ASSE en train de lire Minute.
Quand je prie chez moi, ne m’envoyez pas la police !
Ou alors, si on part comme cela, il faudrait m’envoyer la police la prochaine fois que chez moi, dans mon cadre privé, payant un loyer à une personne privée, je ferais une prière de reconnaissance un matin. Après avoir lu l’Epitre aux Ephèsiens. Mais est-ce qu’on sera alors encore en démocratie ? Cette démocratie que font mine de défendre ceux qui me balancent des histoires de soirées privées pendant mes prières ? Ou même, si la musique que je passe lors d’un anniversaire est pourrie, faut-il que tout le monde aie un avis pour m’interdire ou m’autoriser à écouter ce que je veux ?