J’ai perdu mon portefeuille. Il s’est séparé de moi, il a fui, s’est enfui, a couru peut-être vers d’autres mains, d’autres odeurs, d’autres horizons. Et puis contrairement à A Tribe Called Quest, je ne pense pas l’avoir laissé à El Segundo. J’ai donc perdu mon portefeuille. La rupture s’est faite à une heure mal déterminée, obscure, sombre et indéterminée. La dernière fois qu’il m’a servi c’était hier vers 13H45 pour l’appliquer contre une des bornes du métro Bellecour. Je venait de faire un repérage de cadeaux. Oui, je sortais d’un moment très Johnny, un moment où je voulais me donner envie d’avoir envie et deviner ce que mes proches avaient comme désir matériel, un désir forcément enveloppé dans un tissu contraignant et budgétaire.Il y avait en effet un côté un peu post-Copenhague dans ma démarche, quelque chose de consumériste à en faire pâlir une héroïne de l’agaçant Sex in The City. Se donner des envies…Remarquez bon j’avais, nous avons, vous avez, ils ont un bon prétexte pour ça:: on échange des cadeaux et on passe un moment ensemble. Alors oui trouver des idées de choses à donner, que leur prix soit modeste ou dispendieux genre salaire du secrétaire général de l’Elysée, c’est quand même plus sympa que de filer une orange à sa soeur en parlant de dépouillement avec le visage constipé d’un moraliste de supermarché. En plus une partie de ma famille lit ce blog et j’ai pas envie de me retrouver avec des agrumes au pied du sapin. J’aurais l’air con et je tâcherais encore mon pull avec du jus de mandarine, alors que le teinturier (ou dégraisseur en lyonnais) est en congés. Ah zut,j’ai toujours pas fait la chaine de blog sur le Noêl durable au fait. D’accord, l’essentiel n’est pas dans la profusion de cadeaux, surtout pour un chrétien, quel que soit sa confession, qu’il s’égare dans les douteux chemins parsemé de lave en fusion du papisme ou dans les vertes félicités du protestantisme réformé, c’est la naissance du Christ qui est à célébrer.Mais notons pour la page culture que celui-ci d’ailleurs n’est pas plus né un 25 décembre qu’un macaron au chocolat est un aliment diététique: on l’a collé en place d’une fête païenne très populaire où l’activité principale consistait à sacrifier des chèvres. Très marketing des le départ quoi. Mais pas bien grave, fallait bien qu’on célèbre sa naissance à Jésus et celle-ci me va très bien. Et puis sérieusement vous auriez envie vous de passer le 25 à égorger des cervidés au lieu de partager des cadeaux et la buche de noël ? Remercions le christianisme pour cette avancée! Revenons-en à mon portefeuille. Tout ce dont je me souvient, avant de me palper les poches en partant du bureau et en disant « oh zut j’ai paumé mon portefeuille! », c’est que, comme je l’ai déjà dit, j’avais bipé au portique du métro Bellecour, que juste avant j’en avait extrait un billet pour le mettre dans la marmite de l’armée du salut (utile œuvre d’inspiration protestante) et qu’avant j’avais acheté la bible satanique dans une librairie du 7e. Oui je sait la bible satanique ça fait très barjot pseudo torturé. Ou ado gothique. Et d’ailleurs pour l’instant c’est un peu à ça que ça ressemble, après quelques pages lues. J’aurais mieux fait de rester lire les textes de Monsieur Poireau. Mais ma curiosité en avait été piquée en regardant Californication, où l’ouvrage est évoqué par la fille de Hank Moody. J’ai des pulsions je vous jure! Et puis Californication c’est un vraiment une très bonne série.Bref voilà mes derniers instants avec lui. Je l’aimais bien mon portefeuille noir,un peu usé, acheté dans une boutique de maroquinerie du cours Gambetta, avec tout un fratras dedans en bordel et avec pour seule chose rangée en rang, mes différentes cartes de visites selon mes activités. Mais bon il a décidé de me quitter.Snif. Dommage. Ceci dit, pas de regrets, il était surement avec moi pour mon argent. […]
Lire la suite