«Le socialisme, c’est quand la liberté arrive chez les. pauvres».
Carlo Rosselli
Emoi dans le petit monde de la gauche :Bertrand Delanoë a prononcé le L word. En se disant socialiste ET libéral le Maire de Paris aurait franchi un rubicon et emprunté le sentier des renoncements.
Je ne sais pas encore si le camarade Bertrand aura mon suffrage pour le congrès qui vient mais sa démarche ne peut qu’attirer ma sympathie, même si par-delà les mots il devra en définir le contenu, au risque, à défaut, d’avoir prononcé une phrase sans lendemain qui laisserait des traces sans faire avancer aucunement le fond du débat.
Delanoë n’est certes pas le premier, loin de là, à mêler socialisme et libéralisme. Déjà il y a quelques années, dans une plus que recommandable anthologie, Monique Canto-Sperber avait tenu a rappeler la longue communauté de vie entre la gauche et la liberté.
Il s’agit par contre de s’entendre sur les mots et le contenu.
Le libéralisme chez la gauche ne veut pas forcément évoquer une forme édulcorée du socialisme, un capitalisme sauvage légèrement tempéré.Un Jean-Marie Bockel, qui se définissait dans ses proches temps au PS comme un « socialiste libéral » sous prétexte que ses orientations visaient à moins que les autres n’est pas, n’a jamais été, dans cette catégorie de ceux qui concilient les deux notions.Il n’est qu’à voir, simplement, ses positions en matière de sécurité, très étatistes ou encore son soutien aux tests-ADN pour les regroupements familiaux.
Le socialisme libéral n’est en effet pas une notion un peu à gauche avec une forte dose de droite.Le libéralisme conséquent, concret, réel est de gauche n’en déplaise à une partie de la droite qui utilise ce mot pour masquer un immobilisme social, une volonté de maintenir les inégalités sans les corriger et à une gauche mécaniste et étatiste, que le mot effraie, soit parce qu’elle a une vision trop omniprésente du rôle de l’Etat soit parce qu’elle se laisse piéger par une droite qui lui dicte SA définition du libéralisme.Les américains, les sud-africains et les égyptiens ne s’y trompent pas, qui font du mot « Liberal » celui de la définition de la gauche.
Car enfin qu’est-ce qu’une idée qui vise à rendre une égalité de destins quelque soit sa naissance ? Qu’est-ce qu’un principe qui vise à permettre à quelqu’un de vivre librement sa sexualité, ses choix de vie, lui permettre d’avoir la liberté de déterminer de la façon la plus large ses études et sa carrière ?
De même un véritable partisan de la liberté ne pourra être que favorable à un système d’éducation conséquent et accessible à tous, y compris dans les échelons supérieurs, de possibilité d’accéder à la création d’entreprise y compris pour les plus modestes, d’un accès démocratique à la culture.
Ces principes un social-démocrate les fait sien et un libéral conséquent c’est-à-dire qui n’instrumentalise pas la notion pour en faire la justification de la domination du fort sur le faible, se les attribuera également.
Alors toujours aussi gênant à prononcer le L word ?