Le mariage royal. J’ai réellement trouvé cela émouvant. J’ai pourtant beau être un républicain absolument convaincu.
Oh je ne parle pas des chevaux, de l’or et des tissus, je ne parle pas de Kate et de William, même si je suis ravi que le carton-pâte jauni de Charles et Diana prenne un coup de vieux.
J’ai même un peu regardé le passage du carrosse royal qui sortait de Westminster, ce lieu incroyable où se côtoie la cathédrale où l’on marie les rois et le parlement où s’expriment et débattent les élus du peuple de la chambre des communes. Contempler le mariage royal, c’était involontaire: le club de sport où je suais pendant la pause déjeuner avait mis la chose au programme sur ses écrans.
Si les mariés étaient superbes, ce que j’ai trouvé émouvant, c’était les britanniques. Par exemple dans mon Guardian d’hier (seul journal britannique à faire un peu de second degré sur l’événement dans son titre de une « Two people will marry today, with 2 billion people watching« ) il y avait la photo de Marjorie, Margaret et Vera, trois adorables grands-méres de Manchester qui descendaient en bus voir l’événement. Les dames étaient ravies et tout sourire avec leurs canotiers et leurs drapeaux aux couleurs britanniques. C’était juste émouvant de les voir ainsi, heureuses, pour aller vivre ce rassemblement.
Il y avait aussi ces gens du village de Kate, dans le Berkshire, qui trinquaient. E puis ces fêtes dans tout le pays. Le drapeau britannique de partout. Et ces familles affluant de tout le pays vers la capitale. Un moment de fête. Un temps heureux. Une communion nationale.
Oui. Une communion nationale.
Bien sûr, le glam, les carrosses, le courageux-prince-qui-sauve-des-gens en hélicoptère (le métier de William) et la superbe Kate étaient d’abord les héros et les attractions de la fête. Mais le personnage de fond était bien la nation britannique. Et, même si ils se sentaient moins concernés, la quinzaine de pays sur lequel règnent officiellement la famille royale. Une communion nationale, même si je l’imagine, un certain nombre de britanniques devaient aussi se moquer comme de leur première tartine de lemon curl de l’événement. Même si c’était d’abord le mariage de deux jeunes gens privilégiés. Comme le disait ma copine Virginie, pas celle qui habite à Londres et était partie à Budapest pendant le mariage royal, non je parle de la Virginie qui créé de la mode: « Roturière, roturière… elle était pas caissière à Primark non plus, la petite Kate ».
Mais alors que j’attaquais la fin de mon quart d’heure de vélo d’appartement avant de me dépenser sur le stepper, je continuais à avoir le nez levé vers l’un des écrans de la salle, à voir la foule long des avenues de Londres la sublime. J’ai décidément trouvé touchant ces gens qui venaient camper, les couleurs nationales plein les yeux, l’envie de célébrer leur britannitude. C’était, comme le disent Vallenain et Corto, très enviable. Au point d’ailleurs que Nicolas, jaloux de l’absence d’événement du genre, me mariait virtuellement dans un billet leste avec Trublyonne au risque de facher son compagnon, le tout en compagnie du capitaine, de monsieur poireau, margaux, Yann et quelques autres. Une farandole de blogueurs. Au point que Bembelly se faisait un carton d’invitation.
Même si je suis très heureux que nous vivions en République, on n’a plus tellement l’occasion en France de se rassembler. Nicolas Sarkozy a beau programmer les grossesses de sa femme pendant les présidentielles afin de faire des voix, jamais un chef d’Etat n’aura autant divisé le pays. La fête nationale est un bal, où de plus l’amusement est de plus en plus contrôlé. Même le football n’est pas un recours avec la bande d’abrutis antipathiques qui la composent et alors que les valeureux handballeurs n’intéressent pas assez. Au niveau européen, les égoïstes gouvernements nationaux font tout pour briser le rêve d’Union d’étoiles sur fond bleu. Reste Lyon heureusement. Et une envie de célébration, de beau, d’union, de communion. Heureuses Vera, Marjorie et Margaret.