Lyonnitude(s)

Bembelly m’a invité, avec Melclalex, emanu, jujusete, Cycee, Nicolas, Rumin, Fabien, Yann, Sylvie, iconoclaste, Juan, DomyDom, Gildan, Seb, 1raleur, Guy, Arnaud,  despasp, David, Cerise à plancher sur la question de l’Art.

Il nous demande « Pour vous, c’est quoi l’ART? Le délirium est ouvert… ».

Il y a question plus facile…

Je me rappelle lors d’une de mes années de fac qu’un professeur, assez funeste par ailleurs, avait  pris un bout de papier, l’avait chiffoné et jetter par terre en disant « L’art cela peut être ceci ». La définition appuyée du geste était fort juste.

L’art est action, qu’elle soit peinture ou performance, sculpture ou écriture, vidéo ou musique, visant à amener à la réflexion et/ou au sentiment. Même le ready-made, objet non transformé, dont le genre fut inauguré par le célèbre urinoir de Duchamp, est un agir. Présenter une matière, même non travaillée en tant que sujet d’art, sorti de son utilité, est en soit assemblage artistique.

L’erreur la plus fréquente dans le domaine est de considérer que l’art est forcément du domaine du beau. La confusion est fréquente chez une partie de la droite réactionnaire et chez son voisin d’extrême-droite. Il faudrait que l’artistique soit forcément esthétique. Quelle confusion,le radieux, le joli n’est qu’un des multiples possibles de l’art !

Qu’y a-t-il plus d’artistique dans une nature morte que dans une installation vidéo contemporaine qui présenterait un mur taggué ? Chacun jugera en fonction de ses envies, de son ressenti. Il n’est pas interdit de préférer Rembrandt à Tracey Emin, l’interversion des deux n’est pas non plus vulgaire.

Il esten effet frappant d’entendre le nombre de beaux esprits s’écrier « ce n’est pas de l’art » dès lors qu’une oeuvre est dérangeante, telle ces installations à base de cadavres humains installés il y a quelques années à la Sucriére ou ce Piss Christ dont on parle tant. Comme si l’écoeurement, le dérangement, la remise en question, la limite n’étaient définitivement pas dans le champ du domaine artistique, comme si il fallait définitivement figer l’expression de la souffrance sous la forme du radeau de la méduse de Géricault ! 

L’appréciation est, comme son nom l’indique, fortement subjective. Oh la belle lapalissade.

C’est dans cette subjectivité que pour ma part m’ennuie davantage les oeuvres à vocation presque purement commerciale que l’on voit parfois fleurir dans les expositions et les musées. Si la séduction est actions et sentiments, le coeur même donc du monde artisite , séduire pour séduire dans un simple objectif mercantile, celui d’être bien côté, est ce que la prostitution est à une ronde galante bien menée. On est plus là dans l’artistique mais dans le bibelot. C’est peut-être la seule limite, subjective, que je mettrais à l’art. Celui qui, à force de vouloir parler à nos porte-feuilles ne dit plus rien à nos âmes.