Lyonnitude(s) : 5 mesures du plan de rigueur de M.Fillon à la loupe

En attendant une véritable réforme du système bancaire international et des échanges, annoncée maintes et maintes fois notamment par Nicolas Sarkozy mais restée pour l’instant sans effets ensuite, difficile en ces temps de faire autrement que très attention aux comptes de l’Etat. Créant plus de 30 nouveaux impôts, le gouvernement de Messieurs Sarkozy et Fillon ont reussi tout de même à faire plonger la dette de la France à un niveau alarmant jamais atteint. Un exploit …

C’était donc à un exercice difficile que se livrait le chef du gouvernement ce matin en annonçant des mesures de rigueur.Il y eu ainsi du bon et du moins bon. Surtout du moins bon. Et des réformes indispensables manquent à l’appel. Et c’est une nouvelle fois surtout un bouquet de mesures confuses qui sont proposées. Qui péseront entre 80 et 86 % sur les seuls ménages.

Deux mesures intéressantes:

Majoration temporaire de 5% de l’impôt sur les sociétés pour les grandes entreprises (chiffre d’affaires supérieur à 250 millions d’euros). Temporaire, cette mesure, si elle ne compense pas les cadeaux faits ces dernières années, donne aussi un effort à faire aux grosses structures. Attention toutefois, ne ne réformant pas la fiscalité en profondeur, le gouvernement laisse volontairement des entreprises comme Total en dehors du coup. Intéressant mais pas équitable…

Relèvement du prélèvement libératoire forfaitaire de 19 à 24% pour réduire l’écart de taxation entre les revenus du travail et du capital. Le prélèvement forfaitaire libératoire (PFL) permet à un contribuable de s’acquitter de l’impôt dû sur les revenus qu’il retire de placements bancaire (bons du Trésor, intérêts d’assurance-vie…). Depuis le 1er janvier 2001, le taux est actuellement de 19% sur la plupart de ces produits.

La mesure symbolique

Gel du salaire des membres du gouvernement et du président de la République «jusqu’au retour à l’équilibre strict des finances publiques». François Fillon a par ailleurs appelé «les responsables politiques et les dirigeants des grandes entreprises, en particulier des entreprises du Cac 40, à faire exactement la même chose». A l’automne 2007, la hausse de 170% (de 7.000 à 19.000 euros) de la rémunération de Nicolas Sarkozy avait entraîné une polémique. Symbolique certes mais pas très utile sur le plan réel. Et encore moins l’appel aux dirigeants du Cac 40. Juste un symbole de communication pour cacher la forêt.

Des mesures injustes et dangereuses

Gel à 1% de la revalorisation des prestations sociales   a précisé le Premier ministre. Même si la chose ne touchera pas par exemple le minimum vieillesse, c’est comme d’habitude les classes populaires et moyennes qui sont victimes de la crise et des politiques de rigueur. De quoi augmenter encore le nombre de surendettés et de familles en condition précaire.

Relèvement du taux de TVA de 5,5% à un taux intermédiaire de 7% sur tous les produits et les services de l’alimentation.Cette mesure va notamment concerner le taux réduit dans la restauration, qui avait été ramené de 19,6 à 5,5% le 1er juillet 2009. Outre le fait que les restaurateurs vont finir par en avoir marre des yoyos fiscaux du gouvernement, c’est à la consommation, déjà en berne, que s’en prennent messieurs Sarkozy et Fillon.Pire: en baissant puis remontant la TVA, le risque est grand que le gouvernement aie en fait englouti des milliards pour obtenir in fine une hausse de l’addition au restaurants. Certains établissements, qui n’avaient pas répercuté la baisse sur leur carte pourraient argumenter de ce nouveau taux de TVA pour saler l’addition. Le gouvernement aura ainsi fait perdre les français sur les deux tableaux.

De quoi nous enfoncer dans la crise davantage…et faire sentir l’urgence d’une alternative.Comme le disait François Hollande ce matin dans Libération, un François Hollande qui s’exprimera au journal de France 2 ce soir, une véritable réforme pour combattre vraiment la dette c’est remettre en cause les niches fiscales par un coup de rabot général, c’est-à-dire par un abaissement du plafonnement global, l’annulation de  l’allégement de l’ISF et de l’exonération de cotisations sociales sur les heures supplémentaires qui jouent contre l’emploi. Il aurait fallu aller bien plus vite porter l’action au niveau européen il y a un an et demi en faisant davantage participer les banques et en instituant rapidement le fond de stabilité financière. La dette avait reculé sous la gauche…