Lyonnitude(s) : Carrefour la Part-Dieu : la mort ne suffit pas pour changer

 Carrefour Part-Dieu hier vers 18h. Avant de me rendre vers la soirée de la copine qui m’a invité, je vais acquérir une quelconque substance interdite par le hezbollah dans les rayons du supermarché et aussi des trucs pas conseillés pour mon poids à manger. Pas pu repasser par mon quartier avant, pas prévu de quoi faire à l’avance, bref le plus près de la fête qui m’est proposée pour s’approvisionner c’est là.

Arrivé à l’entrée je vois une file de chariots et de vigiles devant les portes et répondre avec rudesse à ceux qui veulent entrer faire les courses de dernière minute, la bouteille improvisée, de quoi beurrer les sandwichs supplémentaires d’éventuels invités impromptus.Il est vrai que depuis quelques jours, j’avais oublié, et tant pis pour moi et les autres imprévoyants, la fermeture plus tôt qu’à l’accoutumée, pour permettre aux travailleurs de Carrefour de pouvoir préparer tranquillement le changement de décennie avec leur proches, avait été annoncée.

Seulement ces jours-ci, quatre vigiles du même Carrefour sont tombés sur le rable d’un SDF, un être humain dénommé Michael Blaise. Et l’ont battu à mort dans un local à l’abri des regards. Pour avoir volé un pack de bière…pour quelques euros de marchandise, une vie, la mort à 25 ans pour une poussière de poussière des bénéfices de la boite.

Et le meurtre a été couvert par un autre laquais, plus important, mieux payé, puisqu’avant que la justice enquête, le responsable du magasin a nié les faits,couvrant les coups, la violence, le meurtre. Les bénéfices de Carrefour n’ont pas de prix, même pas celui du sang. Ou peut-être dire qu’il ne s’est rien  passé est-il le terme pour parler de violences sur un homme. Peut-être est-ce pour ça que Carrefour donne des cours de langue à ses employés ?

Même quand on est mal payé par des boites qui pourtant sont largement bénéficiaires, même quand on est précaire pour faire un boulot difficile que nombre copains à moi sont obligés de faire: vigile de supermarché. Même si le droit de propriété est un droit majeur, même si le vol est évidemment un délit,  en termes marxistes, justes pour cette fois, le vigile est un  prolétaire sous-payé pour choper le lumpenprolétaire qui menace, même maigrement, les bénéfices du capitaliste.

Il y a une tension devant le magasin qui ferme. Les vigiles sont trop nerveux. Les gens autour aussi. Je vais pour prendre une photo du moment, celle ci-dessus. Raté, je trouve que l’ambiance ne rend pas. Je m’apprête à en rendre une et je sens une main s’abattre sur mon épaule. « on ne prend pas de photos ». Un géant uniformé essaie de saisir mon téléphone.

Je proteste, j’en suis presque moi qui ne le fait jamais par principe à sortir ma carte frappée de bleu blanc rouge d’élu de la république. Mais non je trouve ça trop facile de m’en sortir comme ça. Le type essaie ensuite de m’entrainer je ne sais où, peut-être dans le même bureau où ses collègue se sont « occupé » sinistrement de Michael Blaise. Pas de photos…Là je m’énerve, j’interpelle un chef d’équipe, dans cette atmosphère de tension qui demande finalement au vigile de ne pas m’emmener, de me relâcher. Visiblement un mort ne suffit pas à Carrefour Part-Dieu pour changer les méthodes de ces vigiles. La paix soit sur toi Michael et que justice te soit rendue.